lundi 30 janvier 2012

D’Agadir à Marina Rubicon (2)

28°51.466N 13°48.880W
Marina Rubicon

La deuxième nuit fut très différente de la première. La température était nettement plus agréable, et la mer exempte de toutes lumières. Pas un bateau à l’horizon, seulement la lune qui souriait et la phosphorescence du plancton… A ce propos, vous ai-je dit que la lune sous ces latitudes sourit quant elle est en croissant ? Non ? Et bien je vous le dis. C’est encore un moyen s’il en était besoin de vous sentir ailleurs…

A quatre heures du matin, ce vendredi 27 janvier 2012, je rallume le moteur pour compenser une pétole. Puis je m’assoupi un peu, et à 05H45 exactement je me réveille en sursaut : Quelque chose cloche.
Je regarde mon pilote, mon cap, ma voile d‘avant, tout semble aller normalement mais quelque chose cloche toujours… Et soudain je réalise que le moteur est éteint !
Je bondis sur mes pieds, mets au point mort et me précipite vers le tableau pour redémarrer. Mercedes repart comme en quatorze, mais dès que j’enclenche la marche avant, pouf, plus rien… Merde ! C’est quoi encore que ce bordel ! Je réveille tout le monde et leur annonce la nouvelle. Pendant que Jeff et Jonas se lève sans trop comprendre ce qu’il se passe, je plonge dans la couchette arrière complètement encombrée par un bric-à-brac incroyable pour accéder à l’inverseur et le démonter. Je check l’ensemble, tout à l’air de bien fonctionner… Mais qu’est-ce qui se passe encore ?
Et là j’ai une intuition, je soulève la trappe d’accès à l’arbre d’hélice pour constater qu’il ne tourne pas. C’est bon, j’ai compris, on vient de se prendre quelque chose dans l’hélice.

Ne surtout pas réfléchir !
Il était six heures du matin, il faisait nuit, je ne pouvais rien faire pour le moment. Tout le monde est retourné se coucher et j’ai repris mon quart sans même la moindre envie de fermer l’œil. Pendant un moment je suis resté à cogiter sur la probabilité que sur les milliers de kilomètres carrés que représente la portion d’océan entre le Maroc et les Canaries, pourquoi a-t-il fallut que ce soit moi qui me prenne quelque chose. Hein ? Pourquoi moi ? Et pourquoi à ce moment-là ? C’est effrayant quand on y pense.
Puis, le soleil c’est levé, mais une épaisse couverture nuageuse persistait sur l’est et j’ai dû attendre qu’il soit suffisamment haut et clair avant de me lancer dans une autre de mes grandes premières sur ce voyage : La plongée sous la coque en plein océan atlantique.

Je vous avoue que je n’en menais pas large car j’ai une sainte horreur de ne pas voir le fond lorsque je nage… C’est comme ça. Trop de films avec des monstres des profondeurs sans doute.
Mais bon, j’avais à côté de moi deux passagers et il convenait de faire bonne figure devant eux. Je me suis déshabillé, j’ai chaussé mon masque et mes palmes, me suis ceinturé avec un bout que j’ai confié à Jeff, et sans trop réfléchir à ce que je faisais (ne surtout pas réfléchir !) j’ai sauté dans l’eau.
La première surprise ça a été la température de l’eau. Je m’attendais à un truc plutôt vivifiant, à Agadir elle était de 14°, mais en fait elle n’était pas si froide. 17° je dirais. Et la deuxième surprise c’est quand j’ai plongé ma tête sous l’eau et que j’ai aperçu cette grosse corde enroulée autour de mon hélice… Ouf ! C’était donc bien ça !
Gagné !
Il me fallut tout de même une demi heure de travail acharné pour arrivé à dégagé l’hélice. Armé de mon couteau à pain (ben oui, c’est encore ce qui coupe le mieux), j’enchainais les plongées en apnée, tout en essayant de me maintenir au niveau du bateau qui dérivait. Concentré par mon travail, je ne voyais ni ne sentais les coquillages qui me déchiraient la peau…  Lorsqu’enfin j’arrivais à ôter le dernier brin de polypropylène, je pus alors rejoindre à la nage l’échelle de secoure qui pendait à l’arrière de la Boiteuse…
Je ne vous dis pas dans quel état de fatigue j’étais. Mes jambes me portaient à peine, mon souffle manquait et j’eu du mal à sourire pour la photo finale. N’empêche que je l’ai eut cette sal… saleté !
Ensuite, même pas encore rhabillé, je relançais de nouveau le moteur qui démarra au quart de tour. Brave Mercedes…
Pendant que la Boiteuse reprenait sa route, et après avoir vérifié que tout allait bien par ailleurs, je m’excusais auprès de mes passagers et j’allais piquer un petit roupillon réparateur. Avec, bien entendu, mon petit réconfort perso perché sur ma poitrine.

Dors mon Papa... Tu l'as mérité !
Depuis l’aube les côtes de Lanzarote étaient en vue, et nous nous en approchâmes tout au long du jour pour finalement doubler la pointe Papagayo vers 18H30. Une demi-heure plus tard nous étions amarrés au ponton d’accueil et reçu par deux marineros. Le soleil se couchait dans notre dos, pile poil au niveau du timing.
Les formalités prirent un peu de temps car je n’arrivais pas à remettre la main sur mon certificat d’assurance… Il faut vous dire tout de même qu’aux Canaries ils se foutent royalement d’où vous venez, si vous avez la peste, si vous transportez ou pas des immigrés clandestins, de la cocaïne ou des chattes orientales non déclarées. Ce qui leur importe le plus, c’est que vous soyez assurés !
Le temps que je fouille un peu, Jeff, Jonas et Touline se précipitèrent sur le ponton pour se dégourdir les jambes. Tous les trois couraient dans tous les sens sous les yeux ébahis des clients du restaurant qui surplombait le quai.

