lundi 29 août 2011

C’est la rentrée !

30°25.322N 09°37.025W
Agadir

Youppie c’est la rentrée !

En tous cas c’est la rentrée pour l’émission « Le forum du Mouv’ » qui retrouve pour l’occasion son ancien nom d’ « Allô la planète ».

Et devinez qui sera dans l’émission d’ouverture de cette nouvelle saison ? Hein ?

Branchez vos radios mes lecteurs, le Gwen sera sur le Mouv’ ce lundi soir ! Quand exactement, je ne sais pas encore mais ce qui est sûr c’est que ce sera entre 20H30 et 22H00 heure française !

A part ça je me suis dit qu’un peu de couleur pour commencer cette semaine se serait pas mal… Aussi, au passage, je vous balance deux photos prisent ce samedi alors que je visitais le souk El Had.









samedi 27 août 2011

« Dieu, la Patrie, le Roi »

30°25.322N 09°37.025W
Agadir


« Dieu, La Patrie, le Roi »
Vous devez vous demandez, en tous cas j’imagine que vous le faites, comment ça se passe pour la Boiteuse et moi depuis que nous sommes arrivé à Agadir…

Je ne vous cacherais pas que je suis déçu. Déçu et en colère. Et cela n’a pas seulement à voir avec la ville d’Agadir. De toute façon de la ville je ne pourrais pour l’heure vous en dire grand-chose, puisque celle-ci est tellement vaste et ma cheville tellement récalcitrante que je n’ai fait que l’effleurer pour l’instant. Le moindre déplacement demande un véhicule dont il faut négocier pied à pied le tarif sous peine d’être arnaqué dans les grandes largeurs. Mais j’y reviendrais…



Une enclave...
Ma déception vient du fait, j’en suis conscient, qu’après avoir commencé à découvrir le Maroc par Essaouira, on ne peut qu’être déçu en découvrant Agadir. Ici, pas de centre historique et pour cause toute la ville à été ravagée par un tremblement de terre en 1960. Celle-ci a été reconstruite selon des plans d’architectes dits « modernes », c’est-à-dire qu’elle est surtout très moche. 
De larges et longues avenues typiques des villes nouvelles africaines, le genre de celles qui servent surtout à faciliter le déplacement des troupes et à canaliser les mouvements de foules comme les boulevards haussmanniens. Des hôtels et des résidences au luxe inouï. Des bâtiments officiels imposants complètement disproportionnés avec leurs fonctions… Bref, on est loin des ruelles tortueuses et sympathiques de la médina d’Essaouira. Mais je ne désespère pas de trouver dans tout ça des lieux valant le détour et la photo… J’ai du temps devant moi après tout.

Ça c’était pour la déception, passons maintenant à la colère.

Rappelez-vous, lors de mon passage à Essaouira je vous avais plus ou moins expliqué ce que signifiait le marchandage au Maroc… Je vous disais que c’était en quelque sorte un concours d’intelligence, une façon d’obtenir ou pas le respect de son vis-à-vis, etc.
Je vous l’avoue maintenant, cette explication que je vous avais servie telle qu’elle, ne m’avait convaincu qu’à moitié…

... pour privilégiés.
Pendant mon séjour aux Canaries j’ai retourné ce concept dans ma tête et j’ai eu beau faire, à chaque fois je suis arrivé aux mêmes conclusions. Selon mes critères, c’est du vol, point barre.
Après on peut disserter sur les motivations qui poussent une population pauvre à vouloir voler de « riches«  touristes. On peut même, je pense, arriver à légitimer tout ça au regard de l’énorme fossé qui sépare les classes sociales de ce pays… Et de sa gouvernance.

Car ne nous leurrons pas, le Maroc est une dictature. Et j'ajouterais même, une dictature pourrie. Comment appeler autrement un pays où les richesses sont concentrées entre les mains de la seule famille royale et de ses commensaux ? Comment appeler autrement un pays qui emprisonne ses opposants ? Comment appeler autrement un pays qui institutionnalise la corruption, le blanchiment d’argent et le trafic de drogue ? Comment appeler autrement un pays qui spécule sur la misère de son peuple ?
Moi j’appelle ça une dictature pourrie, et je défie quiconque de trouver une autre appellation.

Très privilégiés...
Alors je sais, la dernière fois que je suis sorti du sentier strictement balisé du carnet de voyage, j’ai eu droit à un commentaire cinglant d’une lectrice qui s’offusquait de me voir ainsi prendre parti pour une cause… Cette dame (je pense que s’en était une) croyait sans doute que le marin voyageur ne se nourrie que de couchers de soleil et de parades delphinesque, gardant en permanence son cerveau en mode je-me-la-coule-douce-et-je-fait-baver-d’envie-les-copains.

