vendredi 31 mai 2013

New look !

34°26.602S 58°31.795W
Buenos Aires, Argentine

Voilà bientôt trois mois que je squatte le Club de Veleros de Barlovento avec comme but principal de remettre La Boiteuse en état, et un mois et demi que Zoë est partie. Et depuis son départ je dois bien vous avouer que je me suis un peu laisser aller à la glandouille. Et quand je dis glandouille, je parle bien de l'inaction la plus complète. Manger, dormir, regarder des films... Une vraie vie d'amibe dépressive et complètement improductive. Bref, c'est pas la grande forme.
Zoë était mon moteur. C'était elle qui faisait la liste de ce que nous avions à faire. C'était elle qui tenait les comptes. C'était elle qui me poussait, avec gentillesse et douceur, lorsque ma paresse naturelle prenait le pas sur notre quotidien... Bref, son départ m'a autant brisé le cœur que coupé l'envie de me bouger le cul.
Bon, dans l'absolu vous allez me dire que je n'ai pas forcément besoin d'une belle américaine pour me motiver... J'y arrivais avant elle et j'y arriverai très certainement de nouveau après elle. De même, glander n'est pas forcément un crime en soit (C'est même un sacerdoce en ce qui me concerne)... Mais le fait est que là, c'est différent. J'ai l'impression que ma solitude me pèse encore plus maintenant que j'ai connu la vie à deux sur un bateau. Aussi compliquée que cette vie est pu être d'ailleurs...
Bon allez, j'arrête d'étaler mon spleen devant vous et je vais en venir à ce qui m'amène réellement, à savoir les bonnes nouvelles. Car il y en a.

La première bonne nouvelle est que La Boiteuse dispose désormais d'une nouvelle Grand-Voile. Après plus de 8000 milles de parcourus, plusieurs coups de vent et pas mal de conneries de ma part, ma pauvre GV ne ressemblait plus à rien. C'est donc avec enthousiasme que je me suis adressé à une voilerie locale pour m'en faire fabriquer une autre. Peut-être les plus néophytes d'entre vous ne le savent-ils pas, mais en ce qui concerne la voile, les voiles devrais-je dire, le prêt-à-porter cela n'existe pas. Chaque bateau est différent et réclame donc une attention particulière en fonction de ses dimensions mais aussi en fonction des désirs et de la bourse du Capitaine. Et pour La Boiteuse, même si on n'est pas encore dans de la haute-couture (genre carbone et compagnie), on est déjà dans le domaine du sur-mesure.

Après tous ces milles parcourus, je savais de quoi j'avais besoin. Question dimensions, celle que j'avais me convenait, je n'ai donc rien changé à ça, et la nouvelle GV a exactement la même forme et la même surface que la précédente : 19,58 m2.
Par contre je tenais a quelques modifications qui pour moi me paraissaient importantes. Tout d'abord, je la voulais plus épaisse et plus rigide. J'ai donc choisi le grammage de Dacron® le plus épais disponible ici, du 8,3 oz/Sq Yd. Soit du 282 g/m2 (ça c'est pour les pros). De même j'ai choisi une voile semi-lattée. Quatre lattes dont la dernière est entière ce qui me permettra d'avoir une véritable tôle à bas ris.
Les ris justement, je voulais en changer la hauteur et en faciliter la prise... Auparavant, lorsque je quittais un port je prenais systématiquement un ris par précaution. Mais celui-ci étant très bas, cela ne faisait pas de grande différence avec la voile entièrement hissée. De même, lorsque le vent forcissait et m'obligeait à prendre mon deuxième ris, je me retrouvais avec une surface un peu trop importante à mon goût...
J'ai donc demandé à ce que les ris soient décalés vers le haut, et écartés, de façon à ce que lorsque je prends le premier, je sente une réelle différence. Et que lorsque je prends le second il ne me reste plus que quelques mètres carrés.
Clairement, au début j'ai douté de ma décision... Et puis, en interrogeant mon entourage je me suis rendu compte que j'avais fais un choix extrêmement intelligent. Oui, je me fais un compliment parce que là, pour le coup c'est vrai. Avec cette nouvelle disposition, La Boiteuse va devenir à la fois plus rapide, et plus sécurisante.

La nouvelle Grand-voile
Je m'explique : La plupart du temps je navigue avec mes deux ris pris. A la fois parce que je suis un gros flemmard et que je n'aime pas aller me balader sur le pont pour réduire la voilure en urgence quand ça commence à bastonner, et aussi parce que l'un dans l'autre c'est quand même la voile d'avant qui fait le plus gros du boulot. En fait, j'aime naviguer à la cool, et tant que j'arrive à faire mes 100 milles par jour, je suis content.
Avec cette nouvelle disposition, je vais avoir tendance à moins réduire ma voilure pour rien, donc aller plus vite. Un ris au départ juste pour prévenir les mauvaises surprises, et que j'enlèverais en cas de pétole. Et un deuxième en cas de baston. C'est tout. La navigation se fera donc sous une voilure moyenne, qui sera de toute façon supérieure à celle que j'avais avant.
Et le côté sécurisant, c'est qu'une fois tous mes ris pris, je vais me retrouver avec une voilure inférieure à celle que j'avais auparavant. C'est bon, vous avez compris ? Bien !