Lanzarote
Une fois mon certificat retrouvé, bien rangé où j’avais oublié qu’il était bien sûr, nous pûmes alors rejoindre notre place. La Boiteuse à peine amarrée, j’eu la surprise (enfin la demie surprise) de voir débarquer Norbert, de Takarii.
Norbert, c’est bien simple je le connais depuis bientôt deux ans. En effet, lorsque j’en étais à imaginer ce que serait ma nouvelle vie, j’avais prospecté pas mal de blog pour me faire une idée de ce qui m’attendais. Et parmi les tous premiers blogs figurait celui de Norbert qui avec son premier Takari avait traversé l’Atlantique en solitaire.
Deux ans plus tard, nous nous rencontrions enfin. Cool comme histoire non ?

La capitainerie de Marina Rubicon
Et j’en ai encore une autre à vous raconter (quoique si vous lisez attentivement les commentaires vous ne serez pas étonnés), devinez qui s’est pointé le lendemain matin au pied de la passerelle ? Denis Vleurinck et sa femme Michelle de l’agence Plaisir d’O, ceux-là même qui, il y a presque un an et demi, me vendirent la Boiteuse…
Et dans la même veine, Franck un ami skipper rencontré à Agadir venait prendre un verre le soir même dans le cockpit. Comme quoi je vous le dis souvent, mais le monde est décidément fait de drôle de coïncidences.

Le soir de notre arrivée, Jeff et Jonas dormirent encore à bord, et ce n’est que le lendemain, profitant de la voiture de Denis et Michelle, qu’ils reprirent leurs chemins. Pour eux, il s’agissait de leur première croisière en mer, et j’espère qu’ils en garderont un bon souvenir, même si la Boiteuse les a quelque peu malmené dirons-nous.
Mais cette traversée fut aussi pour moi l’occasion de grandes premières. Première fois avec deux personnes à bord. Première rupture de drisse de GV et première navigation au spi. Première plongée sous la coque en plein océan… Bref, moi non plus je ne suis pas prêt de l’oublier cette traversée.

On parle de moi ?
Sans oublier bien sûr Touline… Alors là, je tiens à informer son fan-club que cette chatte s’est comportée de façon admirable pendant toute la traversée. Sage comme une image, pas malade un seul instant, elle supportait sans broncher son harnais et la laisse lorsqu’elle partait en exploration dans le cockpit. Il fallait la voir se pencher pour voir l’eau qui défilait sous la coque ! Même pas peur la Touline !
Elle a même attendu d’être sur la capote d’un bateau à moteur voisin, pour faire son premier caca depuis trois jours ! Si c’est pas de la tenue ça !
Non, sans blague, elle a été super cette chatte. Et à peine arrivée elle a déjà conquis les habitants du ponton par son sans-gène et sa propension à grimper sur les bateaux et sur les gens sans invitation.

Bon, ben je crois que j’en ai terminé avec le récit de cette aventure. J’espère que ça vous a plu. Nous allons rester à Marina Rubicon jusqu’à jeudi matin, puis nous prendrons la route vers Gran Tarajal pour aller saluer quelques amis. Ensuite, ce sera Las Palmas…

Ah oui, j’allais oublier. En arrivant au port j’ai vérifié sur la carte et lorsque j’ai plongé sous la coque, il y avait quelque chose comme 1100 m de fond… Brrrrr !!!!!!

D'autres photos :

Sans commentaire

Aquaman
Dis ma Touline, tu penses à quoi là ?
La Punta Papagayo
Marina Rubicon
La Boiteuse au repos

dimanche 29 janvier 2012

D’Agadir à Marina Rubicon (1)

28°51.466N 13°48.880W
Marina Rubicon

On y go !
Contre toute attente, la douane marocaine fut relativement gentille avec nous. A peine avons-nous eu droit à quelques questions pièges et à une fouille visuelle du bateau. Entendez par là que le douanier ouvre grand ses yeux au milieu du bateau, demande si l’on n’a rien à déclarer, fait un tour sur lui-même et repart. La seule chose qui semblait le faire tiquer, c’est que je disposais d’une carte des côtes marocaines allant presque jusqu’à Dakhla… C’est-à-dire aux limites d’une zone qui est officiellement déclarée pacifiée, mais toujours sous gouvernorat militaire, et où la tension avec les indépendantistes sahraouis existe encore belle et bien… Mais bon, nous n’avions aucune intention de nous rendre à Dakhla, ayant pour ma part par-dessus la tête du Maroc.

13H45, nous larguons les amarres et c’est parti ! Le temps est un peu gris à cause d’une dépression stagnant juste au dessus de la baie d’Agadir, mais les prévisions nous disent qu’elle devrait s’estomper et disparaitre dans le courant de la nuit. Touline est enfermée dans sa cage, Jeff et Jonas sont fin prêts, la Boiteuse arbore son grand pavillon spéciale départs et arrivées. Je sonne de la corne comme à mon habitude pour saluer le port et les gens qui m’ont accueilli, mais le port est quasiment vide et la seule personne à assister à notre départ est un policier, qui nous salue de la main tout en nous souhaitant bon voyage.

Prétentieux !
Nous passons les feux de la jeter et mettons cap au 220°. Au loin, je distingue la voile de Gitana XV, et je me dis que ce serait vraiment du bol si nous pouvions nous croiser un peu de façon à ce que je puisse pendre des photos… Et effectivement, celui-ci ne tarde pas à faire route droit sur nous, voiles ferlées et suivi de près par son zodiac d’assistance. Je fais marcher la boite à image, nous saluons du geste et de la voix, mais ces messieurs semblent en conciliabule quant à la séance du jour et nous ignorent complètement !
Sympa… Les « pros » ne saluent pas les vulgaires vagabonds des mers, il y a des valeurs qui se perdent moi je vous le dis !

