mercredi 15 août 2012

Virement de bord

07°02.535S 34°51.352W
Marina Jacaré, Brésil

Lorsque j’ai posé le pied sur le ponton vert de la marina de Jacaré, je ne vous cacherais pas que la perspective d’être dégouté à jamais des voyages au long cours m’a effleuré l’esprit. Mais je savais au fond de moi qu’il ne s’agissait là que d’une réaction normale après ces longues semaines de mer, et qu’il allait me falloir laisser passer un peu de temps pour digérer tout ça, et ne plus être justement dans la « réaction ».

De fait, un peu de temps est passé, et j’ai pu reconsidérer la question. Je ne suis toujours pas un fan absolu de la haute mer, mais je sais à présent de quoi « ça » a vraiment l’air, et le cas échéant je me sais capable de recommencer. Si besoin est. Et besoin il y a.

Vous vous souvenez sans doute qu’à cause de la politique de notre ancien Président (Honni soit son nom), le français voyageur s’est vu interdire le renouvellement de son visa, et ne dispose donc plus que de trois mois pour séjourner au Brésil, un pays dont la superficie équivaut à 12,6 fois celle de la France. On murmure qu’avec la Coupe du Monde de foot et les JO de 2016, les choses vont probablement évoluer dans le bon sens, mais toujours est-il qu’actuellement le français-marin-voyageur, s’il a l’intention de profiter des 4000 km de côtes brésiliennes, a intérêt à ne pas s’arrêter trop longtemps pour respirer l’air du temps. En clair, tous les français que j’ai croisés ici se retrouvent dans la même galère : C’est marche ou crève. Sans parler de ce sentiment d’être le dindon d’une farce dont ils ne contrôlent ni les tenants ni les aboutissants.

Donc, en arrivant à Jacaré, lorsque le fonctionnaire de l’émigration m’a demandé combien de temps j’allais rester ici, et où je pensais aller ensuite, j’ai carrément annoncé mon intention de glander trois mois à la marina avant que de sortir du pays pour filer vers le Nord et les îles de Trinidad et Tobago. Entre parenthèse, et ensuite je n’y reviendrais plus, je vous signale que ledit fonctionnaire était sincèrement désolé et parfaitement conscient de la stupidité d’une telle directive. Ostraciser tout un peuple à cause des lubies migratoires d’un nain fascisant, est parfois aussi difficile à appliquer qu’à subir, et franchement ça me rassure quelque part...

Bref, telle était donc mon intention au lendemain de mon arrivée. Il ne fallait plus me parler de navigation, et puisque le Brésil ne voulait pas me donner les moyens de rester assez longtemps pour en effleurer ne serait-ce qu’une partie, j’allais vraiment en faire le minimum. A cela s’ajoute des configurations géographiques et météorologiques qui font qu’il est bien plus aisé de remonté vers le Nord, que de descendre vers le sud.

C’était sans compter sans le hasard des rencontres qui fait le sel d’une vie. Au même titre que Philippe, qui sut me faire changer d’avis quant à la Patagonie, Sylvia et Francis réussirent à me persuader que Jacaré n’était pas le Brésil et qu’il serait bien dommage que je passe à côté de ce que peut m’offrir la moitié d’un continent. L’idée c’est assez rapidement faite dans mon esprit, et en quelques heures ma décision était prise : J’allais passer au moins un an en Amérique du Sud.

Alors voilà comment les choses vont se passer. Plus ou moins. Il ne me reste que mon régulateur à faire ressouder, et je devrais être en mesure de mettre les voiles vers la fin du mois. Il me restera alors deux mois, un peu moins, pour longer toute la côte et descendre jusqu’au Rio de la Plata. Là, je serais au portes de l’Uruguay et de l’Argentine. J’y passerais l’été austral, et quand les températures commenceront à baisser sérieusement, je remonterais repasser trois mois au Brésil.

Comment les choses vont s’articuler exactement pendant tout ce laps de temps, je n’en sais rien et c’est très bien ainsi. Ce que je sais par contre, c’est que je vais finalement visiter des régions sur lesquelles j’avais fait une croix lors de mon renoncement à traverser le Détroit de Magellan. Et ça mes petits amis, ça me réjouit grandement !

Allez, pour clore cette nouvelle, je vous offre quelques photos prises hier lors d’une balade à João Pessoa.

Praça Antenor Navarro
João Pessoa est une ville religieuse, et verte.
Vue de l’Hôtel Globo

16 commentaires:

'Tsuki a dit…

Dis-donc tu as photographier un arc-en-ciel d'un genre pas très commun, toi !