Lorsque le charmant monsieur de chez Hood est venu me la livrer, et que nous l'avons hissé, j'étais fier de ma nouvelle voile. Non pas pour moi, mais pour mon bateau. La Boiteuse allait avoir enfin une GV digne d'elle. Une GV plus performante et plus solide. Il ne restait plus alors qu'à trouver un écrin pour ce nouveau bijou, et c'est là que nous abordons la deuxième bonne nouvelle.

Beurk !
Je ne sais pas si vous vous rappelez à quoi ressemblait La Boiteuse lorsque je l'ai acheté... Elle était verte. Un vert triste à mourir, à la limite de la gerbe. C'est pour ça que lors de ma longue escale marocaine, j'ai entrepris de la peindre en blanc avec un seyant liseré rouge.
Mais même si à l'époque je trouvais déjà ma Boiteuse bien plus belle, elle ne correspondait pas encore tout à fait à l'image que j'avais en tête... Il lui manquait la touche finale. Le petit plus qui lui donnerait une silhouette immédiatement identifiable. Qui ferait d'elle un objet unique !
Il m'aura fallut attendre d'être en Argentine pour lui apporter cette touche finale...

Tadaaaa !!!
Visez moi un peu ça ! N'est elle pas magnifique avec son nouveau lazy bag et sa nouvelle capote ? Rrrrr.... Pour un peu, je me mettrais à bander rien qu'en la regardant !

Bon, je sais que l'esthétique est une valeur qui peut sembler futile. L'important réside dans les qualités intrinsèques et non pas dans l'aspect extérieur, c'est ce que j'essaye de me répète le plus souvent possible. Mais quand même... Vous avouerez qu'à qualité égales, un bateau qui a de la gueule, c'est quand même mieux qu'un bateau qui n'en n'a pas. Et le fait est... La Boiteuse a de la gueule.

J'imagine que la question financière peut intéresser certains d'entre vous et que vous vous demandez combien il m'en a coûté pour tout ça. Pour la Grand-voile, elle m'est revenue à exactement à 7838 AR$. Et pour l'ensemble lazy bag-capote-portière : 7300 AR$. Soit respectivement (et au change officiel bien sûr), 1143 Euros et 1060 Euros.

Voilà donc les dernières (bonnes) nouvelles. J'ajouterais, histoire d'en finir avec cet article un peu long, que dès la semaine prochaine on attaque la réparation du mât. Ensuite, il faudra sortir le bateau et s'occuper de la coque... Et quand tout cela sera fait, je pourrais enfin reprendre la mer. Mais nous n'y sommes pas encore, et d'autres éventements se profilent à l'horizon qui vont me faire, je pense, prolonger mon séjour en Argentine.
On aura l'occasion d'en reparler !

Ça fait tout drôle un tissu neuf...

Merde ! J'ai oublié de faire faire la couverture des panneaux solaires !

Heu... Sur celle-là, tu évites de faire du trampoline ! Merci.

vendredi 24 mai 2013

Touline superstar !

34°26.602S 58°31.795W
Buenos Aires, Argentine

En tant que blogueur, il est évident que tapis tout au fond de moi réside un écrivain en devenir qui ne rêve que de célébrité, de jeunes groupies peu farouches, et d'un paquet de pognon. C'est comme ça, je suis comme tout le monde, j'ai besoin de reconnaissance.
Bon, pour être franc mon roman en est toujours au stade d'ébauche. Les jeunes groupies peu farouches sont peut-être passées à bord, mais je devais dormir parce que je n'en n'ai aucun souvenir. Et je n'ai jamais rien gagné avec mes écrits. Par contre, et même si ça me gêne un peu d'écrire ça, je commence à avoir ma petite réputation... Je passe de temps en temps à la radio dans l'émission Allo la Planète, Anne Bergogne et Hughes Bigo m'ont cité respectivement sur les sites du Figaro et de Voiles et Voiliers... Bref, mon estime de moi-même, ou mon narcissisme comme vous voulez, a de quoi être satisfait !

Sauf que, et c'est là que je commence à rigoler jaune, la plupart du temps toutes ces gentillesses ne me sont pas accordées eu égard à mes qualités littéraires ni à ma vision idéaliste du monde, mais bel et bien grâce à une boule de poil ramassée un beau jour sur les quais d'Agadir ! Et oui, je suis persuadé d'être plus connu maintenant comme le Papa de Touline que comme un individu à part entière !
Non, n'y voyez là aucune espèce d'aigreur. Juste un poil d'ironie. Car comment ne pas trouver ironique le fait que mon premier interview dans un journal (un vrai journal papier, un truc qui se feuillette avec les doigts !) ne traite pas de ma petite personne (tant pis pour mon égocentrisme), mais de Touline !
En effet, il y a quelques semaines, j'ai eu le plaisir d'être interviewé par Eric Fournet et le magazine Chats & Chatons (n°4, juin 2013, disponible chez votre marchand de journaux préféré). Deux doubles pages rien que pour nous, avec pleins de photos et de choses gentilles !