Devant nous, la dépression génère quelques grains. Le vent qui nous fait face augmente en intensité, et la GV (Grand Voile) faseye d’une façon qui ne me plaît guère en faisant un bruit que je ne lui connaissais pas. Peut de temps après, j’entends comme un « chlang », suivit d’un froissement encore plus fort. Je lève les yeux et je vois que le coulisseau en acier qui retient la bordure est complètement sorti de son logement.

Ça n'a pas l'air d'aller vous deux ?
Aïe, ça commence bien me dis-je.
Je bondis sur le pont et entreprends alors d’affaler ma voile, de la sortir complètement de la bôme pour enfin la réenfiler dans le bordel et de la re-hisser en prenant un ris pas la même occasion. Ouais, tout ça en même temps.
Pendant que je m’affaire, la pluie commence à devenir horizontale et au bout d’un quart d’heure, c’est complètement trempé que je réintègre le cockpit où m’attendent mes deux passagers. Je les rassure, tout va bien, je maîtrise… Mais je n’ai plus un poil de sec.

18H40, la nuit est tombée et nous papotons tous les trois à l’abri de la capote quand soudain retenti un gros « chtong » suivit de près par un barouf énorme, comme si un géant s’emparait de ma GV et la froissait entre ses mains. Là, c’est clair que c’est plus grave qu’un coulisseau sorti de son logement…
Je braque le faisceau de ma lampe frontale sur ma GV, et je la vois à moitié affalée. Je cherche la drisse… et ne la trouve pas ! Merde, la drisse de GV vient de casser.
Pas le temps de réfléchir, sans un mot pour mes deux passagers, je bondis sur le pont pour ferler ma voile avant que le vent n’en fasse de la charpie. Pendant que je m’affaire, Jeff et Jonas se demandent bien se qui se passe et ce n’est que mon travail accompli que je peux leur expliquer qu‘on est un poil dans la merde…

Touline par contre, ça va !
Les faits sont les suivants : On n’a plus de Grand Voile, juste un petit Foc de 24 m² à l’avant et pas assez de gasoil pour faire la traversée uniquement au moteur. Alors soit on fait demi-tour et dans six heures on est rentré à Agadir avec tous les ennuis que cela suppose avec l’émigration. Soit on continu mais ça va être un poil plus long. Sachant que si on plante le moteur et le foc par la suite on se retrouvera vraiment dans la merde…
Mes deux comparses sont partants. Jeff est enthousiaste et Jonas un peu moins… Mais suit tout de même le mouvement. Moi je m’accorde quelques minutes de réflexion supplémentaires, puis jugeant finalement que même si on cumule les emmerdements on ne sera jamais en danger de mort ni jamais très loin des côtes et toujours à portée des secoures, je décide de continuer.

Et c’est donc au moteur que nous passons notre première nuit en mer. Jonas et Jeff ne sont pas très vaillants car le mal de mer les barbouille un peu, mais ils prennent cependant leurs quarts respectifs. Jonas de 21H00 à 00H00. Jeff de 00H00 à 03H00, et moi à partit de 03H00 jusque vers le milieu de matinée.

Le jeudi 26 janvier à 10H00, je coupe le moteur et nous n’avançons plus qu’avec mon misérable petit Foc et un petit F2 du Nord. La Boiteuse se traine entre trois et quatre nœuds, ce qui est indigne d’elle étant donné les conditions idéales de navigation que nous avions, 


Ce fut alors une journée que je qualifierais de… A la fois tranquille et mouvementée. Tranquille parce qu’il faisait beau et que le temps s’écoulait de façon agréable. Mouvementée car avec la houle du nord et le peu de vitesse que nous avions, la Boiteuse roulait du cul comme une prostituée. Mais bon, le moral était bon, et mes deux passagers ont même retrouvé un semblant d’appétit vers midi.

Nous eûmes même droit à la visite d’une bande de dauphins, des blancs-bleus. Jeff et Jonas étaient aux anges devant ce spectacle qui était une première pour eux…
D’ailleurs voici une petite vidéo de ce moment toujours aussi magique pour moi…



Sur les coups de 13H00, je décidais qu’il était temps de faire un essai avec mon spi… depuis le temps que ça me démangeait ! Le vent était parfait,  à vue de pif moins de dix nœuds au grand largue (trois-quart arrière si vous préférez), et la mer pas trop houleuse… J’en informe les deux autres et je commence à installer mon bazar. Je cafouille un peu au début, mais les gestes que j’ai répété dans le port d’Agadir me reviennent vite en mémoire. Quelques minutes plus tard tout est prêt, il n’y a plus qu’à déployer l’engin… Et tadaaaaaa !

C'est bôôô....