Et bien ce n’est pas mon cas. Comme j’avais répondu à l’époque, je n’ai pas quitté la France en y laissant la moitié de mon cerveau et j’ai bien l’intention de continuer à avoir un regard critique sur les choses. D’ailleurs c’est bien simple, le jour où vous ne me verrez plus avoir ce regard, abattez-moi et coulez la Boiteuse car cela voudra dire que tout ce j’ai fais depuis mon départ n’aura servit à rien.

Donc, pas de bol pour ceux qui pensaient qu’il ne s’agissait que d’un écart passager, je réitère la chose.

Décalage
J’ai réalisé où je me trouvais vraiment lorsque je suis arrivé dans la marina d’Agadir en fait… Enfin non, le lendemain plus exactement, lorsqu’à la question d’un chauffeur de taxi qui me demandait à quel hôtel j’étais descendu, je luis avais répondu sans autre précision que je logeais à la marina, tout de suite le ton du chauffeur a changé… Je vous jure qu’on pouvait sentir le respect et la peur transpirer à travers ses phrases… Une déférence dégoulinante qui pour le coup m’a extrêmement surpris, et j’ai eu toutes les peines du monde à le détromper et à lui faire comprendre que je n’étais qu’un péquin de base.

En fait l’explication d’un tel comportement je l’ai eu plus tard. Figurez-vous que les appartements qui jouxtent la marina sont loués à près de 3500 dirhams par jour (le salaire minimum au Maroc est de 2000 dirhams/mois), et ne profitent qu’à de riches nababs, notamment saoudiens, qui viennent une ou deux fois l’an s’encanailler à Agadir. S’encanailler, ça veut dire : Alcool et putes.
Et à qui appartiennent ces appartements ? A Sa Majesté Mohamed VI en personnes. Et les boutiques Zara, Mango et compagnie sont à un autre membre de sa famille.

M6
Là pour le coup, j’ai été choqué. Ma fibre militante n’a fait qu’un tour et depuis je ne décolère pas. La moindre Porsche Cayenne qui passe me fait bondir, chaque fois que je vois un portrait de M6 (c’est comme ça que les jeunes l’appellent), je vois celui du premier des corrupteurs et par conséquent le premier corrompus… Bref, à l’image de la Tunisie, de l’Egypte, de l’Algérie, le Maroc est donc une dictature qui fonctionne de la même façon que les autres : La religion comme alibi, la peur comme outil.

Le Maroc ne sera donc pas mon nouvel Eden, car je ne pense pas pouvoir m’installer dans un pays et faire comme si je m’accommodais de tout ça. A moins d'y rester pour aider à y mettre le feux, mais ça c'est une autre histoire. D’ailleurs que penser de ceux qui viennent profiter du soleil et feignent d’ignorer ce qui se passe ? Complices en quelque sorte… Donc coupables quelque-part. Je suis passé près du Club Med qui borde la plage, et le spectacle de ces européens en goguette sourds et aveugles à la fois m’a révulsé. Comment peut-on se foutre à se point des autres ? Je ne sais pas…

Que faire alors ? Fermer les yeux ? Désolé, je ne peux pas. Partir ? Ca servirait à quoi si ce n’est légitimer les choses…
Ou alors on peut être tout simplement écrire ce que l’on pense vraiment et espérer, je dis bien espérer, que ces quelques mots feront leur chemin. Une pierre de plus à l’édifice de la révolution et de la liberté.

Je sais, entre ça et pisser dans un violon me direz-vous… Et bien je préfère encore écrire.