En voici la transcription, pour ceux qui ne pourraient pas le trouver en kiosque.

1/ En quelques mots, vous pouvez-nous expliquer la genèse de cet incroyable voyage à bord de La Boiteuse ? 

La genèse... On pourrait remonter loin, jusqu'à mon enfance je pense. Qui n'a pas rêvé un jour de parcourir le monde en lisant Jules Verne, Jack London ou Henry de Monfreid ? Tout le monde l'a fait... Mais hélas, la vie fait que bien peu franchissent le pas et le font vraiment. Lorsqu'en mars 2010 j'ai eu l'opportunité de changer de vie, j'ai bien réfléchi à tout ça et je me suis dit que je préférais tenter l'aventure plutôt que de vivre avec des regrets. Alors j'ai franchis le pas ; Six mois plus tard j'achetais La Boiteuse, et six mois encore plus tard je prenais la mer au départ de Nice. Cela fait maintenant deux ans que j'ai quitté la France et un an et demi que je navigue avec ma chatte Touline.

 2/ Embarquer un chat avec vous, c’était prévu d’avance ou cela s’est-il produit de façon fortuite ? 

Deux ans avant mon départ, j'ai perdu ma chatte Gaëlle. Elle avait 19 ans, et autant dire que j'ai passé pratiquement toute ma vie d'adulte avec elle. Lorsque je suis parti, je n'avais pas encore eu le cœur de lui trouver une remplaçante... Et j'avais lu quelque part que la présence d'un animal à bord compliquait sérieusement le passage des frontières. Donc non, quand je suis parti, il n'était pas question pour moi d'avoir un chat à bord. Et puis lorsque je suis arrivé au Maroc, j'ai craqué. Il y avait des chats partout ! J'ai alors demandé à une amie de m'aider, et deux jours plus tard elle me ramenait cette petite boule de poil couverte de puces et de teigne !

3/ Qu’apporte la présence d’un chat sur un navire ?

Pas mal de soucis ! Mais aussi, heureusement, de grandes joies. Une présence réconfortante, une certaine forme de chaleur. C'est aussi un excellent passeport pour faire des rencontres. Mais ça je crois que c'est plus dû à la personnalité de Touline. C'est une chatte très sociable qui apprécie les humains plus que ses propres congénères. Mais surtout, et je crois que c'est le propre de tous les propriétaires de chats, on a l'impression de compter pour quelqu'un sans pour autant que cela vire à l'adoration inconditionnelle. C'est sans doute parce que les chats avec leur comportement relativement indépendant, nous ressemble plus. Et puis, c'est important, grâce à elle je n'ai pas un seul cafard à bord ! Elle est plus efficace que le plus puissant des insecticides !

4/ Ces animaux ont beau avoir été depuis toujours des compagnons des navigateurs, tous les chats peuvent-ils s’habituer à la vie à bord ?

Non pas tous. D'après mon expérience, seuls les chats qui ont été habitués très jeunes à vivre sur un bateau ont la gentillesse de vouloir y rester. Le souci est que lorsqu'ils sont jeunes et contrains de rester dans un espace restreint, ils font également pas mal de dégâts... C'est pas très grand finalement un bateau de 11 mètres. Je m'arrange toujours pour qu'elle puisse descendre à terre se défouler, grimper aux arbres, chasser... Du coup, lorsque nous sommes en escale elle ne rentre au bateau que pour manger et dormir. Une vraie adolescente !



5/ Touline a-t-elle eu parfois le mal de mer ? 

Je crois que le mal de mer est quelque chose qui frappe tous les animaux, pourvu qu'ils aient des yeux et des oreilles... Et Touline n'échappe pas à la règle. Généralement nous sommes patraques elle et moi, les premières vingt-quatre heures en mer. Et puis c'est comme tout, ça passe. Chez elle ça se traduit surtout par une sorte d'apathie et par un refus de s'alimenter (comme les humains finalement).

 6/ Quelles précautions prenez-vous pour qu’elle ne vous cause pas de problème dans la navigation et lors des manœuvres de bord ? 

 Il n'y a rien de plus excitant pour un chat qu'une écoute qui file ! Aussi, lorsque j'ai besoin de me concentrer pleinement sur une manœuvre, je l'enferme à l'intérieur du bateau. La nuit également. Du coup, c'est moi qui me retrouve enfermé à l'extérieur, ce qui devient un peu compliqué lorsqu'il fait froid ou lorsqu'il pleut ! Sinon, je l'ai habitué à porter un harnais pendant les navigations, avec un boute de quatre mètres. Cela lui permet de se balader dans le cockpit et de pouvoir rentrer se mettre à l'abri dans la cabine.

7/ « Un chat à la mer ! », cela vous est arrivé ? Grosse frayeur ? Comment avez-vous réussi à la récupérer ? 