Aussitôt la Boiteuse tirée pas ces 65 m² de toiles, se met à sauter par-dessus les vagues. Je regarde le GPS et celui-ci, après quelques réglages de la sensibilité du pilote, commence à grimper… 6,5... 7,8... 8,5 nœuds ! Putain ça dépote !
La Boiteuse file comme une bienheureuse mais moi je vous avoue que j’étais un peu à cran… C’est que mine de rien j’ai quelques mauvais souvenirs avec des spis, et je sais que ces voiles-là ça peut vous foutre un bateau au tapis en moins de temps qu’il ne faut pour le dire.
Du coin de l’œil je surveillais la mer, et au loin j’aperçois des frisotis qui ne m’inspirent pas vraiment confiance… Bon les copains, c’est bien joli tout ça, mais je crois qu’on va remballer !
Et c’est ce que nous avons fait. Cependant je garde une excellente impression de cette première fois, et il me tarde de pouvoir envoyer de nouveau cette magnifique voile…

Mais ? Tu fais quoi là ?
Deux autres petites anecdotes méritent d’être citées car elles ont agréablement colorées cette journée. La première c’est quand Jef m’a demandé candidement comment il pouvait faire pour se laver…
Je ne sais pas trop la tête que j’ai dû faire en l’entendant, mais je peux vous jurer que j’étais sur le cul. Se laver ? Mais pourquoi faire ? Ca peut pas attendre deux jours qu’on arrive ?
Et ben non, ça ne pouvais pas attendre… Et le Jeff est allé se débarbouiller sur le pont avec sa bouteille d’eau douce et son savon. Au début, un peu énervé par l’incongruité de sa demande, je vous avoue qu’à la fin, de le voir en caleçon en train de se passer le savon sous les bras, j’étais mort de rire !
La seconde bonne partie de rigolade c’est quand j’ai piqué un bout de son sandwich à Jonas… What is it ? Lui demandais-je tout en enfournant goulument ledit bout. Et c’est là qu’il me répond « Cheese-banana » ! Gloups ! J’ai avalé, mais je peux vous dire que les finlandais ont vraiment des goûts bizarres !

Bon sinon, rien d’autre à dire sur cette journée… Si, tout de même, après avoir observé le haut de mon mat à la jumelle, j’ai pu voir que c’était le manillon de la manille de ma drisse qui avait cédé, et que la manille elle-même était restée coincée dans le réa. En clair, ça allait être beaucoup plus simple pour la récupérer.
N’empêche, je suis resté un long moment à la regarder cette foutue manille… On aurait dit qu’elle me narguait, là haut, tout en haut du mat… Je la voyais distinctement qui dépassait et qui semblait me dire que je n’aurais pas les c… le cran d’aller la chercher. Et elle avait raison la bougresse ! Ça allait devoir attendre que nous soyons tranquillement dans un port, et qu’on me prête le matériel adéquat pour que je puisse la récupérer.

Suite au prochain épisode !

D'autres photos.

Jeff et Jonas au début...


Le lendemain matin...
ils font moins les fiers !
Mais euh.... Y'a quoi là dessous ?

mercredi 25 janvier 2012

On y go !

30°25.322N 09°37.025W
Agadir

Mais oui Touline, on y va...
Bon, après quatorze appels téléphoniques, trois mails et presque une semaine de foutue en l’air, le virement que j’attendais a enfin été fait. Ce qui ne m’empêche pas, je vous l’avoue, de l’avoir toujours aussi mauvaise… J’en ai particulièrement contre ces foutues plateformes téléphoniques qui prennent bien soin de ne pas vous soumettre plusieurs fois le même interlocuteur dans la même journée, ce qui vous oblige à répéter encore et encore la même histoire. De même, si je pouvais avoir entre les mains le type avec deux de tension qui m’a répondu lorsqu’enfin on m’eut passé mon agence… Grrrrrr !!!
Je n’oublie pas non plus que tout cela ne serait pas arrivé si la marina avait disposé d’un terminal CB. Agadir se targue de vouloir devenir le Saint Tropez de la côte atlantique marocaine, qu’elle commence d’abord par entrer au vingt et unième siècle, après il serra toujours temps de se la péter…

Mais bon, c’est presque fini, dans quelques heures la Boiteuse et son équipage aura appareillé, laissant derrière elle les mauvais souvenirs. Un équipage qui s’est enrichi d’un membre supplémentaire depuis hier en la personne de Jonas, un jeune finlandais de vingt ans. Celui-ci s’était tout d’abord présenté juste après un couple de polonais que j’avais réussi à « placer » sur un bateau voisin en partance lui aussi pour les Canaries la semaine prochaine. Sur le moment j’avais dis non,  pensant qu’à deux (plus Touline) cela allait être assez… Et puis lorsqu’il est repassé hier, j’ai craqué. Si on était deux on pouvait très bien être trois… Non ?

Donc depuis hier Jonas a rejoint la Boiteuse et nous partons donc tous les trois en tout début d’après midi. Enfin, si la douane ne nous fait pas des misères bien sûr… Ce qui est presque couru d’avance étant donné mon profil et celui de mes passagers. D’ailleurs, on peut même dire que les misères ont commencé, puisque hier au soir, il était 23h30, le gardien     accompagné par un type que je ne connaissais pas dans un uniforme vaguement officiel, à toqué sur le pont de la Boiteuse. Nous venions de nous coucher et j’ai dû me rhabiller pour m’entendre dire que Jonas ne pouvait pas dormir à bord puisque il avait omit de se présenter à la police pendant la journée…
Là, j’ai faillis m’énerver.

Il faut vous dire, qu’ici au Maroc, sous prétexte de lutte contre le trafic de drogue et l’émigration, prétexte on ne peut plus fallacieux tellement la police et la douane sont corrompues, le plaisancier est comme dans une prison. Vous vous demandiez peut-être pourquoi en cinq mois je n’ai pas été fichu de prendre la Boiteuse pour aller me promener par une belle journée ensoleillée ? Et bien tout simplement parce que je n’en n’avais pas le droit. Enfin, pas exactement, mais les tracasseries administratives sont telles qu’elles dissuadent toute velléité de promenade. Le moindre visiteur, marocain ou étranger, est soigneusement contrôlé, et si celui-ci se présente en dehors des heures ouvrables vous pouvez compter sur quelques employés zélés pour jouer les informateurs auprès des autorités…
Résultat, à minuit Jonas a été obligé de prendre son duvet pour aller dormir sur la plage. Sous la pluie. Putain, j’avais honte vous ne pouvez pas savoir...