mardi 23 août 2011

De Gran Tarajal à Agadir

30°25.322N 09°37.025W
Agadir 
Le vendredi 19 Août 2011 
09H20 : Allumage du moteur, la Boiteuse est prête à se lancer. J’embrasse mes voisins les plus proches, Paxin et Maria. Ceux-ci libèrent les pointes arrières, un petit coup de marche avant… Et nous voilà parti.
La veille au soir j’ai fait la tournée des pontons pour dire au revoir à tout le monde. Ça m’a pris quatre heures mine de rien ! En passant devant la rangée de bateaux alignés je salue une dernière fois l’ensemble du port en sonnant avec ma corne. Des bras s’agitent, j’en vois qui prennent des photos (Martine, je t’ai vu ! Envoie-les-moi par mail !). 
Gran Tarajal ne me manquera pas en tant que port, mes les gens que j’y ai rencontré oui, très certainement. Tous nous formions une belle bandes d’allumés, n’ayant que le voyage et la vie simple à cœur… Bref, j’avais un peu les boules en passant les bouées du port. 
Je sais bien que j’en reverrais certains, le vaste océan n’est pas si vaste après tout. Pour preuve, juste avant de partir un type est venu me saluer. Je ne l’ai pas reconnu (moi et ma mémoire de poisson rouge !), mais lui a très bien reconnu la Boiteuse. Nous nous étions croisé l’année dernière à Bandol alors que je rentrais de Marseille. C’est vous dire que le monde est petit. 
Ou que les routes sont les mêmes pour tout le monde, au choix. 
Hasta luego Gran Tarajal !
Dehors, le vent est faible, proche de la pétole. Pas de houle, juste quelques petites vagounettes. J’avance au moteur, ma GV avec 2 ris en appuie. 3,5 nœuds avec le vent dans le pif… La Boiteuse caracole, cahote plutôt, le tangage ayant pour une fois remplacé le roulis. (Trouvez un dictionnaire pour faire la différence !) 
J’ai sans doute été un peu présomptueux en pensant qu’il ne me faudra que deux jours pour faire les 260 milles qui me séparent d’Agadir… Le vent est pile dans mon axe et quand je dis vent, il s’agit plutôt d’une brisounette. Cela fait plus d’un mois que je suis aux Canaries, et c’est la première fois que je vois aussi peu de vent sur la zone. Bon ok, j’ai choisi de partir aujourd’hui parce que justement le vent allait baisser, mais à ce point là… 
14H00 : J’enlève un des deux ris et je coupe le moteur. Cap au 80°, je me traîne péniblement à 3,4 nœuds avec un petit F2 Beaufort… Grrr, ça change des F6 au portant c’est moi qui vous le dis ! 
 En plus je ne vais même pas dans la bonne direction. 
16H30 : Alors que je somnolais allongé dans le cockpit, j’entends des soufflements familiers… Dauphins ! Ils sont là, une trentaine, à escorter la Boiteuse. Je saute sur mon APN et j’enclenche la vidéo que voici. 
Bon, je sais que j’ai toujours l’air aussi crétin devant un tel spectacle, limite bêtifiant, mais que voulez-vous, il n’y a pas d’âge pour s’émerveiller ! Et c’est tant mieux. 
18H00 : Je vire de bord au 340°, comme ça je vais pouvoir faire un peu plus de Nord, et éviter de me retrouver sur les côtes du Sahara Occidentale lorsque je me réveillerais demain matin… Si je dois louvoyer comme ça tout du long, on n’est pas arrivé, c’est moi qui vous le dis. Ca craint. Je vais laisser passer la nuit, et en fonction de ma position demain matin, je vais devoir prendre une décision… 
Lanzarote
20H30, J’ai droit à un magnifique couché de soleil. Dès que celui-ci à disparu la température chute brusquement et je suis obligé de m’habiller pour la nuit. Veste et pantalon de quart. J’ai une légère nausée et pas vraiment faim. Je dîne d’une poignée de fruits secs. 
20H35 : J’ai à peine fini d’avaler mes cahuettes que le vent se lève soudainement, et plutôt frais ! En quelques secondes je passe de 2,5 à 5,5 nœuds et le bateau gîte furieusement. Incroyable ! La nuit est tombée et je peux apercevoir des halos lumineux sur les deux côtés du bateau. Maroc et Canaries, je suis pile au milieu. 
Le samedi 20 Août 2011 
07H15 : J’allume le moteur pour recharger les batteries. La nuit c’est bien passé. J’ai sommeillé par tranches de 40 minutes, me relevant pour épier ces putains de chalutiers qui ratissent le plateau continental… Même si j’ai fait gaffe de rester dans la zone des 1000 mètres de fond, je n’étais pas tranquille. 
Leche-Leche du matin
09H00 : Je devrais le savoir depuis longtemps, la perfection n’existe pas. Si elle existait, ici et maintenant, j’aurais du vent dans la bonne direction et pas de houle… Hélas, il ne peut y avoir que deux options dans cette mer, pas trois. Soit il y a du vent, et la mer devient agitée et scabreuse. Soit il n’y en a pas et la traversée devient presque confortable mais longue… Très longue. 
C’est comme aller chez le dentiste. Qu’est-ce qui est mieux ? Souffrir un bon coup et pas longtemps, ou bien souffrir beaucoup moins mais longtemps ? 
Définitivement la première. Je préfère en prendre plein la gueule pendant deux jours que de me faire chier pendant quatre… M’enfin, je dis ça maintenant… S’il faut je dirais exactement l’inverse dans de toutes autres conditions. 
Tout ça pour dire que ce matin j’ai sérieusement envisagé de me dérouter vers Lanzarote ou la Graciosa. Et puis finalement non, je vais continuer. J’irais jusqu’au bout, même si ça me prend une semaine, et je pourrais inscrire ça dans mon petit livre à expériences. Je pourrais dire qu’après avoir tutoyé le diable à Essaouira, j’aurais connu la chiantitude des anges pour venir à Agadir ! 
10H00 : J’ai parcouru 78,24 milles en 24 heures… On est loin des performances du mois dernier ! Je vire mon dernier ris. La Boiteuse est maintenant toutes voiles dehors. 
12H50 : Je déjeune d’un bout de fromage et de deux œufs durs. C’est tout ce que je peux avaler tant j’ai la nausée. On ne peut pas dire que j’ai le mal de mer, non. Mais je ne me sens pas bien. 
