samedi 31 mars 2012

La longue route


28°05.360N 17°06.543W
San Sebastián de la Gomera

Cette journée est importante, et même si je n’ai pas grand-chose à vous dire de plus qu’il y a deux jours je tenais à marqué le coup en vous en touchant deux mots. Il y a un an, jour pour jour, je quittais les pontons de Saint Laurent du Var pour commencer mon voyage.

Voilà.

Bon d’accord, je sens qu’il faut que je m’étende un peu plus sur le sujet... Loin de moi l’envie de faire un bilan (il n’y a que ceux qui ont des comptes à rendre qui font des bilans), mais peut-être puis-je vous faire une petite piqure de rappel.
D’abord il y a un an ma tronche ressemblait à ça, à gauche, et que maintenant elle ressemble à ça, à droite.

31 mars 2011, 31 mars 2012

Entre les deux, une année donc, quelques kilos en moins et 2553 milles de parcourus... Non, ne cherchez pas, il n’y a que peu de rapport entre les deux. C’est juste la vie qui vous change, le voyage, la liberté. Quand je me regarde, le sourire est moins franc certes, mais le regard est sans doute plus serein. J’ai grandi aussi, quelque part.

Aucun regret. Ça ne sert à rien les regrets. Bien au contraire, je dirais que je suis de plus en plus déterminé. La longue route, celle des rêveurs et des vagabonds, n’est pas qu’une simple ligne tracée sur une carte. 2553 milles, ce n’est rien si l’on va chercher par là.
Mais tout ce qui s’est passé pendant cette année, les gens que j’ai rencontré, les paysages que j’ai vu, les expériences que j’ai vécu... Ce sont toutes ces choses qui font la longue route.

Et ma longue route à moi a commencé il y a un an, et croyez-moi quand je vous dis qu’elle ne finira probablement jamais... Et c’est tant mieux. 

Ma longue route...

jeudi 29 mars 2012

De Las Palmas à San Sebastián

28°05.360N 17°06.543W
San Sebastián de la Gomera

13H00, je décolle du ponton gasoil après avoir fait le plein de mes réservoirs. Le port est payé, je suis passé à la petite superette pour acheter du pain du beurre et des bananes, et puis surtout je me suis appliqué à dire au revoir à un maximum de personnes.
Je vais avoir un peu de mal à citer tout le monde, les omis m’excuseront, mais mon séjour à Las Palmas a été émaillé de plein de rencontres toutes aussi passionnantes et agréables les unes que les autres. Il a bien sûr mon voisin Simon et sa femme Jeannine... Que c’est agréable d’avoir des voisins pareil ! D’abord ils sont devenus dingues de Touline, qui le leur a bien rendu, mais aussi grâce à Simon j’ai appris plein de choses ! Et la principale étant de ne plus avoir peur de mon moteur... Car oui, étant donné mon incompétence en matière de mécanique, je vous avoue que jusqu’à présent dès qu’un truc clochait dans le moulin j’étais complètement perdu. Maintenant que je sais à peu près comment ça fonctionne, je suis un peu plus serein. (Oui, j’ai bien écris « à peu près », car je reste un néophyte). Je crois que la prochaine fois que Mercedes me jouera des tours, je lui rappellerais ce que m’a dit plusieurs fois Simon, à savoir que j’avais probablement le meilleur moteur de tout Las Palmas... Espérons que ça satisfera la belle allemande !

Hasta luego Las Palmas !
Ensuite il y a eut cette famille complètement incroyable pour qui veut rester dans les sentiers battus ; Maud et Bruno avec leurs deux enfants Oscar et Arthur. Leur histoire est une véritable épopée. Pour la faire courte sachez que parmi les candidats à la transat qui sont venus me voir pour embarquer avec moi il y avait cette famille... Mais vous imaginez bien que je ne pouvais pas prendre quatre passagers dont deux enfants de deux ans et demi et cinq ans, c’eut été pour moi beaucoup trop de responsabilité, sans compter que la Boiteuse est bien trop petite pour cinq.
D’ailleurs c’était sans doute le cas également pour la plupart des bateaux puisque la petite famille se trouvait « coincé » à Las Palmas depuis plus de six mois, entassé dans un vieux combi. S’ils voulaient traverser un jour, il ne leur restait plus qu’à acheter un bateau et à le faire eux-mêmes. Et bien c’est ce qu’ils ont fait ! La semaine dernière ils ont fait l’acquisition d’un First 30 appelé Nonobstant qui deviendra pour des années, enfin je le souhaite, leur nouvelle demeure et leur fière monture.