Très grosse frayeur ! Ça c'est passé au milieu de l'Atlantique, très tôt le matin alors qu'il faisait encore nuit. Elle est tombée à l'eau en voulant grimper sur le panneau solaire... Lorsque je me suis aperçu de sa disparition, j'ai fais demi-tour mais c'était sans grand espoir de la retrouver. Au bout d'une vingtaine de minutes j'ai enfin pu la repérer grâce à ses yeux qui brillaient dans le noir ! Si c'était arrivé pendant la journée, je ne l'aurais jamais retrouvé. Nous avons eu énormément de chance... (Pour lire l'article en entier, cliquez ICI )



 8/ Côté nourriture, comment la nourrissez-vous ? Au fait, il y a une litière embarquée ? 

Sa nourriture de base ce sont les croquettes, parce que c'est léger, que ça se conserve et que ça ne tient pas beaucoup de place. Mais lorsque nous sommes en escale, je lui donne aussi du poisson que je pêche exprès pour elle avec une nasse. Il faut bien sûr qu'il soit vivant, sinon c'est pas marrant. Bien sûr, elle a sa litière et s'en sert tout le temps même en navigation (ce qui est rigolo à voir lorsque le bateau roule!).

 9/ Vous avez deux/trois anecdotes surprenantes à son propos lors de votre voyage ? 

Touline est un peu cleptomane et elle a une une passion pour le plastique. Elle me ramène souvent des morceaux de tuyau, des bouts d'éponges, des rouleaux de fil... Elle débarque dans le carré en roucoulant, toute fière d'elle, et les dépose à mes pieds. Et il faut que je la félicite bien sûr ! Une fois elle m'a ramené un ourson en peluche, et une autre fois un câble de chargeur de téléphone... J'ai dû aller frapper à tous les bateaux au port pour en retrouver les propriétaires, et m'excuser ! Sinon, Touline est une super ambassadrice. Lorsque je débarque dans une nouvelle marina, elle saute immédiatement sur les bateaux voisins pour en explorer les moindre recoins. Extérieur et intérieur ! La plupart des gens sont tellement sidérés qu'ils la laisse faire. Pour rigoler, je leur dis qu'en fait ma chatte travaille pour la douane ! Il n'empêche, c'est idéal pour briser la glace et se faire des amis. Dernièrement, elle est entré dans un bateau ou dormait un bébé... Et elle s'est allongé auprès de lui en ronronnant. Les parents étaient stupéfiés ! Mais sauter ainsi de bateau en bateau ne se fait pas sans risque. On en est à 32 bains forcés depuis sa naissance ! Heureusement pour elle, elle nage très bien et j'ai disposé des filets le long de la coque pour lui permettre de remonter à bord.

10/ Ce voyage serait-il le même sans sa présence ? 

 Clairement, non. Je me suis souvent posé la question, et si jamais elle venait à me quitter, je sais que je ne tarderai pas à lui trouver une remplaçante. Cela ne diminue en rien mon amour pour elle de dire ça, mais je sais que je ne pourrais pas vivre sans chat à mes côtés. C'est définitivement le compagnon idéal pour un marin.

11/ Quelles sont pour vous les prochaines étapes ? 

Pour l'instant nous sommes à Buenos Aires, en Argentine, et dans un mois nous remonterons vers le Brésil. Puis ce sera les Caraïbes, où nous resterons le temps qu'il faudra... avant de passer le canal de Panama et attaquer l'océan Pacifique. Je n'ai pas de plan précis, ce sont les rencontres et les conditions météo qui guident ma route.

Un grand merci à Eric Fournet pour son attention.

mardi 14 mai 2013

Un matin en automne

34°26.602S 58°31.795W
Buenos Aires, Argentine

Ce matin, sur le chemin de mes ablutions, la beauté de cette journée commençante m'a saisi. La rosée sur l'herbe, l'or vieilli des feuilles, le soleil bas sur l'horizon... Tout ça m'a fait renouer avec mon regard photographique.


Petit matin sur le Rio Lujan

Quand le soleil...

... joue à cache-cache derrière les arbres.

Feuilles presque mortes...

... et rayon éblouissant.

samedi 11 mai 2013

Quelques réponses

34°26.602S 58°31.795W
Buenos Aires, Argentine

Aujourd'hui je voulais partager avec vous les réponses à un questionnaire que j'ai reçu il y a quelque temps de la part d'une étudiante prénommée Calypso. Ces questions portent sur le rapport que le navigateur solitaire entretient avec le temps. Comment on l'occupe, comment on le perçoit, comment on le vit...
Malheureusement, un incompréhensible bug a fait que j'ai perdu son adresse mail, et que je me trouve dans l'impossibilité de lui envoyer ce texte ! Donc, la publication de ce jour a deux fonctions : a) Lui faire parvenir mes réponses en espérant qu'elle continue à lire ce blog. b) Vous en faire profiter.

1) Pourriez vous me faire une description de votre quotidien sur le bateau: Quelles sont vos routines ? Vos rituels ? Vos gestes essentiels ?
 
Je n'ai pas vraiment de rituels, mais plutôt des routines. J'ai tendance à penser que les rituels sont l'expression d'une superstition inutile. Les routines par contre permettent d'avoir des ancrages, des repères, qui me stabilisent dans le temps et dans l'espace. En mer, seule la course du soleil rythme ma vie, mais elle seule ne suffit pas à dire : Je suis ici, là et maintenant.