Tant mieux si la route est longue...
16H00 : La houle commence à se lever. Ah ? Est-ce à dire qu’on va enfin avoir du vent ? Et oui, quelques minutes plus tard Môssieur Eole daigne montrer le bout de son nez. La Boiteuse bondit et file à 4,5 nœuds droit sur Agadir (ou presque !). Je peux enfin faire la route que j’avais imaginée dans ma tête. 
20H00 : Allumage du moteur et des feux. Nuit. 
Le dimanche 21 Août 2011 
05H55 : Je me réveille en sursaut. Quelque chose cloche. Allez savoir à quel niveau de la conscience, ou de l’inconscience, cela se passe, mais il semblerait que la moindre variation dans la bonne marche du bateau fasse sonner comme un système d’alarme dans ma tête… Je jette un œil sur le pilote et je vois que celui-ci clignote. Il s’est débranché faute de courant électrique… Il est temps de refaire le plein d’énergie. J’allume le moteur et j’en profite pour mettre un peu de Nord dans mon Est. 
40° de gîte...
08H00 : 40° de gîte… Je ne sais pas si vous vous rendez compte de ce que cela représente exactement… Au quotidien je veux dire. Pour passer d’un bord à l’autre du bateau (à l’intérieur comme à l’extérieur) cela tient de la varappe, voire de la progression reptilienne. On réfléchit avant de se mouvoir et on pèse bien l’utilité réelle de ce déplacement… C’est épuisant. 
10H00 : 80,91 milles de parcourus en 24 heures… Un poil mieux qu’hier. Difficile de faire des prévisions à ce stade, mais logiquement je devrais arriver (à ce train-là) dans la nuit de lundi à mardi. 
11H30 : J’ai remplacé une manille de poulie du chariot de Grand Voile… Je sais, vous vous en foutez, mais ça m’a occupé pendant bien dix minutes ! 
12H00 : Je déjeune. Premier « vrai » repas depuis 48 heures. Est-ce que je m’amarine enfin, ou bien est-ce les deux comprimés de Sturgeron que j’ai pris depuis hier au soir qui font effet ? Les deux peut-être. En tous cas, je rempli mon estomac avec autre chose que des fruits secs, et c’est déjà pas mal. 
16H20 : Enfin du F4 ! Bordel ! Les chandeliers dans l’eau, la Boiteuse avance comme elle aurait du si la météo ne s’était pas plantée. Pour la direction des vents, c’était plutôt bien vu, mais pour la force elle repassera la Marine Américaine ! 
Moi je surf dans les vagues !
18H00 : C’est l’heure de faire le point. J’avise un chalutier sur tribord avant qui se dirige vers le Sud… C’est bon, on va se passer loin l’un de l’autre. 
Je fais mon point et je trace ma position sur la carte, et lorsque je remonte : Argh !!!! Il est là ! Juste devant moi cet empaffé, en train de trainer son bon dieu de chalut de tribord vers bâbord ! 
A croire qu’il a fait exprès (forcément) de faire demi-tour pour me raser les moustaches ! J’abats en urgence. Ouf, ça passe… Et alors que je lofais pour reprendre ma route, une bande de dauphins vient jouer dans les vagues autour de la Boiteuse. Sans doute devaient-ils se dire : « L’a eut chaud au fesses l’humain hein ? ». 
20H00 : Allumage moteur. Si je continue sur cette lancée, je devrais arriver demain en fin de journée. Et si je pouvais arriver avant la nuit ça serait pas mal… Si, si, si… Avec des si… M’enfin, on verra bien demain matin. Je commence à prendre le rythme et le temps ne me semble plus si long. C’est pour vous que je m’inquiète en fait… je suis persuadé que vous allez vous faire du souci, et ça je n’en n’ai pas envie. 
Remarquez, s’il faut ça ne vous a même pas effleuré l’esprit tant votre confiance en moi et plus grande que celle que je me porte. Allez savoir… 
Le lundi 22 Août 2011 
Encore un matin...
06H00 : Même histoire qu’hier, c’est le pilote qui m’a réveillé. Réglé comme du papier à musique la Boiteuse ! Je mets en marche le moteur et je fais un point. Pendant la nuit je me suis pas mal rapproché de la côte Marocaine. Je vois encore les lumières de ce qui doit être Sidi-Ifni. 
Va falloir que je fasse le plus de Nord possible si je ne veux pas être obligé de tirer des bords devant Agadir. 
07H15 : Pétole de chez pétole. En fait je peux faire la route que je veux puisque je suis au moteur. Droit sur Agadir ! Et dans la foulée, puisque c’est plutôt calme j’en profite pour vous faire une petite vidéo en direct du pont avant de la Boiteuse. Merci qui ? 
08H00 : Ne serait-ce pas un goéland qui vient de me survoler ? Un jeune avec les ailes tachetées de marron. Ca sent la terre ! 
09H30 : Allons-bon, v’là la brume maintenant. J’allume le Mer-veille, mon détecteur de radar. En fait c’est un détecteur de détecteur si on regarde bien… Vous croyez qu’il existe des détecteurs pour détecter des détecteurs de détecteurs ? 
10H00 : 89,6 milles de parcourus en 24 heures… C’est bien Gwen, tu t’améliores. 
Le temps qui s'étire...
10H35 : En fait, je suis content de revenir au Maroc, même si cela n’avait pas été prévu au départ. Peut-être aussi parce que cela n’avait pas été prévu au départ… J’ai été prévenu, Agadir n’a rien à voir avec Essaouira. On va être dans une marina tout ce qu’il y a d'occidentale, avec toutes les commodités, appartements, boutiques, sécurité et tout le tintouin. Pour renouer avec les parfums du souk, et bien il me faudra prendre un taxi ! 
11H15 : Par précaution, j’ai puisé une douzaine de litres de gasoil dans mes jerricans de réserve que j'ai transvasé dans le réservoir principal. C’est au cas où cette pétole se maintiendrait et que je doive terminer cette étape au moteur… Remarquez, comme ça j’arriverais avant la nuit ! 
12H00 alors que je termine un solide déjeuner, j’aperçois sur tribord avant une troupe de dauphins qui se dirige vers la Boiteuse. Ni une ni deux, je saute sur la caméra ! Et hop, c’est dans la boite ! Avec cette pétole on les voit encore mieux… 
 