La famille pirate !

Je ne voudrais pas oublier Patrick et Insa que j’avais connu à Gran Tarajal en juillet, et puis aussi Philippe que je n’ai pas connu aussi longtemps que j’aurais voulu étant donné qu’on va dans le même coin... La Patagonie ! Bref, j’ai fais mon petit tour et ce n’est qu’à 13H00 que j’ai pu enfin larguer les amarres.

Dès la sortie on attaque dans le vif du sujet avec deux heures de moteur, vent et houle dans le nez pour pouvoir contourner l’ile de Gran Canaria pas le Nord... Entrée en matière plutôt désagréable pour moi comme pour Touline après six semaines à terre. La Boiteuse attaque la vague comme une brave, mais ce n’est pas sans en prendre plein la carène. A l’intérieur ça secoue pas mal et le tangage a tendance à me rendre malade (plus que le roulis d’ailleurs).

C'est lui qui barre maintenant
15H00, la pointe de la Isleta est passée, on peut maintenant piquer vers l’Ouest sous voile... et il est temps pour moi d’essayer mon nouveau régulateur d’allure Navik. Les débuts furent assez rigolos je peux vous le dire. Notamment lorsque j’ai cru que tout était enfin en ordre et que la Boiteuse a commencé à faire demi-tour ! Normal, la pale aérienne était dans le mauvais sens !

Mais bon, après quelques tâtonnements, quelques réglages, la Boiteuse commença à suivre une route impeccable... Pourtant nous n’avancions qu’à 3 nœuds par le travers, mais j’ai été franchement épaté par les qualités de cet engin. Quel confort ! Quelle réactivité ! Ce pauvre Monsieur Pilote qui depuis un an m’a rendu tellement de service, se retrouve relégué au rang d’auxiliaire pataud et énergivore !
Bon, le seul souci avec un régulateur c’est qu’il faut veiller en permanence à ce que le vent ne change pas de direction, sinon vous changez vous aussi de direction... Par exemple pendant la nuit celui-ci a viré à l’Est à la faveur d’un petit roupillon, et je me suis retrouvé à m’écarter de ma route d’une jolie manière.  Bon, heureusement je m’en suis aperçu assez vite et je n’ai perdu que quelques milles.

Oups ! le vent à viré à l'Est !
Une autre de mes nouvelles acquisitions qui m’a bien facilité la vie fut l’AIS. Avec cet appareil je pouvais voir sur mon écran d’ordinateur tous les ferrys qui se baladaient dans le détroit entre les iles. Qui plus est, celui-ci sonnait toutes les demi-heures, ponctuant le temps et m’empêchant de dormir trop longtemps. Pendant ce temps-là les batteries fonctionnaient apparemment bien, alimentant toute l’électronique et le frigo. Pour info (surtout pour Jean-Michel !) je ne suis jamais descendu en dessous de 12,6 V et les panneaux solaires m’ont fait remonter à 13,1 V avant même le soleil de midi. Le top.

C’est bien simple, cette navigation pour aussi courte qu’elle fut m’aura permis de valider tous mes choix en matériel. J’ai pu essayer le régulateur sous toutes les allures et toutes les forces de vent. Aussi bien au portant qu’au près serré, et de la pétole molle au F5 Beaufort.
La consommation en électricité a été très fortement réduite et c’est compensé d’elle-même en quelques heures... Bref, comme je vous le disais, le top.

La gîte n'est pas un problème, il suffit de se caler !
La dernière partie de la traversée, celle qui m’amena de la pointe sud de l’ile de Tenerife à San Sebastián fut même relativement sportive puisque pendant trois heures nous avons filé à 5 nœuds au près ultraserré (à 25° du vent, oui Msieurs-Dames !). Les chandeliers dans la flottes et 35° de gîte ! Pas vraiment le pied, mais assez cool quand même. Surtout quand vous voyez un autre voilier obliger de tirer des bords alors qu’il suit la même route que vous.

En fin d’après midi l’ile de la Gomera apparait dans toute sa splendeur. Enfin, moi je l’ai trouvé jolie avec sa forme de gros rocher rond planté dans l’eau. De hautes falaises, des vallées profondes... Franchement La Gomera vu de la mer, ça a de la gueule.