Généralement je me réveille plus ou moins en même temps que le soleil puis, après avoir pris un café, je fais le point. Je regarde qu'elle est ma position, la route parcourue pendant la nuit, et si il y a lieu de changer quelque chose dans le réglage des voiles ou du régulateur d'allure. C'est généralement le cas. Ensuite, je jette un œil sur le pont pour vérifier si les voiles sont en bon état, si tout est encore correctement attaché... Bref, je vérifie que tout est en ordre apparent. Ensuite, je lis ou j'écoute de la musique. A midi je prépare un déjeuner plus ou moins élaboré, selon l'état de la mer. L'après-midi se déroule comme la matinée, jusqu'au soir. Ensuite cela dépend si la côte est proche ou non. Si elle l'est, je vais dormir par tranches de 40 à 60 minutes et à chaque réveil je vérifie ma position et si l'horizon est vierge de tout danger. En plein océan atlantique, à mille milles de tout, je faisais quasiment des nuits complètes, du coucher au lever du soleil. Soit sous ces latitudes presque dix heures de sommeil !
Concernant les gestes essentiels, je dirais que ce dont je ne peux pas me passer c'est de regarder mes instruments pour savoir où je suis, dans quelle direction je vais, et à quelle vitesse. En pleine mer, ce sont les seuls vrais repères que l'on ait.

2) Quel est le rythme de vos journées ? En quoi est-il différent du rythme à terre?

Mon rythme de vie en mer est radicalement différent de celui que j'ai habituellement lorsque je suis en escale. C'est un rythme lié aux éléments, l'eau et le vent... L'état de la mer, le sens des vagues, leurs périodes, leur hauteur, sont autant de paramètres que j'intègre dans mon quotidien. De même que le vent, sa force et sa direction. Lorsque je suis en escale je n'ai plus à me soucier d'eux. Enfin, la plupart du temps. Si je devais choisir une image pour expliquer cette différence, c'est qu'en escale je ne me soucie de la météo que pour savoir s'il va faire soleil ou pleuvoir. A terre, je me déconnecte autant que possible de l'insécurité relative que représente la navigation.

3) Quelles sont les stimulations sensorielles qui rythment vos journées ? (sons, odeurs, vue…) Quel est, selon vous, le sens le plus développé en bateau ? Pourquoi ? Quelles en sont les conséquences ? En quoi ce rapport aux sens est-il différent de celui qu'on a à terre?

Indéniablement, le sens le plus utiliser en mer, en tous cas pour moi, est l’ouïe. J’aime à dire que le bateau est comme un orchestre dont le chef est le Capitaine. Chaque son, le bruit de l'eau sur la coque, le grincement d'une drisse, le roulement d'un objet dans un placard... Tous ces sons sont d'abord identifiés, puis classés. Ils ont un sens et disent que tout va bien, que tout fonctionne normalement. Et lorsqu'un nouveau bruit surgit dans cette mélodie, il est comme un couac. Ça veut dire que quelque chose cloche, et qu'il me faut agir. Je pars alors à la recherche de ce nouveau son de façon à savoir ce qui le produit. Une fois que c'est fait, soit je classe ce bruit comme inoffensif, et il rejoindra alors le concert permanent, soit je fais en sorte qu'il cesse. Ça peut être border une voile, resserrer un boulon, caler une conserve dans un équipet, etc. Mon oreille est tellement exercée, que cela se produit même pendant mon sommeil. Une dissonance dans la mélodie, et hop je me réveille !
En fait, tous les sens sont sollicités lorsque l'on navigue. C'est très animal comme sensation. Mais de tous, c'est quand même l’ouïe qui m'est le plus utile.
A terre, la vue reprend ses droit comme sens dominant.

4) Quels sont les objets qui accompagnent votre quotidien?

Je ne suis pas très fétichiste. Je veux dire que les objets qui m'accompagnent sont essentiellement utiles. Un cahier, un stylo, mes lunettes de soleil... Si, il y a peut-être ma pipe qui peut receler quelque symbolique cachée. Lorsque je la fume, elle m'aide à me détendre en même temps qu'elle représente la tranquillité, la sérénité. Si je fume ma pipe, c'est que je suis bien dans ma peau, que je gère convenablement mon environnement.

5) Quel est votre rapport au temps? En quoi est-il peut-être différent du rapport au temps qu'il y a à terre?

Paradoxalement, alors qu'en escale je vis sans montre et ne prend pas garde au temps qui passe, lorsque je navigue le temps est omniprésent. D'abord comme une unité mathématique, puisque le bateau se déplace et que le temps est intégré à la vitesse et à la distance parcourue. Mais le temps est aussi présent dans mes activités quotidiennes puisqu'il rythme mes écrits sur le journal de bord. Mais c'est bizarre, car le fait d'avoir régulièrement les yeux rivés sur la montre ne « ralenti » pas le temps, comme cela pourrait être le cas sur terre.
La plupart des marins glorifient cette liberté par rapport au temps qui disparaît, cette parenthèse enchantée que représente une longue navigation. Pas moi. Un voilier se déplace grosso modo à l'allure d'un homme qui trottine, et les distances que je parcours sont de l'ordre de plusieurs centaines, voire milliers de kilomètres... Je sais donc que mes déplacements se mesurent en jours, et non-pas en heures ou minutes comme se mesurent les déplacement sur terre. C'est ça qui fait, à mon sens, la différence. Pour moi le temps s'écoule juste à une autre vitesse, mais il est néanmoins là.