14H00 : Plus que 25 milles. On en voit la fin ! Enfin, si je puis dire car pour l’instant c’est une brume à couper au couteau que j’ai devant les yeux. Pour le coup j’ai sorti le grand jeu : L’ordi couplé au GPS. Avec ça je vais pouvoir voir ma trace en direct-live. Dommage, la colline avec le gros tag publicitaire dessus aurait fait un super amer… 
14H50 : Ca s’éclaircie, mais c’est pas le top. Des casiers ou des filets commencent à apparaitre un peu partout. 
Un article sur La Boiteuse, ça commence comme ça...
15H00 : Merde ! Je viens de m’en prendre un ! Juste sur l’arrière de la Boiteuse je vois des flotteurs avec un fanion et je suis en train de trainer tout le bordel ! Je me précipite et j’éteins le moteur avant que l’hélice ne se prenne dedans… La Boiteuse s’arrête net, stoppée par sa remorque. 
Ok, je suis bon pour plonger sous la coque démêler tout ça… Merde ! 
Je descends dans le carré chercher mon masque et un couteau à dents, et lorsque je remonte… Plus rien ! Le temps que je fasse l’aller-retour, cette bon dieu de bouée s’était décrochée tout seule. Ouf ! Je remets en marche doucement au ca ou… C’est bon. 
Avec le recul je me dis que plonger en pleine mer sous la coque, n’aurait pas été une expérience très agréable. Aussi, maintenant et jusqu’à l’arrivée je vais avoir les deux yeux rivés vers l’avant et pas ailleurs ! 
16H00 : Plus que 15 milles. Arrivée prévue vers 19H00. Yes ! En plus la brume s’est levée et il fait grand bleu. 
16H20 : Un petit zéphire venu du nord se lève et accélère encore un peu la Boiteuse. Du coup je déroule le foc qui ne me servait plus à rien depuis des heures. 
Agadir nous voilà !
16H40 : Terre ! Ce que j’ai tout d’abord pris pour des châteaux de cargos sont en fait des bâtiments. Agadir ? Oui, sans doute. Peu à peu la brume se déchire et derrière ces bâtiments je vois se dessiner le contour d’une chaine de montagne. C’est l’Anti-Atlas. Eole semble vouloir me filer un petit coup de pouce et se mêle à la fête : F2-3, la Boiteuse fonce à six nœuds vers sa destination. 
J’ai presque envie de couper le moteur pour finir en beauté… Oh et puis non, ça fait quatre jours que je suis en mer et je suis un peu pressé d’arriver. Le père Eole m’a boudé toute la journée, et comme je suis un type rancunier je finirais au moteur ET à la voile, Na ! 
17H40 : Eole fait la gueule et remballe son zéphire. Il le remplace par un vent de Sud-est qui vient à l’encontre de la houle et secoue un peu le paysage. L’approche se complique car le terrain est miné ! Des casiers, des bouées, partout ! Grrr… 
18H25 : J’affale la GV et je passe les bouées du port d’Agadir. 
Marina d'Agadir
18H55 : Arrêt moteur, je suis arrivé !
Il m’aura fallu 80 heures et 26 minutes pour parcourir 296,80 milles. Soit une moyenne de 3,7 nœuds… Autant dire que j’ai pris mon temps ! 
Bilan matériel : Une manille de perdue, et c’est tout ! Oui m’sieurs-dames ! 
 Bilan physique : RAS. Je suis même plutôt en bonne forme en y réfléchissant... On va dire que c’est le métier qui rentre. 
Cela dit, maintenant que j’ai terminé de vous raconter cette histoire je crois que j’apprécierais de dormir un peu et de partir enfin à la découverte de ce nouveau port. D’où je suis ça a l’air un peu surfait, mais je me fais fort de découvrir des coins plus sympas et de vous en faire partager les saveurs. 
Bienvenue à Agadir ma Boiteuse ! 
 Quelques photos supplémentaires.