San Sebastián est en vue
Alors que je m’amarrais au ponton gasoil pour taper la discute avec le marinero de garde (il était presque 19H00), j’ai eu la surprise de voir débarquer deux flics de la Guardia Civil. D’emblé ils m’accostent en me faisant le reproche de ne pas avoir emprunté le canal d’accès à la marina. Ah bon, il y a un canal d’accès ? Demande-je naïvement.
Ben oui y’en a un. Une espèce de signalisation bâtarde, mal fichue et peu réglementaire qui est sensée faire contourner l’accès des ferrys. Mouais... J’ai bien vu qu’il ne servait à rien de contester ou du justifier mon tout droit, alors j’ai fait le canard. Ils ont été sympas, je m’en suis tiré avec un avertissement.
Moralité, si des navigateurs me lisent et veulent rejoindre San Sebastián, faites gaffe à l’arrivé, il y a un piège.

Sinon, à 15 euros la nuit le port de San Sebastián est cher mais on en a pour son argent. La ville me semble pour l’instant coquette et tranquille, et l’atmosphère est comment dirais-je... Tranquille, je ne vois pas d’autre adjectif !
J’ai fais quelques pas ce matin pour prendre mes marques, et ce que j’ai vu m’a séduit. J’ai même repéré deux musées gratos que je vais me faire un plaisir de visiter. Je vous raconterais bien sûr !
De même j’ai entendu parler du parc naturel de Garajonay qui vaut apparemment le détour avec ses forêts d’altitudes... M’enfin, on verra. Pour l’instant je prévois de rester jusqu’à lundi prochain, mais je me garde la possibilité de modifier mes plans au gré de mes envies et de mes rencontres.

La suite en images qui bougent pas !

Regarder le soleil se lever avec Comme un légo de Bashung dans les oreilles. Le pied !
Pour Touline aussi les premiers rayons du soleil sont les bienvenus
Version avion de chasse !
San Sebastián au petit matin
La torre del Conde


jeudi 22 mars 2012

De l’utilité secondaire d’un régulateur d’allure

28°07.565N 15°25.565W
Las Palmas

Pendant que son maitre se soigne à coup d’acide acétylsalicylique  et de jus d’orange, il y en a une qui continue inlassablement ses conneries. Pour la douzième fois depuis sa naissance, cette chatte a tenté de se transformer en poisson, pour se rendre compte au final que la régression génétique n’était pas à sa portée.

Heureusement, le nouveau régulateur d’allure était là pour offrir à cette imprudente de quoi se maintenir hors de l’eau. Le temps pour moi de bondir pour la récupérer... Non sans avoir au préalable pris le temps de prendre quelques photos pour immortaliser cette situation croquignolesque !

Tu te magnes oui !
Qu'elle humiliation !
Grumf !

Sinon, à part ça j’ai décidé de sursoir mon départ le temps de me remettre complètement. Ce sera sans doute dans le courant de la semaine prochaine, mais je ne sais pas encore, ce seront mes petits poumons qui décideront !

mardi 20 mars 2012

Atchoum !

28°07.565N 15°25.565W
Las Palmas

Si l’on omet les quelques babioles qu’il me restait à ranger, la Boiteuse et moi-même étions prêt pour un départ ce matin de Las Palmas vers San Sebastian de la Gomera. Dans ma tête c’était carré, la météo était favorable, j’allais  lever l’ancre et poursuivre mon voyage. J’avais même annoncé mon départ à la cantonade sur les réseaux sociaux...

Oui mais voilà, c’était sans compter sur l’impondérable sensation qui m’a étreint hier au soir alors que je regagnais mon bord. Le nez bouché, de légers frissons... Je l’ai senti arriver la salope.
Mais j’ai eu beau essayer de la circonscrire, de me couvrir autant que possible et de m’obliger à boire un bon thé au miel, pendant la nuit les symptômes ont empirés : Suées, tremblement, fièvre.

Ce matin, la chiasse, la nausée, les ganglions du cou enflammés et un mal de crâne sont venus confirmer mon auto diagnostique, j’ai une crève carabinée. Alors mes amis, vous ne m’en voudrez pas, mais moi je ne navigue pas en étant malade. Surtout si je peux faire autrement.
Même s’il ne s’agit que d’une petite nave de 20 heures, je ne vais pas me mettre à l’envers (et même potentiellement en danger) sous prétexte que j’ai claironné ici et là que je prendrais la mer.

Voyons le côté positif des choses, je vais pouvoir prendre mon temps pour terminer l’organisation du bateau... Tous les vivres sont rangés, mais cela demanderait à être revu pour ce qui est de l’équilibre des poids. De même, j’ai omis de graisser mes winchs...

Bon, je vous tiens au courant. Normalement d’ici deux ou trois jours ça devrait aller mieux... Normalement.