6) Quelles sont vos pensées quotidiennes ?

En dehors de ce qui concerne la bonne marche du bateau, mes pensées vont un peu dans tous les sens... Le passé bien sûr. Je me remémore des épisodes de ma vie, et je fais comme si je les racontais à une autre personne (Parfois à voix haute !). Les mots permettent d'éclairer la pensée, et cela me permet de faire le point sur ce que j'ai vécu, de revoir les choses différemment. Je pense aussi à ce qui m'attend à la prochaine escale, ce que je vais avoir à faire... J'évite de trop tirer de plan sur la comète, mais c'est hélas ce qui m'arrive souvent. Je pense aussi au présent, et j'essaye de faire durer les moments importants. Mais ce qui occupe le plus mes pensées c'est mon journal de bord. Pas celui qui contient les données relatives à la navigation, mais celui que j'écris à la main et qui se retrouvera retranscrit sur mon blog. En fait, dès que je vois ou fait quelque chose, j'essaye de le retranscrire avec des mots. Et ça, ça occupe pas mal car c'est dur de trouver l'adjectif, ou le verbe exacte qui traduira ma pensée.
Je pratique également un bon exercice, le calcul mental. J'essaye de calculer mes moyennes, mes heures d'arrivée, ma consommation de carburant... Avant de refaire les mêmes calculs avec une machine pour être sûr de ne pas me tromper, c'est une activité qui occupe pas mal de temps !


7) Quels sont vos petits plaisirs quotidiens ?

Des plaisirs plutôt simples liés aux besoins vitaux comme manger et dormir. Mais surtout j'essaye de faire durer le moindre moment agréable. Un rayon de soleil sur mon visage, un joli surf à 10 Nœuds, un oiseau dans le ciel... Pour moi la navigation est généralement plus une contrainte qu'un plaisir. Je navigue parce c'est le moyen le plus simple de voyager avec sa maison, et que la planète est constituée à 70% d'eau. Aussi, j'essaye de profiter au maximum des bons moments, d'accumuler toute l'endorphine possible.

8) Comment vivez-vous le fait d'être toujours en mouvement, d'une destination à l'autre?

C'est parfois pesant. Je veux dire que j'ai besoin de temps en temps de me poser pendant quelques semaines dans un même endroit pour faire le point et reprendre un rythme moins stressant. Mais après quelques temps, j'ai de nouveau la quille qui me démange et j'ai envie de repartir pour découvrir de nouveaux horizons. L'avantage que j'ai par rapport à d'autres voyageurs en bateau, c'est que je ne me suis donné aucune limite de temps. Donc, contrairement à ceux qui ont un parcours à réaliser dans un temps donné, je peux m'accorder de longues pauses.
Un des principaux inconvénients à cette vie est que les relations humaines sont forcément plus éphémères que dans la vie « normale ». On s'arrête quelque part, on lie connaissance avec des gens et puis à un moment on s'en va... Au début c'était très dur à supporter pour moi, et ça l'est encore dans une certaine mesure. Mais je m'y fais... En fait, le côté temporaire rend les relation avec autrui
beaucoup plus intenses.

9) Étant beaucoup plus libre, pas sollicité par le téléphone portable, internet, et libre de toute activité professionnelle....Comment occupez-vous vos journées? Vous arrive-t-il de vous ennuyer?

Oui, assez souvent même ! Mais l'ennui fait partie du jeu. Et d'ailleurs, je revendique le droit à l'ennui car s'ennuyer, c'est être libre quelque part.
Mais concrètement, l'ennui n'est pas un problème. Car il suffit de se poser la question : Qu'est-ce que je pourrais faire ? Pour que dans la seconde une dizaine d'occupations potentielles apparaissent à l'esprit. La vrais question qu'il faut se poser c'est : Qu'est-ce que j'ai envie de faire ? Et là, les réponses sont déjà moins évidentes.
La question que vous me posez est à mon sens révélatrice d'un monde qui n'est plus le mien. Comme si le fait de ne plus être connecté, et surtout de ne pas travailler, créait nécessairement de l'ennui. Non, ce n'est pas vrai ! Il y a tant de chose à faire si l'on prend vraiment le temps de les faire... Et même ne rien faire en laissant vagabonder son esprit est une activité en soi.
Mais s'il faut vraiment fournir une réponse, je dirais que je lis beaucoup. En Transatlantique, je lisais un livre par jour.

10) Est-ce que le sentiment d'être vivant est plus prégnant sur un bateau? Avez vous peur d'un accident, de tomber malade, de la météo, de mauvaises rencontres? Quelles sont vos peurs?