jeudi 18 août 2011

On se prépare...

28°12.394N 14°01.604W
Gran Tarajal

Juste quelques mots en passant, parce que je suis un garçon très occupé mais néanmoins poli.

Alors je vous le confirme, je pars bien de Gran Tarajal, demain matin. La fenêtre que j’avais repérée va s’ouvrir comme prévu et je devrais pouvoir bénéficier d’un petit décalage de l’anticyclone. En clair, des vents un peu plus orientés au nord et moins forts, ce qui devrait rendre la traversée un peu moins inconfortable.

Depuis hier je prépare la Boiteuse… J’ai nettoyé et rangé Miss B et rincé son moteur. J’ai fait un peu de lessive, rangé tout ce qui trainait. Vérifié le gréement, rempli le réservoir de gasoil… Bref, je ne chôme pas.
Il me reste à faire tourner un peu le moteur cet après-midi pour vérifier que tout va bien et remplir les équipets de nourriture pour trois jours.
Trois jours, c’est en prévoyant large… Enfin j’espère. C’est la première fois je crois que la Boiteuse va avoir à se taper une aussi longue course au près, et en fait comme je sais qu’elle aime ça je me doute qu’on va mettre moins de temps. La grande question c’est, est-ce que moi je vais arriver à supporter ces conditions…
Est-ce que je ne vais pas être tenté d’abattre un peu pour avoir un poil de confort en plus, même si pour cela je dois sacrifier un peu de vitesse ? Je ne sais pas. On verra.

Bon vous m’excuserez, je n’ai pas de photos à insérer dans ces lignes à part peut-être… Oui, je vais vous mettre cette jolie carte, histoire que vous sachiez ce qui m’attend !

Bon ok, c’est franchement du gâteau…


Allez faut que j’y go, j’ai encore l’avitaillement à faire. On se retrouve au Maroc !

mardi 16 août 2011

C’est reparti !

28°12.394N 14°01.604W 
Gran Tarajal 

Départ ou arrivée ?
Je ne sais pas si je vous l’ai déjà dit, et si c’est le cas c’est pas très grave, ce qui est bien avec l’écriture, c’est qu’elle permet de poser noir sur blanc les choses. Et alors même que vous ordonnez les idées pour les transcrire en mots, la solution se fait souvent corps d’elle-même. C’est comme pour les maths, la solution est à moitié trouvée si vous savez poser correctement les données du problème. 
Et encore une fois cela a été le cas avec ce qui me prenait la tête depuis quelques semaines. A peine avais-je terminé d’écrire ma diatribe précédente que déjà je savais plus ou moins qu’elle option je choisirais… Restait à faire vraiment mienne cette idée, à m’y habituer, avant de la mettre en œuvre. 

Je sais, vous allez me dire que je suis plutôt culotté de vous raconter ça. A quoi ça sert de vous demander de m’aider à résoudre un problème si je connais déjà la réponse ? Détrompez-vous, vous m’avez été très utiles ! Sans vous, sans les objections que vous formulez, sans le miroir que vous représentez, je n’aurais pas pu examiner la situation de la même manière… Donc merci à tous. 

Maintenant je vais vous faire part de ma décision, et donc de mes projets à court et moyen terme. 

Dans quelques jours, dès que la météo me sera favorable, je mettrais le cap vers Agadir au Maroc. J’ai l’intention de faire d’Agadir ma base arrière, mon havre, pour les semaines, voire les mois, à venir. 
Pourquoi Agadir ? Et bien parce que la vie y est moins chère qu’ici et il est plus facile de trouver des vols low-costs à destination de la France. Je vais pourvoir attendre sans trop dépenser la réalisation de deux opérations importantes. A savoir, la vente de ma maison et l’équipement de la Boiteuse. 

Oui je sais. Toutes et tous, vous m’avez pressé de conseils et celui qui revenait le plus souvent c’était de ne surtout pas vendre cette maison… Mais je vais le faire quand même et voici pourquoi. 