Tien pour finir je vais vous en raconter une bonne. Figurez vous que j’ai fais l’acquisition d’un jambon de 6 kilos, histoire de me fournir des protéines animales pendant ma traversée... J’étais tout content de moi, mais sitôt arrivé au bateau, j’ai pris conscience de ma connerie.
Devinez qui aime aussi le jambon espagnol, hein ?

Moi qui comptais le suspendre dans le carré pour y découper une tranche au gré de mes envies, je vais devoir m’organiser autrement...

6,152 Kg exactement !

dimanche 18 mars 2012

On y est presque

28°07.565N 15°25.565W
Las Palmas

Oh ça va hein ! Vous n’allez pas me faire un caca nerveux parce que nous sommes le 18 mars et que je suis toujours aux Canaries. D’abord j’ai dit que je partirais soit avant, soit après... Et bien ce sera après. Cela dit, je peux quand même vous dire que nous y sommes presque. Revoyons un peu ma fameuse liste, celle qui me sert de canevas depuis mon arrivée à Las Palmas :

Le régulateur d’allure, c’est bon. Il est installé et il fonctionne (a priori). Reste à le tester en situation. Le GPS et l’AIS sont installés et fonctionnent. Antenne wifi, ok. Chauffage céramique soufflant, ok. Disque dur un téraoctet, ok. Bac à litière pour Touline, ok. Batteries neuves, ok. Combinaison de plongée, ok. Fusil et matériel de pêche divers, ok. Lampe frontale, ok. Matos d’escalade pour grimper au mât, ok. Changement de toutes les ampoules en leds, ok. Stérilisation Touline, ok. Kit de réparation voile, ok. Vidanges et révision du moteur, ok. Changement de la girouette, ok. Nettoyage de la coque et de l'hélice, ok. Convertisseur 12/220 V, ok. Nouvelle cuisinière à gaz, ok. Changement de la voile d’avant, ok. Changement de la drisse de spi, ok. Vérification des fonds, ok...

Bouh... Et bien je crois qu’on a fini... Non ? J’ai oublié quelque chose vous croyez ? Ah oui ; je suis con, il me reste tout de même à prévoir l’avitaillement !
Demain matin, direction le supermarché où je compte me procurer pour 8 à 10 semaines de bouffe. Ça devrait le faire jusqu’au Brésil...

Beatriz de Bobadilla
Et puis logiquement, mardi, ou bien mercredi, je prendrai la route pour l’ile de la Gomera, ultime étape dans cet archipel des Canaries. Oui, j’ai décidé de faire comme Christophe Colomb, qui à chacun de ces quatre voyages ne manquait pas de faire une dernière escale à San Sebastian de la Gomera afin disait-il de réparer quelques oublis... Les mauvaises langues disent qu’en fait il allait rendre visite à une certaine Beatriz de Bobadilla, dont la tante était marquise et ex-maitresse du roi d’Espagne Ferdinand d’Aragon, exilée dans cette ile par la reine Isabel de Castille... Et qu’il en tomba raide dingue. D’ailleurs, ce sont toujours les mauvaises langues qui le disent, la disgrâce de Colomb ne serait pas tant due à son incapacité à ramener l’or promis à son souverain, qu’à avoir fricoté avec la belle Beatriz. Ben oui, tout amiral qu’il était et même ancien vice-roi des Indes, Colomb n’en restait pas moins un roturier...
Tien, ça me fait penser qu’en ce 18 mars toutes mes pensées vont vers mes camarades qui s’en vont reprendre la Bastille ! (Mais si, je vous assure qu’il y a un rapport ! Cherchez bien...)

Bon, je ne sais plus qui disait qu’une image vaut parfois mieux qu’un long discours, alors voici la suite en image.

Je vous fais un remix du Grand Bleu ?
L'inspectrice des travaux finis
Quatre heures de pompage pour retirer 5 litres d'huile usagée...
Ça marche !
Le cercle de voiles latines
Joueurs de dominos sur la Plaça Santa Catalina
Bon ben il n'y a plus qu'à ranger maintenant !

dimanche 11 mars 2012

On est foutu

28°07.565N 15°25.565W
Las Palmas

Grand pavois du dimanche
En ce dimanche matin je voulais partager avec vous une réflexion... Hier, je me suis fendu d’une somme prohibitive, huit euros, pour faire une lessive à la laverie de la marina.
Vous allez me dire, oui et alors ?
Et alors braves gens, figurez-vous que le soir même, alors que je revêtais ma polaire préférée pour me protéger des températures moins clémentes j’ai été frappée par les effluves parfumées de mon linge... Et franchement, ça m’a quelque peu remué les trippes. Bon dieu que ça sentait bon !