Le Maroc n’est déjà pas en odeur de sainteté auprès des marins pour des raisons de géographie et d’infrastructures. Mais à mon avis, vous pouvez rajouter la corruption, le flicage, l’incompétence généralisée et la vénalité ambiante, comme repoussoir. Alors voici un conseil, qui n’engage que moi : Amis voyageurs, passez au large ! Je suis sûr que vous arriverez à trouver un bon couscous à déguster dans un resto aux Canaries !

La suite en quelques brefs messages :

10H30 : C’est bon, le port et payé et les passeports sont partis à la douane.

12H45 : Fouille du bateau. RAS.
13H30 : Départ sous la pluie.

A dans pas longtemps !


Jonas, Touline, Jeff et votre serviteur


mardi 24 janvier 2012

En attendant le fax...

En attendant le fax, au détour d'un ponton, quelques images glanées ici ou là...

Un nouvel arrivant... de taille !
Venu passer l'hiver au soleil
Avec des trucs de ouf !
Et un skipper de renom : Sébastien Josse (à droite)
Mais le héron s'en tamponne...
Et la mouette aussi...
De même que l'équipage de la Boiteuse !
Qui patiente avec un tajine poulet-haricots verts-pommes de terre !
Qui c'est le plus heureux des deux ?
Celle-là, je voulais vous la montrer depuis longtemps !

samedi 21 janvier 2012

Toujours coincé...

30°25.322N 09°37.025W
Agadir

Franchement, c’est pas drôle. C’est même carrément chiant si vous voulez connaitre le fond de ma pensée.
Vous êtes là, fin prêt, chaud bouillant, avec une envie de bouffer des milles, et le monde moderne continue à vous faire des misères. C’est trop inzuste comme dirait l’autre avec sa coquille d’œuf sur la tête.

Je ne vais pas vous narrer par le menu les galères qui sont les miennes depuis deux jours, mais sachez que malgré une dizaine de coups de fil avec une connerie de plateforme téléphonique, trois fax et deux mails, ma foutue banque n’a pas été fichue d’effectuer le bête virement que je lui demandais de faire.
Je me retrouve donc encore et toujours coincé à Agadir, avec une furieuse envie de tous les envoyer chier. C’est d’ailleurs un peu ce que j’ai fais, car lorsque la dernière personne que j’ai eu au bout du fil m’a bien confirmé qu’ils ne pourraient plus rien faire avant mardi matin… J’ai répondu avec un léger tremblement dans la voix : « Très bien, mardi vous me faites ce virement de merde, et mercredi je change de banque. Au revoir madame. »

Voilà. Trop c’est trop, et à un moment faut arrêter de me faire chier.

M’enfin, comme dirait l’autre avec son pull vert, je ne vais pas me pourrir la vie à cause de ces cons. Je vais même essayer de prendre le bon côté des choses et profiter de cette prolongation forcée. Ce matin je me suis offert une petite séance chez le coiffeur, avec taillage de bouc. Demain je vais me faire un tajine de la mort qui tue, et lundi j’irais au hammam. Na !


Quant à Jeff (c’est Geoffrey en fait), et bien il prend les choses du bon côté étant donné qu’il s’estime déjà bien chanceux d’avoir trouvé un bateau pour les Canaries !
Mais non, je déconne… Il est bien ce garçon. Pas chiant, intelligent et désireux d’apprendre. Je lui ai filé trois bouquins pour qu’il s’instruise, le cours des Glénans et le permis côtier, et puis aussi « La longue route » de Moitessier pour qu‘il arrive à s‘affranchir des deux premiers.

Tien, il me rappelle quelqu'un celui-là...
Non, c’est pour vous que cela m’embête le plus… Un jour ils partent, le lendemain ils ne partent plus… Du coup vous me laissez plein de commentaires hyper gentils, pour rien. Et ça, ça me fait chier aussi.

Allez ! Je vais fumer mon cigare tranquillos, boire mon café et continuer à décompresser… Manquerait plus que je me fasse des nœuds au cerveau à cause de tous ces cons, n’est-ce pas ?

PS : Je présente mes plus plates excuses aux enfants qui me lisent (y’en a) ainsi qu’à leurs parents, pour les gros mots qui émaillent ce texte. Mais bon, j’ai tout de même des circonstances atténuantes : J’ai un peu les boules !

jeudi 19 janvier 2012

Mieux vaut tard que jamais

30°25.322N 09°37.025W
Agadir

Dernière soirée...
« Mieux vaut tard que jamais », je trouve en effet que c’est tout à fait l’expression qui convient pour intituler cet article... Car dès le titre le lecteur sait tout de suite que quelque chose d’attendu est enfin arrivé, et poursuivra sa lecture pour savoir de quoi il retourne. De même, le lecteur assidu, voire même l’abonné (vous avez votre abonnement au moins ?), saura immédiatement que la Boiteuse va enfin se tirer du Maroc et viendra s’enquérir des modalités de départ. Peut-être ira-t-il jusqu’à laisser un petit commentaire pour me souhaiter un bon voyage, ou même me vanner pour avoir autant trainer...
Vous l’avez compris, la Boiteuse va pouvoir enfin appareiller après cinq mois d’escale à Agadir. Toutes les factures sont réglées, les pleins et l’avitaillement sont fait, la chatte vaccinée et séquestrée dans la cabine avant (mais non, je rigole !), bref, comme dirait l’autre : Y’a plus qu’à.

