jeudi 21 avril 2016

Ma glandouille

14°27.965N 60°51.925W
Marina du Marin, Martinique

Salut à vous amis lecteurs ! Après un mois sans nouvelles, je suis sûr que vous vous dites que ça-y-est, maintenant que je suis au ponton je n'ai plus une minute à moi pour prendre le temps de coucher quelques mots sur le clavier, ou de prendre quelques photos, et de vous tenir au courant de mes tribulations. Ou alors que je suis en train de déprimer comme ce n'est pas permis. Ou bien que je me suis enfin plongé à corps perdu dans l'écriture et que je suis sur le point de vous pondre le roman du siècle.
Bon, on va dire que c'est un peu un mélange de tout ça. Sauf pour le roman du siècle qui reste pour l'instant au point mort.

C'est ma rue !
Depuis un mois je me laisse un peu vivre il faut le dire. J'émaille ici ou là ma glandouille de quelques activités productives mais qui sont plutôt des fulgurances dues à quelques coups de bol aussi inattendus que bienvenus. En quelques mots clairs, j'ai enfin changé l’embase de mon hors-bord qui me faisait des misères depuis presque deux ans. Oui je sais, il était temps. Ensuite j'ai fait l’acquisition d'une paire de winches de la mort qui tue. Là encore il s'agit d'un coup de bol inouï puisque je suis tombé sur deux Lewmar 46 ST que j'ai pu acquérir pour une bouchée de pain (Merci Calypso et Adrien !). Bon d'accord, je vais en avoir plus cher à les installer que le prix qu'ils m'ont coûté, mais l'un d'en l'autre je m'en sors très bien. Quoi d'autre ? Ah oui ! Mon dinghy a son nom dessus conformément à la réglementation en vigueur !

Du coup, pour l'incognito c'est raté...
Sinon ? Et bien sinon... rien. J'ai adopté une routine qui sied à l’attentisme qui est le mien depuis mon arrivée en Martinique. Sans pour autant croire en la Divine Providence, lorsque je me trouve face à un problème, pas un gros problème qui demande de réagir dans l'urgence, mais plutôt un truc existentiel, j'ai tendance à faire l'ours. J'entre en hibernation et j'attends que ça passe. Et avec un peu de bol, la solution de mes problèmes m’apparaîtra en rêve ! Ou bien, et ça c'est plus sûr, au hasard d'une discussion avec un visage ami, je démêle la pelote de laine que j'ai à la place du cerveau, et ma route devient alors plus claire. Jusqu'à présent, ça a toujours fonctionné, alors ne désespérons pas.
Cela dit, il faut quand même que je vous avoue avoir eu, et avoir encore, quelques moments compliqués. Des souvenirs qui remontent à la surface au moment où je m'y attend le moins. Des bouffées d'angoisses qui me saisissent les poumons à des moments incongrus. Des envies furieuses de dormir. De pleurer aussi... Oui, je connais les symptômes, alors il n'est pas nécessaire de me dire que je suis en train de déprimer ! Je le sais ! Merde à la fin ! (Ah oui, j'oubliais les poussées de colère, j'en ai aussi).
Mais bon... Généralement cela ne dure qu'un instant et se répare avec un bon repas bien lourd et une sieste toute aussi lourde.

Je sais, il est mal posé... Mais c'est pour la Photo !
Je me dis que c'est le printemps qui veut ça. Cette année, la période mars/avril, le combo maléfique des anniversaires (Zoë/moi/le voyage)... j'ai eu un peu plus de mal à l'encaisser que d'habitude. Et puis je me suis rendu compte que « trouver un emploi » s’avérera sans doute bien plus compliqué que je ne le pensais. Au départ, j'avoue que je me figurais qu'avec ce que j'ai vécu ces dernières années, mon expérience, tout ça, je disposais de compétences multiples facilement « monnayables » ou du moins intéressantes. Ben voyons ! Doux rêveur que j'étais ! C'était sans prendre en compte le fait que le Marin grouille littéralement de gens qui ont eu la même idée que moi ! Et ces gens sont eux aussi polyglottes, connaissent les bateaux, ont parcouru le monde pendant des années... et ont moins de trente ans. Les filles ont les jambes fines et des tatouages et les mecs portent la barbe. (Sérieux, le look hypster ça commence à me sortir par les yeux mais d'une force !)
Bref, la concurrence est là. Ces jeunes savent tout faire et contrairement à moi ils sont prêts à le faire dans des conditions qui à moi me semblent inacceptables. Cela-dit, après dix ans sans travailler, je me demande si la notion même de travail ne me paraît pas inacceptable... Du coup, forcément, les dés sont un peu pipés en ce qui me concerne.

Quand je pense qu'il y en a qui sont au mouillage...
Bon voilà, vous savez tout. Ou presque. Il ne s'agirait pas que je vous plombe votre weekend avec les errances psychologiques d'un quinqua sous les tropiques, hein ? La plupart d'entre vous ne viennent pas pour ça, je le sais, et d'ailleurs je culpabilise un peu de ne pas vous envoyer plus de rayons de soleil. Mais bon, que voulez-vous, c'est comme ça. Ah oui, une dernière chose : Pour ce qui est de la saison cyclonique, sachez que ma destination se précise de plus en plus, et ce sera sans doute... Attention, roulement de tambour... Le Venezuela !
Et ne commencez pas à hurler que je suis malade de vouloir me rendre dans ce pays de sauvage, je sais ce que je fais. Et puis nous aurons le temps d'en reparler puisque ce ne sera qu'à partir de juin.

A bientôt les gens, et promis, je vais essayer de trouver les mots pour vous raconter des trucs avant le mois prochain.