J’ai essayé de me rappeler la dernière fois que je n’avais pas fais une lessive à la main... Et je m’en suis effectivement souvenu assez bien puisque c’était en aout de l’année dernière. J’avais profité de la petite machine que la marina d’Agadir mettait à la disposition des plaisanciers, et je n’avais lavé qu’une chose, ma tenue hauturière, donc ça ne compte pas vraiment.
Au fur et à mesure que je fouillais dans mes souvenirs, il m’a bien fallu me rendre compte que cela allait faire bientôt un an que je n’avais pas fait de machine.

Oui et alors ?

Et alors, ce matin dans mon lit, alors que ma chatte se frottait sur ma barbe pour me signifier qu’il était cinq heures du matin et qu’il était temps que je me lève, je me suis mis à repenser à cette odeur de linge propre... A cette douce odeur d’assouplissant dont la simple évocation m’emplissait les narines. A la nostalgie que cette odeur avait provoquée en moi. A mon style de vie qui me privait depuis si longtemps de ce petit plaisir d’enfiler un vêtement parfaitement propre et parfumé...

Est-ce un luxe ?
Et je me suis alors mis à penser à ma démarche, à cette mise en application de la décroissance que mon voyage impliquait. Car c’est exactement ce que je suis en train de faire mine de rien. Je décrois. Je n’y avais pas encore vraiment réfléchi, mais ce que certains appellent de leurs vœux dans les pays développés, je suis en train de le vivre au quotidien. Et maintenant que je le vis, je me rends compte de l’immense difficulté que cela représente.
Bon d’accord, je vous concède que faire le tri dans ses priorités cela ne fait pas de mal en soi. C’est même relativement salutaire. Revenir à des besoins de base permet de se débarrasser de certaines futilités qui parasitent votre quotidien. On acquiert alors une vision plus élaguée de sa vie. Plus claire.

Mais alors qu'en est-il du plaisir ?

On est tous d’accord (du moins la plupart gens que je connais), notre planète est en train de crever de notre cupidité. De notre gourmandise. Nous la dévorons à grandes bouchées comme des enfants qui dévorent leur gâteau d’anniversaire sans penser que s’ils en veulent pour le lendemain, ils feraient mieux d’y aller mollo. Oui mais voilà, il est foutrement bon ce gâteau...
J’ai bien conscience, parce que je suis une personne éduquée et pas trop conne, que nous n’irons pas bien loin si nous continuons à nous bâfrer de cette façon. Mais je suis bien obligé de reconnaitre aussi, qu’à la différence de ces prêcheurs de la décroissance volontaire, moi je ne le fais que parce que j’y suis obligé. Réduire ses besoins et gérer strictement ses ressources (financières, alimentaires et énergétiques), sont pour le voyageur que je suis, une nécessité. C’est bien simple, si je ne le fais pas, je ne réaliserai pas mon rêve. Bref, décroitre est pour moi un moyen à court terme et non un but à long terme.
Alors c’est vrai que je suis une personne sans grands besoins au départ et que de me priver de quelques conforts ne s’est pas fait dans la douleur... Mais quand je pense à ces effluves d’assouplissant dans mon linge hier au soir, je me dis que si une simple odeur peut vous procurer autant de bonheur, notre planète est foutue.

Après la pomme d'Adam, la pomme de douche ?
Qu’est-ce qui pourra empêcher les hommes de vouloir et aimer sentir une odeur de fleur sur leurs vêtements ? Qu’est-ce qui pourra empêcher les hommes de préférer prendre une douche bien chaude, plutôt que de se laver à l’eau froide ?
Rien j’en ai peur, car c’est toujours meilleur quand ça sent bon et que l’eau est chaude.

Je me suis toujours considéré comme un écologiste. Pas au sens politique du terme, mais dans mes pratiques quotidiennes. Pourtant quelle que soit la force de ma conscience écologique, jamais elle ne pourra, au fond, lutter contre le plaisir. Mon plaisir. Le plaisir d’une douche chaude et d’avoir de l’eau fraiche dans mon frigo. D’un vêtement propre. D’un bon clacos français chèrement transporté par avion. D’écouter de la musique sur mon mp3 fabriqué à bas prix dans le tiers monde... Rien ne pourra lutter contre ce plaisir-là.

Et si moi je ne peux pas renoncer si facilement à ces petits conforts, comment blâmer ceux qui aspirent à les acquérir ?