Le départ est programmé pour vendredi matin, dès que ces gentils messieurs de la douanes auront finit leur inspection et m’auront rendu mon passeport dûment tamponné ainsi que les papiers du bateau qu’ils séquestrent depuis cinq mois... Mais bon, ça j’attendrais d’être en dehors des eaux territoriales marocaines pour vous en parler. Manquerait plus qu’au dernier moment ma grand gueule me joue des tours...

Donc disais-je, départ vendredi matin, au plus tard en début d’après-midi, tout dépendra de ces gentils messieurs cités plus haut, pour une traversée tranquille de 240 milles. La destination sera l’ile de Lanzarote que je n’avais fait que longer la dernière fois, et plus exactement la marina de Rubicon située au sud de l’ile, près de la ville de Playa Blanca (à vos cartes !) Je ne veux pas vous donner de pronostique quant à la durée de cette traversé, mais grosso-merdo ça devrait me prendre deux jours.

Ah oui, je voulais également envoyer un message perso à tous ceux qui ont reçus un joli mail bien pourri de ma part il y a quelques jours. Je suis désolé... J’ai merdouillé et un vilain spameur s’est saisi de mes données personnelles pour envoyer sa pub à la con. Pas la peine de m’engueuler, car j’ai déjà été bien puni puisque compte Hotmail est maintenant bloqué, et je ne sais pas quand je pourrais le récupérer... Donc voilà, sorry, le referais plus, promis.

A peine arrivé, il se rend utile... C'est bien !
Heu… j’ai tout de même une nouvelle de dernière minute qui risque de vous intéresser. Figurez-vous qu’alors que je commençais à me préparer à déjeuner, j’entendis quelqu’un frapper contre ma coque. Il s’agissait d’un jeune homme d‘une vintaine d‘années. Il se présenta comme s’appelant Jeff et il m’annonça tout de go qu’il cherchait un embarquement pour les Canaries, et qu’il n’y connaissait absolument rien à la voile… J’ai bien dû mettre cinq minutes avant de dire oui… Ne me demandez pas pourquoi, je n’en sais rien. Je me suis juste dit que c’était aussi un peu pour ça que j’étais parti, faire des rencontres imprévues et prendre au dernier moment des virages non programmés…

Donc, demain la Boiteuse appareillera avec un équipage de trois. Deux humain et une chatte. Avec un équipier à bord, votre Capitaine bien aimé (c’est moi) pourra ainsi se reposer pendant que le jeunot ouvrira l’œil. Touline n’étant pas, vous vous en doutez bien, réellement digne de confiance en ce qui concerne les quarts de nuit. Allez, je vous laisse.

Mon prochain article renouera avec le bête récit de navigation, genre dont vous avez perdu l’habitude depuis tout ce temps... Et franchement, ça me fait bien plaisir.

vendredi 13 janvier 2012

Rien de grave

30°25.322N 09°37.025W
Agadir

Les vaccins
Je savais que je devais le faire, c’était même quelque chose d’obligatoire, mais sur ce coup-là j’ai un peu procrastiné... Et puis lundi matin, sur un coup de tête j’ai appelé la vétérinaire. Je voulais juste prendre rendez-vous pour faire vacciner Touline, mais comme la matinée était plutôt calme celle-ci me proposa de passer immédiatement.
J’attrape ma chatte, je la fourre dans mon sac à dos, et je saute dans un taxi. Cela faisait un bout de temps que Touline n’avait pas fait un tour dans mon sac à dos... et je ne sais pas pourquoi, celui-ci semblait avoir sérieusement rétréci ! La pauvre se démenait pour sortir coute que coute de sa prison et miaulait de tout son saoul. Et moi, je faisais de mon mieux pour ignorer les coup d’œil furibonds que me je jetais le chauffeur de taxi dans son rétroviseur.

Arrivé au cabinet du toubib, la Touline sembla reconnaitre les lieux et les odeurs et se calma un peu. La véto fut enchantée de revoir cette petite souillon des rues d’Agadir transformée en une magnifique chatte au poil lustré par une alimentation équilibré et une balnéothérapie régulière. (Voir la dernière photo de l’article précédent)
Nous discutâmes un peu, et comme elle avait une clientèle plutôt composée d’expatriés (ben oui, les marocains et les animaux de compagnie c’est pas encore ça), elle connaissait sur le bout des doigts ce qu’il convenait de faire pour rendre Touline officiellement apte à voyager. En moins d’une heure nous avions fait la totale : Vaccin antirabique bien sûr, mais aussi vaccins contre la rhinotrachéite féline, la calicivirose féline et la panleucopénie féline. Tout ça en première injection qu’il faudra que je renouvèle à la fin du mois lorsque nous serons aux Canaries.
Introduction de la puce... Aïe !
Puis ce fut le moment d’insérer à ma Touline sa puce d’identification... Et là ça a été une autre paire de manche je vous prie de le croire. Bon dieu qu’elle était grosse cette aiguille ! J’en ai eut mal pour elle la pauvrette. 
Bref, Touline est maintenant vaccinée contre à peu près tout ce qui est contagieux, elle a une puce de la taille d’un grain de riz avec son numéro internationale, son carnet de santé et un certificat en bonne et due forme. La voilà prête à émigrer ! 

Enfin émigrer pas vraiment, car je suis devenu son propriétaire officiel, elle est donc française par le droit de propriété qui comme chacun sait prime sur tous les autres droits, y compris ceux du sol et du sang... (sic !) Ce qui m’a fait marrer c’est que si on lit attentivement ses papiers, à « adresse », on peut lire la Boiteuse ! Et puis aussi à l’intitulé « race » il est écrit en toute lettre : Orientale. Ca mes amis, c’est trop la classe ! 