Bien sûr que j'ai peur. Et j'ajouterais, heureusement ! J'ai peur en permanence, mais c'est une peur qu'on apprivoise, qu'on apprend à gérer. Elle devient plus comme un stress, avec ces bons côtés et ces mauvais côtés. Naviguer, a fortiori en solitaire, n'est pas une activité anodine, j'en suis conscient. C'est probablement la chose la plus potentiellement dangereuse que j'ai faite de ma vie. Mais le danger potentiel est quelque chose qui se jauge, et qui se minimise avec l'expérience. Après, il y a bien sûr les impondérables. La maladie, l'accident bête, les mauvaises rencontres (je n'en n'ai pour l'instant pas fait), mais c'est comme pour la tenue du voilier : Un minimum de précaution s'impose aussi bien dans le comportement que dans les choix que l'on fait. Si ces précautions sont prises, il n'y a plus lieux de s'inquiéter vraiment. En fait, je n'y pense même plus.
Pour l'instant, ma plus grande peur est de devoir renoncer à mon voyage. Et encore... Depuis mon départ j'ai acquis une certaine forme de confiance en moi, et je sais que j'arriverai à rebondir si demain tout devait s'arrêter.
Je n'ai pas l'impression d'être « plus » vivant lorsque je navigue... Ce qui me rend vivant, c'est d'avoir pris la décision de tout laisser derrière moi et d'avoir moi-même choisit mon mode de vie. C'est cela que j'appelle vivre.

11) Quelles sont les effets de la vie en huit-clos dans un espace réduit? Comment vivez-vous la solitude?

Vivre dans un espace réduit n'est pas si difficile si l'on est seul. Bien au contraire j'ai tendance à rétrécir encore plus cet espace en faisant en sorte que tout ce dont j'ai besoin puisse se trouver à portée de main. Les déplacements sur un bateau en mouvement ne sont pas simple, et j'essaye de les restreindre autant que possible. Mais cela est dû au fait que je suis seul... Je ne peux me permettre de faire des déplacements, ou même de simples gestes, superflus puisque ceux-ci peuvent hypothétiquement entraîner un accident. En fait je m'économise. Je garde mon énergie pour le moment où elle sera vraiment utile.
La solitude en tant que sensation est quelque chose que je pensais pouvoir gérer assez facilement. Célibataire et seul depuis une vingtaine d'années, je pensais que je n'aurais pas de problème à continuer ma vie d'ours. Mais c'était sans compter avec le bonheur que me procure cette vie. Avant, ma vie ne méritait pas d'être partagée puisqu'elle était insipide et triste. Maintenant, chaque moment de ma vie, en mer et en escale, est tel que j'ai envie de le partager... Alors je le fais dans une certaine mesure grâce à mon blog, mais cela ne me suffit plus. Pour répondre clairement à la question, je le vis assez mal depuis quelques temps.

12) Quelles sont les satisfactions et les contraintes?

Il y a néanmoins quelques satisfactions à être seul. La plus importante à mes yeux est que je ne suis responsable que de moi (et accessoirement de ma chatte). Je veux dire par là que tout ce que je fais, toutes les décisions que je prends, n'impactent que moi. Avoir quelqu'un d'autre à bord, c'est rajouter une variable supplémentaire, donc un stress supplémentaire... Car en tant que Capitaine il est de mon devoir de me soucier avant tout de la sécurité et du bien être de mon équipage, bien avant ma propre personne.
Alors, même si j'ai parfois adoré naviguer avec quelqu'un, notamment avec ma petite amie Zoë, je dois avouer que la navigation en solo est beaucoup plus simple...
Par contre, le fait d'être seul oblige à réaliser chaque manœuvres avec une technicité différente. Parfois un coup de main serait très utile, mais comme il n'y a personne pour m'aider, je suis obligé d'inventer des manières de faire. Et surtout, je dois bien réfléchir en amont à chacune de mes manœuvres. Voire même chacun de mes gestes.

13) Pensez-vous avoir évolué d'un point de vue personnel depuis votre départ ou grâce à vos différents voyages? Qu'est-ce que cela vous a apporté?

Difficile de répondre à cette question... Je pense que j'ai évolué c'est certain, car l'ouverture vers d'autres lieux, d'autres cultures, force l'évolution. Ma vision du monde s'est étoffée, sans pour autant être fondamentalement remise en question.
Je crois que j'ai acquis une meilleure connaissance de ce que je suis et par conséquent une plus grande confiance en moi, et une meilleure estime de moi-même... Avant mon départ, je n'avais qu'une vague intuition de mes capacités, de ce que j'étais capable d'accomplir. Je partais sans trop savoir si j'allais pouvoir réaliser le rêve que je m'étais choisi. Maintenant je sais ce dont je suis capable, et franchement, sans en en tirer spécialement de fierté (je n'ai fais que ce que j'estimais devoir faire), je me sens mieux dans ma peau. Mais j'ai conscience aussi qu'il me reste encore beaucoup de choses à voir, de gens à rencontrer, et que donc, forcément, je n'ai pas fini d'en apprendre. Sur le monde et sur moi-même.