Notre planète est foutue... A moins qu’on ne devienne tous des ascètes. Et en ce qui me concerne, c’est pas gagné.

mercredi 7 mars 2012

Insomnies

28°07.565N 15°25.565W
Las Palmas

Épissures maison
Il est deux heures du matin et le port ne raisonne que du bruit des drisses qui battent mollement le long des mâts. Alors que je m’étonne de ne pas entendre la rumeur de la ville je réalise vraiment l’heure qu'il est et je me dis que je ne suis pas raisonnable.
Mais bon après tout, ce n’est pas comme si j’avais une vie réglée par les codes d’une société « normale », et cette insomnie n’aura pas d’autre conséquence que celle de m’offrir l’occasion de faire une sieste un peu plus longue...

Je m’interroge. Est-ce seulement les cris de douleur de Touline qui m’ont empêchés de dormir, ou bien la perspective d’avoir accompli un grand pas vers le départ ? Les deux sûrement.

Mais peut-être me faut-il vous raconter ma journée d’hier pour que vous compreniez ce que je peux bien foutre devant mon clavier à une heure aussi indue... Oui, on va commencer par le début, c’est mieux.

Hier matin je suis retourné à la clinique vétérinaire pour y déposer Touline. Rassurez-vous, il ne s’agissait pas d’une rechute de son infection, mais tout simplement de la faire stériliser. Enfin, quand je dis « tout simplement », c’est relatif bien sûr. Elle a six mois maintenant, et si je ne veux pas me retrouver avec une ribambelle de chatons à devoir noyer (mais non, je rigole !) ou à supporter les crises d’une chatte en chaleur, je devais, elle devait, en passer par là.
Donc hier à neuf heures j’ai déposé Touline, puis je suis parti en expédition avec mon caddie à roulette. Oui, j’ai maintenant un caddie à roulette, comme les mamies. Et le premier qui se fout de ma gueule, je lui fais porter mes courses, d’accord ?

Un peu de rangement s'impose
En expédition, disais-je, direction Telde au sud de Las Palmas où ce trouve une gigantesque zone commerciale et où je savais trouver un Décathlon. Pour ce faire j’ai du emprunter la « guagua » (rappelez-vous on dit Wawa !) et descendre après une demi-heure de trajet sur la rocade qui fait le tour de l’ile. Et là, entre un Leroy Merlin, un Carrefour et un Alcampos (oui, un Auchan !) se trouvait le seul Décathlon de l’archipel. Franchement, je ne sais pas trop si je dois me réjouir ou m’attrister de voir toutes ces boites françaises truster le commerce Canarien... Les deux sans doute.
Mais bon, pour ce que j’avais à y faire, je ne pouvais pour l’heure que me satisfaire de trouver du matériel de sport à des prix raisonnables. Car c’était pour ça que j’étais là, m’équiper en matériel.
Je ne vous dirais pas combien j’ai dépensé durant les deux heures et demi qui suivirent, mais je considère m’en être plutôt bien sorti compte tenu de tout ce que j’ai ramené dans mon caddie de mémé.

- Une combinaison de plongée (salopette et haut)
- Une ceinture avec cinq kilos de plombs
- Un couteau de plongée
- Un baudrier d’escalade
- Un mousqueton à
- Un bloqueur
- Un descendeur
- Deux poignées bloqueuses
- Quatre teeshirts
- Un pantalon
- Deux shorts
- Une polaire

J’ai voulu me procurer un fusil pour la pêche sous-marine, mais hélas c’est le genre de chose qui nécessite, comme en France d’ailleurs, un permis... Donc, pour aller taquiner le poisson suicidaire il faudra que j’attende d’être dans un pays où la réglementation sera plus souple. Mais j’ai déjà ma combinaison et c’est l’essentiel. Sous peu, je l’étrennerai pour aller nettoyer les algues qui s’épanouissent sur le safran de la Boiteuse.
De même, je vais pouvoir me risquer à une ascension en solo de mon mât... Et là mes amis, je sens qu’on va rigoler.

Ce n’est que dans la guagua du retour que je me suis rendu compte qu’avec tout ça j’avais maintenant rattrapé mon retard en équipement... Et qu'il était presque temps de partir.