Agadir
Tout d’abord parce que j’en ai besoin. Enfin, la Boiteuse en a besoin. Pour bien faire les choses, ou même les faire moyennement, il me faudrait investir quelque chose comme 3 à 4000 € pour parfaire son équipement et être prêt à affronter la suite du voyage. 
Seulement voilà, cette somme je ne l’ai pas, et si je dois attendre de l’économiser sur les futurs loyers que pourrait me rapporter cette baraque, dans deux ans je suis encore là. 
De plus, je n’ai pas envie de me transformer en propriétaire bailleur… Pour avoir été moi-même un locataire pas toujours délicat, je sais trop qu’elle galère ce peut être que de devoir compter sur la solvabilité d’un autre. 
Enfin, cette maison c’est un peu comme la dernière amarre qui retient la Boiteuse… Une fois celle-ci coupée, j’ai l’intuition que je vais enfin pouvoir partir pour de bon. Vous le savez, dans mon esprit ce voyage n’a jamais été quelque chose de temporaire… Je veux dire par là que déjà, lorsque j’en étais à imaginer ce que je suis en train de vivre, j’avais du mal à le concevoir autrement que comme une entière rupture avec mon monde d’avant. Et maintenant que je suis installé dans cette nouvelle vie, je m’aperçois que celle-ci ne supporte que l’engagement total et complet de ma personne… Il n’y a pas de demi-mesure dans cette histoire. C’est assez nébuleux ce que je vous dis là, mais dans ma tête c’est cependant assez clair. Il n’y aura pas de retour en arrière et advienne que pourra. 

Donc la Boiteuse va remettre le cap sur le Maroc. Cette perspective m’enchante, vous ne pouvez imaginer à quel point. En effet, lorsque je suis parti d’Essaouira le mois dernier, je l’avais fait avec regret. J’avais l’impression de ne pas avoir passé tout le temps qu’il aurait fallut dans ce pays… Sans parlé du couscous que je n’avais pas eu le temps de manger, du barbier chez qui je serais bien retourné, du hammam, etc. Bref, je suis content. 

Par contre, là où ça risque d’être moins rigolo, c’est pour y aller. 250 milles au près (le vent et la houle pratiquement dans le nez), je sens que la Boiteuse et moi on va devoir se sortir les doigts comme ont dit. La navigation va être délicate et fatigante et il va falloir que je choisisse bien mon moment. 
A priori, j’ai une fenêtre le weekend prochain. Je programme donc mon départ pour vendredi matin, et je devrais arriver dans la journée de dimanche… Au mieux. Sinon le lundi. 

Voilà, chers lecteurs, la décision que j’ai prise. 

Le Skøiern...
Ah oui, sinon il faut que je vous raconte la surprise qui a été la mienne ce samedi. Alors que j’émergeais de ma sieste et que je m’apprêtais à me rendre en ville, j’ai eu la très bonne surprise de voir se profiler à l’entrée du port une silhouette que je connaissais bien, celle du Skøiern. Patrick et Anne-Marie, que j’avais eu le bonheur de croiser à Essaouira le mois dernier débarquaient pour une escale de deux jours à Gran Tarajal ! Je me suis précipité pour les accueillir, et je crois même avoir réussi à courir pour y arriver ! 

Remarquez, il n’est pas anodin que nous nous croisions de nouveau puisque le Skøiern va faire plus ou moins la même route que moi… C’est-à-dire que nous devrions logiquement nous croiser et nous recroiser tout au long du chemin vers la Patagonie ! Je n’ai donc pas fini d’en apprendre auprès de ce couple merveilleux, sur la navigation et cette vie de nomade des mers. 
Ils n’étaient pas venu seuls puisque Hanane et Julien les accompagnaient à bord de leur Dufour 35, et nous nous sommes tous retrouvés le soir devant un verre. Un bon et grand moment de convivialité comme je les aime. 

Ça veut dire Coquin en Norvégien !
Cette nuit le vent à souffler comme un dératé, m’empêchant de trouver le sommeil… Ça n’a pas arrêté de hululer dans les haubans. 
D’ailleurs il n’y a pas que le vent qui m’empêche de dormir en ce moment… Une très vieille histoire d’amour est revenue me hanter à la faveur d’un film où l’actrice principale m’a rappelé combien j’ai pu aimer dans mon passé… Bref, les boules. 

Sinon, à part ça je suis de nouveau en mode « navigation », et la liste de tout ce que j’ai à faire avant de partir défile sans cesse dans ma tête. Hier, j’ai passé l’après-midi à nettoyer mes pare-battages et à gratter et rincer Miss B et son moteur. En à peine deux semaines, vous n’imaginez pas la prolifération des algues ! C’est incroyable comme ça pousse vite ces saloperies ! Aujourd’hui je vais continuer de me préparer tout doucement de manière à être prêt à décoller en fin de semaine. Bref, après un mois de glandouille intégrale je retrouve enfin l’émulation du voyage. 

Et ça, c’est chouette.

Respect !
Patrick, Anne-Marie, Hanane et Julien... Et le rat !



mercredi 10 août 2011

Les données du problème...

28°12.394N 14°01.604W
Gran Tarajal

Avec l’âge je commence à me connaitre… Je savais que tôt ou tard, le démon du voyage (en est-ce seulement un ?) reviendrait pointer le bout de son nez. Voilà trois semaines maintenant que je bulle à Gran Tarajal, et depuis quelques jours j’ai une furieuse envie de changer de décors, voire d’horizon.