Comme ma chatte en avait un peu baver mine de rien, j’ai fait montre d’une gentillesse à tout épreuve pour me faire pardonner. J’ai acheté une cage de transport pour qu’elle ne se sente plus à l’étroit dans mon sac à dos et qu’elle puisse regarder le paysage pendant qu’on se balade. Et puis j’ai acheté aussi une petite pilule miracle qui devrait me la rendre complètement passive pendant les douze première de notre navigation. Du GHB pour chat si vous préférez ! 

Bon, ça c’était ce qui concernait Touline... On va passer à autre chose si vous le voulez bien, même si je sais que vous êtes assez demandeurs de tout ce qui concerne cette bestiole. Mais je vous rappelle tout de même que le héro de ce blog, c’est quand même moi, et il ne faudrait pas que vous l’oubliiez ! 

Une belle journée
Mercredi je devais recevoir les housses de protections des panneaux solaires ainsi que mon nouveau taud. Je suis sûr que vous avec noté l’emploi de l’imparfait dans cette phrase et que vous en avez tiré les conditions qui s’impose dans le contexte qui est le mien... A savoir, bien sûr, qu’il n’en fut rien. 

J’ai poireauté gentiment toute la matinée, puis en me rendant à la Capitainerie pour essayer de contacter mon gentil artisan, j’appris que ce mercredi 11 janvier était un jour férié... Le jour du Manifeste de l’Indépendance. C’était bien ma chance ! Bon, les jours fériés, chômés ou pas, je respecte. C’est comme ça. Et puis je pouvais tout à fait comprendre que mon gentil artisan ait oublié que ce jour-là, il aurait à rendre visite à sa tante de Tafraout... 
Le lendemain, à la première heure, j’étais au bureau pour rappeler mon gentil artisan à ses devoirs. Naïma, la secrétaire de la Marina, transmit en arabe mes inquiétudes, mais aussi ma colère lorsque j’appris que mon plus-gentil-du-tout artisan ne comptait me livrer que le lendemain vendredi ! 
Hélas, je n’avais pas vraiment le choix... Moi qui comptais prendre la mer ce jour-là, je ne pouvais décemment pas partir sans avoir au préalable vérifier que ma commande était conforme en tous points avec mes désirs... J’étais furibard. Je pestais devant qui voulait l’entendre sur le je-m’en-foutisme général, l’irrespect, l’insulte même, qui m’était faite... J’avais l’impression que tout se liguait contre moi. 

Tu vas cracher oui !
Rajoutez à cela un autre problème de taille qui concerne le paiement de mon séjour à la Marina d’Agadir... Là, je le reconnais, c’est de ma faute. Je vous la fais courte, mais j’ai dépassé le plafond de ma carte de crédit, et je n’arrive pas à faire un virement bancaire pour régler ma note, mon compte n’étant pas fait pour ça (le con !). Donc, jusqu’à mardi prochain je ne pourrais plus rien retirer, et je suis comme qui dirait coincé. J’ai tout essayer pour me procurer du liquide (forcément du liquide !), tout ! Hier j’ai fais onze banque à la recherche d’un simple TPE ! Un sabot ! J’ai envoyé un mail, j’ai téléphoné pour que mon plafond soit relevé, le virement accepté... En pure perte. 

Alors hier au soir alors que je m’octroyais un moment de tranquillité en fumant mon cigare et en sirotant un café en terrasse, j’ai réalisé qu’il ne m’avait pas fallu longtemps pour retomber dans ce travers bien occidental qu’est l’impatience. Je m’étais figuré que tout allait se passer comme je l’avais prévu, organisé, et je ne supportais pas que la vie aille à l’encontre de cette organisation... Bref, malgré ce que m’avait enseigné Paola, une amie psychologue, je n’étais plus dans la maitrise des choses, mais dans leur contrôle. 
Et ça, c’est pas bien. Car vouloir contrôler les événements est à la fois illusoire, mais aussi source d’anxiété. Donc hier au soir, j’ai vu enfin clair à travers les volutes que dessinait la fumée de mon cigare. J’allais cessé de vouloir à tous prix partir le plus vite possible. J’allais prendre les choses comme elles viennent. Mon taud et mes housses arriveront quand elles arriveront, mon fric également. Et lorsque tout cela sera au clair, et bien je partirais... Ca sera peut-être demain, ou bien la semaine prochaine, et tout cela n’est pas bien grave...

C'est quand même autre chose...
Et puis ce matin, comme si cette prise de conscience avait besoin d’être récompensée, le de-nouveau gentil artisan était la poupe de la Boiteuse avec sa marchandise. 

Matez moi un peu ça ! Elle n’a pas de la gueule ma Boiteuse avec son tout nouveau taud de protection et ses housses assorties ? 

Bon, ce n’est pas exactement la couleur que j’avais demandée, ni les finitions que j’avais demandées, ni même les dimensions que j’avais demandées... Mais c’est pas grave. Rien n’est vraiment grave... 

Je crois bien que je vais me répéter ça jusqu’à la fin de ma vie... Et c’est pas plus mal. 

Quelques photos supplémentaires

Wahou... C'est beauuuuuu...
Touline, dégage de là ! Papa bosse !
J'aime bien ce nouveau ciel...

lundi 9 janvier 2012

Boudiou !


30°25.322N 09°37.025W
Agadir

Au boulot !
Boudiou ! On est déjà le neuf du mois ? Comme le temps passe vite quand on a des choses à faire !
C’est que je n’ai pas chômé pendant cette semaine, je vous prie de le croire. Enfin... je suppose que mon appréciation d’une semaine laborieuse est quelque peu éloignée de ce que la plupart d’entre vous vivent au quotidien. J’en ai bien conscience croyez-le. Mais que voulez-vous, lorsqu’on a décidé de passer le reste de sa vie à glandouiller, une brusque accélération du rythme de vie, aussi faible soit-elle, ressemble à quelque chose de monstrueux !