Je m'en souviendrais des Canaries !
Le soir, je suis allé récupérer ma bête à la clinique. Touline était encore sous l’effet de l’anesthésie mais semblait aller bien... Plus tard, cette dorénavant Demoiselle à perpétuité ne souffrant pas de dormir autre part qu’entre mes jambes, j’eu un peu de mal à trouver le sommeil. D’habitude quand elle me fait ce coup-là, je n’ai aucun scrupule à la virer à coup pied (là je ne rigole pas) mais compte tenu de son état j’avais décidé d’être conciliant. Hélas, vers une heure du matin, la douleur s’est réveillé... et moi aussi. Comme il m’était impossible de me rendormir, et bien je me suis levé pour écrire... Plus tard, il devait être quatre heures du matin, je lui enlevais son collier ridicule sensé l’empêcher de se triturer la cicatrice. En effet, déjà qu’elle avait mal, elle était complètement stressée par le fait de plus rien voir autour d’elle... Stress plus douleur, j’ai préféré enlevé un des paramètres et la surveiller plutôt que de la laisser endurer ça.
Je m’allongeais tout habiller à ses côtés pour la rassurer... et je me suis endormi jusqu’à sept heures. Une nuit en pointillé donc, mais c’est pas grave puisque ce matin tout va bien. Elle a même eu droit à quelques minuscules sars trouvés dans ma nasse en guise de petit-déjeuner ! Trop gâtée cette bête !

Ce matin il faisait grand soleil et à présent le temps est à la pluie... Du coup moi qui comptais vous gratifier d’une petite séance photo depuis la barre de flèche, histoire de tester ma dextérité ascensionnelle, je me suis rabattu sur celle-ci.

Tu as vraiment besoin de tout ça ?


Oui je sais, vous êtes déçus. Mais ne vous inquiétez pas je vais me rattraper d’ici la fin de la semaine ! Et si vous êtes sages, peut-être que je vous ferai également un petit essayage de la nouvelle combinaison de plongée...

Ca sent le départ moi je vous le dis. Ca sent tellement fort que je pourrais presque m’hasarder à une date... Allez, on va dire le 18 mars. Ca sera un dimanche, et j’aime bien l’idée de partir un dimanche... Mais bon, vous connaissez la musique maintenant, ce n’est pas moi qui commande c’est le Monsieur avec les joues gonflées. Alors ce sera peut-être après le 18 ou alors avant... On verra ! En tous cas, la Boiteuse et moi nous serons prêts pour la fin de la semaine prochaine, ça c’est sûr.

"Parce que je le vaux bien"

samedi 3 mars 2012

Le cul de la Boiteuse

28°07.565N 15°25.565W
Las Palmas

Quoi ? Qu'est-ce qu'il y a ?
Alors que le soleil se lève sur Las Palmas de Gran Canaria, je me retrouve assis dans le carré de la Boiteuse à réfléchir sur la manière dont je vais commencer ce texte… Et miracle de l’écriture j’ai à peine finit de me poser la question que je m’aperçois que c’est déjà fait. Touline est perchée sur mon épaule et regarde mes doigts s’agiter sur le clavier. Elle va mieux ma Touline, beaucoup mieux. Son abcès percé, celui-ci a suinté pendant deux jours avant que de commencer à sécher et à se refermer doucement, et parallèlement ma chatte adorée retrouvait peu à peu sa vitalité. Son poil à retrouvé son soyeux et sa douceur, et elle a recommencé à jouer avec tout ce qui traine… Bon d’accord, ce n’est pas encore la forme des grands jours, mais la vitesse à laquelle elle se remet ne cesse de m’étonner. Autre point positif, s’en est finit des explorations lointaines. Mademoiselle se contente d’un périmètre de vingt mètres autour du bateau et s’est très bien comme ça ! La question que je me pose c’est, jusqu’à quand ?

Bon, cessons de nous focaliser sur ma chatte et intéressons-nous un peu à ce que fut ma semaine. Je vous rappelle mine de rien que ce blog est sensé être celui d’un navigateur solitaire, et pas celui d’un pépère à son chat-chat !

Cette semaine donc, fut consacrée à l’installation de mon nouveau régulateur d’allure. Wahou ! J’entends d’ici les cris d’enthousiasme de mes lectrices qui vont être obligées de se taper des descriptions techniques ! Mais non, c’est trop cool le bricolage avec moi, vous allez voir. Et vous savez pourquoi c’est trop cool ? Et bien tout simplement parce que je suis une quiche !