C'est une bonne chose que tu te sois laissé influencé par cette rencontre ; on va en profiter plus longtemps : chic alors !

cazo a dit…

C'est comme ça les manouches des mers... sitôt arrivés qu'ils pensent à repartir !! Entre toi qui m'offre la visite de l'amérique du sud par la côte et Sylvia par les terres, et mon pote brésilien d'adoption qui me parle de la vie là bas à chacune de ces visites (10 ans qu'il y habite), je voyage, m'instruis et me dépayse plus que le voyageur de tour operator !! merci les amis de raliser mes rêves !! ;-) !!!

Gwendal Denis a dit…

@Tsuki : faut dire qu'ils font quelques effort au niveau des couleurs ici... Il semble ne pas y avoir de règle. Et c'est pas plus mal.

@Cazo : Si un jour tu viens pas là, et à force de tout connaitre à l'avance, tu vas te faire chier mon pauvre vieux...

cazo a dit…

@ Gwen : Pauvre, je sais, j'assume.. mais "vieux", t'aurais pu t'abstenir !! :'( !! Certes, les voyages forment la jeunesse, et nous qui te connaissons avons bien vu que tu avais rajeuni... Mais de là à remuer le couteau dans la plaie béante !!!... Bah, pour ce qui est de se faire scier, ça peut pas être pire que sous le ciel de l'hexagone, et c'est pas parce qu'on connaît le menu et qu'on sait cuisiner qu'on se régale pas des plats préparés par d'autres...

Captainhaka a dit…

Haha ...je retrouve les accents politiques de ton ancien blog :)

Brasiiil , tchik tchik tchik !

Profites-en un maximum ... on dit que Valparaiso est une ville magnifique, mais il te faudra passer de l'autre côté.

Gwendal Denis a dit…

@Cazo : Morfond toi !

@Captainhaka : Je m'en voudrais de changer au point d'en oublier mes convictions.

Sophie L a dit…

Ça n'est pas virer de bord, ça, c'est s'adapter au vent... Faire évoluer ses projets en fonction de ses expériences et ce qu'on apprend des autres, c'est ça la vraie sagesse! ;)

...toussaint a dit…

Aïe carajo, je m'étais dit que peut être on aurait fumé un bon Cohiba siglo VI Cubain sur la Place de la Cathédrale de La Havane en Décembre...Tampis ce sera peut être pour une autre année...Bonne route camarade, suis ton inspiration...
Cordialement

Alexandra et Xavier a dit…

Bon... Nous allons reporter notre date de retrouvailles alors!
Amuse toi bien (on te fait confiance!)

Gwendal Denis a dit…

@Sophie : Moi, sage ! Si ma mère pouvait t'entendre, elle s'en étoufferait et se retournerait dans sa tombe !

@... : On va le faire, t'inquiète. Mais pas avant 2013, 2014 !

@Alexandra et Xavier : Je fais le pari qu'on passera le canal de Panama ensemble, vous allez voir !

Monique a dit…

J'aime quand tu fais le yoyo au gré des vents et des envies...Et ça nous promet de belles images!

Pour ce qui est des choix politiques ( que son nom soit honni!) je doute que le changement ( attendu?) soit pour maintenant, comme disait la pub électorale...donc ton projet me semble pertinent !!!!

Elz a dit…

C'est bien joli tout ça,
mais que devient Touline ?

Gwendal Denis a dit…

@Monique : Je ne fais pas le yoyo ma Momo, je suis libre de faire à peu-prêt ce que je veux. Le yoyo lui, est attaché à un doigt par une ficelle. Pas moi.

@Elz : Je l'ai bouffé, j'avais faim.

la Lésion d'Honneur a dit…

Sûr que c'est une bonne idée... Trinidad et Tobaggo aussi remarque ! Alors tudo bem ! Sans compter que je suis bien d'accord avec Monique... question changement, il faudra attendre...

lucifer ! a dit…


j'ai entendu dire récemment qu'à jacaré , un caïman était mort de mort suspecte : perforation intestinale .
Curieusement il avait avalé les os perfides d'un chat ...
(Elle était bonne au moins , la Touline ?)

Gwendal Denis a dit…

@La Lésion : Pour le changement, il n’y a que les naïfs qui y ont cru... Ce n’est pourtant pas faute d’avoir prévenu.

@Lucifer : Il serait mort d’une félidose.