Ici, la bouche d'aération fera l'affaire...
Lundi dernier, j’avais décidé de prendre le taureau par les cornes et d’attraper mon technicien en panneau solaire par le colback pour ne plus le lâcher. Mais comme je sentais que cela risquait d’être assez coton comme affaire, au dernier moment je pris une décision un peu folle... J’allais acheter tout le matériel nécessaire et l’installer moi-même !
Il faut quand même que je vous dise que question travaux manuels, je suis une quiche diplômée, d’où le côté un peu loufoque de cette décision subite. Mais bon, après en avoir discuté avec mes voisins, l’installation ne me semblait après tout pas si compliquée que ça... Et puis je me disais que si c’était moi qui installait le bordel, je saurais exactement comment c’est foutu, et à même de réparer si besoin était.

Le tube inox est fixé
Le soir même je prenais livraison de tout le matériel et le lendemain j’attaquais l’installation en commençant par tirer les câbles.
Je ne sais pas ce qu’il en est pour les autres propriétaires de bateau-maison, mais personnellement j’apprécie moyennement de faire des trous dans mon bateau... Et même si ceux-ci se situent loin, très loin, de la ligne de flottaison. C’est comme ça.
Genesis à fond dans les oreilles histoire de me mettre dans l’ambiance, je pris néanmoins ma perceuse et j’attaquais de bon cœur. Deux heures plus tard, j’en avais fini.
C’est là que je me suis rendu compte que mon frigo était vide et qu’il allait me falloir faire quelques courses. Donc, fin de la journée de travail et direction le Marché Central d’Agadir ! Et puis comme il me manquait quelques petites choses, comme des colliers de serrage, une boite de dérivation et du fil (forcément trop court !), je n’aurais pas pu aller plus loin dans mon ouvrage.

Le plus, le moins... Ok !
Le mercredi je passais ma matinée à la recherche du matos qui me manquait, et le jeudi je m’y mettais vraiment. Et quand je dis vraiment, ça veut dire que j’ai bossé de 10H00 du matin jusqu’à 18H00, sans même prendre le temps de déjeuner ni de faire de sieste ! (C’est ça qui est bien avec les paresseux comme moi, de temps en temps, mais pas trop souvent quand même, on est capable de se transformer en bourreau de travail!)
Le soir j’avais effectué les branchements et tout semblait fonctionner à merveille... sauf qu’il faisait presque nuit et que je ne pouvais pas vraiment me rendre compte si mes panneaux produisaient de l’électricité, ou pas. Et c’était en fait le « ou pas ».

Rhoooooo....
Ça, je m’en suis rendu compte le lendemain matin... L’un des panneaux semblait délivrer un chouya de jus compte tenu de sa mauvaise exposition, et l’autre semblait avaler tout ce que le premier produisait ! Et rien n’arrivait aux batteries bien sûr... Après avoir scruté avec attention mon dispositif, j’ai soudain constaté que sur un des panneaux il manquait carrément les deux diodes anti-retour ! Quel con ! Me suis-je écrié, sans trop savoir si c’était à moi que j’adressais l’insulte ou bien au type qui m’avait livré les panneaux sans les vérifier.
Je saute alors sur mon téléphone et j’avoine le technicien, le sommant de rappliquer au plus vite pour me réparer tout ça. Ce qu’il fit, mais pas avant le lendemain après midi, bien sûr.

Bref, on est lundi, et une semaine après le début de l’installation, tout fonctionne à merveille ! Sauf que pour la première fois depuis je ne sais combien de semaines ou de mois, le soleil a décidé de rester planquer derrière des nuages ! Grrrr...

La Bête
Cela dit, tout ne fut pas que galères durant cette semaine. J’ai reçu d’agréables nouvelles en provenance du Québec, où l’entreprise qui fabrique le régulateurd’allure Jean du Sud dont j’ai besoin a gentiment répondu à ma demande d’information. Pour vous la faire courte, en six semaines ils vont pouvoir fabriquer mon engin sur mesure et me le livrer à l’aéroport de Las Palmas.
Alors pour ceux qui se demandent ce qu’est un régulateur d’allure, je vous la fais courte : Il s’agit d’un appareil qui se fixe à l’arrière du voilier et qui lui permet de garder un angle constant par rapport au vent. En plus simple encore, c’est comme un pilote automatique mais qui marche sans électricité.
Vous voyez un peu l’utilité du truc ? Bon d’accord, c’est peut-être un poil disgracieux comme dispositif, mais je vous jure que c’est vraiment indispensable pour qui veut allez loin. Et je veux aller loin !


Autre nouvelle, comme de toute façon la météo est plutôt merdique pour les jours à venir, j’ai commandé à un artisan des housses de protections pour mes panneaux solaires ainsi qu’un nouveau taud. Un taud, c’est l’espèce de bâche qui se fixe au dessus du cockpit pour protéger votre Capitaine des ardeurs du soleil, mais aussi de la pluie le cas échéant. Et accessoirement ça fait un super terrain de jeu en forme de trampoline pour Touline.
Le tout me sera livré mercredi matin, et je prévois donc de partir le jour suivant. Ou celui d’après. On verra.

La destination de la Boiteuse et de son équipage sera in fine Las Palmas sur l’ile de Gran Canaria (voir carte), avec sans doute une petite escale à Gran Tarajal pour allez saluer quelques copains. Et avec un peu de bol, je vais même pouvoir utiliser le spi pour y aller... Mais chut, on fait comme si je ne vous avais rien dit, d’accord ?

Et oui ! Encore un bain forcé ! On en est à huit maintenant !