Le matos
Le début de la semaine comme vous le savez je fus un peu tourneboulé par l’état de santé de la bestiole susmentionnée, et c’est donc le mercredi matin que je prenais la direction du quartier industriel de la Isleta avec mon voisin Simon.
Simon et sa femme Jeannine sont les voisins idéaux. Outre le fait d’aimer les chats et d’être toujours prêts à gâter Touline ou à jouer les babysitteurs, ils résident à Las Palmas six mois par ans depuis six ans. Ce qui veut dire qu’ils connaissent la ville comme si c’était la leur. De plus Simon est un menuisier à la retraite, et donc un fin connaisseur de tout ce qui touche aux travaux manuels.
La veille nous avions réfléchi ensemble sur le matériel dont j’allais avoir besoin pour adapter ce fichu régulateur à la configuration toute particulière de mon tableau arrière. Car je suppose que vous l’avez remarqué, ce qui rend la Boiteuse si sexy, c’est son cul. Fin, affuté comme une lame, le cul de la Boiteuse, c’est le plus beau cul du monde ! Et forcément, le bateau sur lequel était monté l’engin n’était pas aussi bien pourvu de ce côté-là.... En tous cas il n’avait pas un tableau aussi incliné. J’allais donc devoir rallonger le support principal si je voulais pouvoir installer mon régulateur. Ce qu’il me fallait c’était deux gros tubes en inox de 500 x 30 mm pour pouvoir manchonner ce support. Ainsi que des contre-plaques solides pour fixer le tout.

Le plus grand port des Canaries
Donc ce mercredi matin, Simon et moi avons pris le bus pour nous rendre à la zone industrielle à la recherche d’inox pas cher. Car mine de rien l’inox ça coûte un bras si vous l’achetez dans les magasins dédiés à l’accastillage. Mieux vaut dans ce cas se rendre directement chez le fabricant et en plus comme les gens ici ne rechignent pas à faire dans le détail, vous avez à la fois le prix de gros et le service qui va bien.
Au passage, nous nous sommes arrêtés pour admirer la vue sur la ville depuis le toit d’un grand parking. De là-haut nous pouvions voir toute la ville... A nos pieds le chantier naval, plus loin le vieux quartier et au loin les contreforts du Pozo de las Nieves, point culminant de l’ile (1949 m).
En fin de matinée, et pour moins de 35 €, j’avais tout ce qu’il me fallait. Plus deux forets de 0,65 tout neufs pour percer le métal. Il n’y avait plus qu’à s’y mettre, ce que nous fîmes dès le lendemain.

L'expérience au travail
Là, je tiens à remercier Simon pour son aide inestimable... C’est bien simple, sans lui j’y serais encore, et en plus j’aurais tout fait de travers ! On aura beau dire, avoir comme aide l’expérience d’une vie c’est inestimable. Bref, peu à peu le bâtit du pilote s’est trouvé fixé par ses quatre chapes (j’ai appris un mot nouveau !), il ne restait plus qu’à trouver le point d’équilibre pour rendre le tout horizontal. Percer, boulonner et voilà ! Le tout nous pris tout de même six heures de boulot.
Puis ce fut le montage de système qui me permettra de naviguer à allure constante, c'est-à-dire avec le même angle par rapport au vent. Là encore je me fis aider par Thomas (un petit jeune débarqué la semaine dernière avec sa compagne Alexandra à bord de Santa Lucia, un Sangria de moins de huit mètres !), et qui possède exactement le même engin.
Il ne me restait plus qu’à fixer quatre petites poulies afin de faire passer les drosses, deux petits taquets coinceurs sur la barre, et le lendemain, je pouvais regarder non sans une certaine fierté mon nouveau coéquipier. Et après Monsieur P (pour mon pilote électrique) et miss B (mon annexe), je décidais de baptiser mon nouveau régulateur Monsieur R.
Quoi ? Qui a dit que je ne n'avais aucune imagination ? Je fais preuve de constance je vous signale ! Non mais...

Le bâtit est fixé
La semaine se termine et j’ai le sentiment d’avoir bien avancé... Je regarde ma liste dont peu à peu les lignes se barrent d’un trait, et je me dis que je commence à en voir le bout. Les prochains « gros » truc à faire seront le changement des batteries et celui de la cuisinière. En effet, j’ai décidé qu’il serait utile que je puisse enfin me faire quelque chose de chaud pendant les navigations, et pour ce faire je vais opter pour une cuisinière à gaz montée sur cardan. Celle que j’ai actuellement étant une cuisinière à pétrole qui doit prendre ses 15 minutes pour chauffer une tasse de thé, et qui comble de tout réclame que je tienne le manche de la bouilloire en permanence si je ne veux pas prendre le risque de tout renverser !

Ah, j’allais oublier... La semaine prochaine sera aussi celle de la stérilisation de Touline. Et oui, que voulez-vous, elle n’en n’a pas encore fini avec les dames en vert cette pauvre chatte ! Et moi non plus d’ailleurs...

Allez-y, moi je garde votre truc...
Le nouveau cul de la Boiteuse
Je vous présente Monsieur R !
Et encore, avec la crise le port est au 3/4 vide.