vendredi 3 mai 2013

L'automne

34°26.602S 58°31.795W
Buenos Aires, Argentine

Lorsque je regarde le coin inférieur droit de mon ordinateur, et que je vois la date d'aujourd'hui, je ressens tout un tas de sentiments qui vont de la surprise à la lassitude, en passant par un rien de fatalisme et un soupçon d'énervement. Bref, de voir que nous sommes déjà au tout début du mois de mai, ça me perturbe.
D'après la date qui se trouve sur mon passeport, cela fait un peu plus d'un mois et demi que je suis arrivé en Argentine, avec comme principal objectif, celui de remettre La Boiteuse en état. Et un mois et demi plus tard, je me rends compte que le boulot n'a pas vraiment avancé... Oh certes, je devrais recevoir ma nouvelle Grand-voile d'ici quelques jours, et j'ai dorénavant une nouvelle annexe, mais concrètement la liste des choses à faire est encore longue. Très longue.
Mais bon, en même temps vous allez me dire que je ne suis pas aux pièces, que j'ai tout le temps que je veux pour faire ce que je veux, tout ça... C'est faux et c'est vrai en même temps.
C'est faux parce que les contraintes climatiques sont ce qu'elles sont, et si je veux pouvoir entreprendre la remontée de la côte sud-américaine sans trop me faire chier, il ne me faut pas trop tarder à reprendre la mer.
Et c'est vrai, parce que rien ne m'empêche de traîner un peu par ici si je le veux. J'ai quelques bonnes raisons pour ça : La première de ces raisons est que Loïck ne devrait pas tarder à rejoindre La Boiteuse, et franchement j'ai trop hâte de revoir mes amis Caroline et Hughes. Nous ne nous sommes pas vus depuis le mois de décembre, et le fichu caractère de l'une ainsi que l'érudition bonhomme de l'autre, me manque. De plus, je ne vous cache pas que je compte bien profiter de leur expérience lorsque je vais sortir Boiteuse de l'eau pour son premier lifting... Car même si je sais plus ou moins ce qu'il en est, je n'ai jamais fait ça de ma vie.
Et puis, il me faut bien reconnaître que depuis que je suis ici je ne me suis pas fait énormément de relations... Quasiment aucune pour ainsi dire. A part un charmant couple nanti d'une adorable petite fille de quelques mois, les « résidents » de la marina de Barlovento sont de vieux couples essentiellement teutons et peu sociables. Quant aux locaux, ce sont pour la plupart des marins du dimanche au plein sens du terme. Des plaisanciers de la haute que l'aspect de nos bateaux rebute ou fascine, mais qui au grand jamais ne comprendront que l'on veuille naviguer autre part que dans les eaux douces et boueuses de la Plata. La différence de classe sociale se fait sentir même dans le regard du larbin derrière le bureau d'accueil... Mais bon, avec le temps on apprend à jouer son rôle d'extraterrestre, et ça peut même être marrant, parfois.

La deuxième raison qui pourrait me pousser à traîner mes guêtres plus longtemps dans le coin, est que, à moins de rejouer les clandestins, la loi n'a pas changée et je n'ai toujours que trois mois pour remonter les côtes Brésiliennes... Je veux dire par là que si j'entre de nouveau au Brésil courant mai, il faudra que j'en sorte au plus tard courant août, ok ? C'est à dire que la Boiteuse se retrouvera en train de naviguer vers les Antilles, alors que la saison des cyclone ne sera pas terminée... Vous voyez le topo ?
Bon, j'imagine que je vais sans doute pouvoir tricher un peu sur la durée effective de mon séjour au Brésil... Je ne sais pas. Il faut que j'en cause avec Hughes.

Mais bon, pour l'heure il s'agit de faire un peu avancer les réparations de La Boiteuse... Depuis le début de la semaine j'ai repris des contacts avec des artisans et je tente de m'organiser pour regrouper un maximum de travaux lors de la sortie de l'eau. Sortie qui, je l'ai appris en arrivant ici, se fera sous la haute surveillance de la Douane. Oui, c'est ubuesque mais un bateau étranger à terre doit être mis sous séquestre pour prévenir toute tentative d'importation illégale... Comme si j'avais envie de me séparer de ma maison !

Quelle vie de chien !
Voilà, je sais que certains d'entre vous étaient impatients d'avoir des nouvelles, surtout après mon dernier article... Vous voilà satisfait ! Cela dit, vous permettrez sans doute que je garde pour moi ce que m'inspire cet épisode. Peut-être un jour vous en parlerais-je, mais pour l'instant c'est encore trop frais pour que je puisse le faire.

Sinon, Touline vient de rentrer après avoir passé une partie de la nuit en vadrouille sous la pluie, et pour l'heure elle se sèche à grands coups de langue. Je crois qu'on va rester bien tranquille tous les deux, au chaud et au sec... Dehors, les arbres prennent des teintes dorées et les feuilles des platanes qui bordent l'avenida del Libertador commencent joncher le sol. C'est l'automne qui s’installe, et l'hiver qui arrive... Il me tarde de remonter vers des contrées plus accueillantes !
 
Radeau végétal
Girouette