 Oui mais voilà, la chose est un peu plus compliquée qu’il n’y parait car nombreuses sont les données du problème. Et je vous avoue que j’ai beau les tourner et les retourner dans ma tête depuis un bout de temps déjà, je n’arrive toujours pas encore à dessiner quelque chose de concret.
Aussi, plutôt que de prendre le risque d’attraper une entorse au cerveau, je me suis dit qu’il était peut-être temps que je vous fasses participer un peu, et que je soumette à votre sagacité le devenir de la Boiteuse.

Alors voilà. Lorsque j’ai quitté Nice pour entreprendre ce voyage, je ne savais pas trop dans qu’elle galère j’allais embarquer. Oh bien sûr j’en avais quelques idées, mais je n’étais absolument pas convaincu que cette vie de bohème allait me convenir. Aussi par précaution, mais également par paresse, j’ai préféré garder ma maison en l’état, prête à m’accueillir si le voyage se passait mal, ou si je me rendais compte que cette vie ne me convenait pas.
Quatre mois plus tard, il est évident pour moi que j’ai pris la bonne décision. Après avoir gouté à cette vie, il m’est maintenant impossible de revenir en arrière. Je ne me vois absolument pas reprendre ma vie d’avant, avec son cortège de petites humiliations, de bassesses en tout genre… De manque de perspectives aussi. Avant je végétais dans mon 50 m² à attendre je ne sais quoi. Maintenant je ne sais toujours pas ce que j’attends, mais au moins je me bouge pour le trouver.

Donc, ma décision est prise, je vais poursuivre mon voyage. Et quand je parle de voyage, il ne s’agit pas simplement de chemin parcouru, de milles engrangés, mais également de style de vie. Avec tout ce que cela implique de précarité, de risque aussi… Bref, on est maintenant parti dans du définitif, ou du moins on va essayer.

Pour parler franchement, la descente de la côte espagnole m’a littéralement mis sur la paille. Avec toutes les avaries que j’ai pu avoir, ainsi que ce cortège de ports tous plus chers les uns que les autres, j’ai claqué en quatre mois ce que je prévoyais (peut-être naïvement) de dépenser en un an.
Il me faut donc prendre une décision concernant ma maison… Mais ce n’est pas tant la décision qui est compliquée à prendre que sa mise en application.

Ça me parait si loin tout ça...
Deux options s’offrent à moi.
Petit a, je loue ma maison. Cela me permettra de m’assurer une rente modeste (entre 200 et 250 €/mois compte tenu du crédit qui continu de courir (encore huit ans à payer)). Le problème est que celle-ci pour être louée aurait grand besoin d’un nettoyage et d’une petite rénovation… Et cela va couter des sous que je n’ai plus.

Petit b, je la vends. Cela me ferait bénéficier d’un apport massif d’argent frais qui me permettrait de mieux équiper la Boiteuse… Panneaux solaires, convertisseur électrique, voiles supplémentaires… J’en passe et des meilleurs. Problème : Etant donné la crise actuelle, je risque de ne pas trouver acheteur dans l’immédiat.

Dans l’un ou dans l’autre de ces deux cas de figure, je vais de toute façon avoir besoin de retourner en France dans les semaines qui viennent pour les mettre en œuvre. Il me faut donc ne pas trop m’éloigner de l’Europe pour pouvoir bénéficier d’un aller-retour en avion pas trop cher. Et en même temps il faut que je trouve un endroit où la vie est si possible encore moins chère qu’ici…

Je vous le disais, c’est compliqué.

Voilà où nous en sommes. Actuellement je me trouve dans un des ports les moins chers des iles Canaries, cependant le coût de la vie y est encore excessif par rapport à mon budget. Néanmoins, je suis proche d’un aéroport qui offre des vols low-cost pour l’Europe.
Si je continue ma route vers le Cap-Vert, je vais trouver de bien meilleures conditions de vie, mais je m’éloigne des lignes régulières et de la possibilité d’un aller-retour à moins de 200 €.

Reste une dernière option qui me permettrait de concilier un peu tout ça, ce serait de (re)mettre le cap sur le Maroc, Agadir pour être précis, et de m’y coller en attendant d’avoir solutionné mes problèmes d’argent. D’accord, ce serait un peu revenir en arrière, mais bon…

Donc chers lecteurs et amis, voilà les données du problème. J’ai bien ma petite idée sur ce qu’il conviendrait de faire, mais je me suis dit qu’il me serait sans doute profitable que vous participiez un peu à la prise de décision… M’enfin, au final c’est quand même moi le Capitaine, et c’est moi qui prendrait la décision ultime, mais au moins aurais-je eu la politesse de consulter l’équipage !
Car, plus que jamais cette histoire nous la vivons ensemble. La Boiteuse ce n’est pas que mon bateau, c’est aussi un peu le votre. Et après ce que nous avons déjà vécu, je serais bien ingrat de décider seul de l’avenir de notre embarcation…

Alors, à vos commentaires braves gens, et je compte sur vos bons conseils.

samedi 6 août 2011

Promenade sabbatique

28°12.394N 14°01.604W
Gran Tarajal


La Boiteuse est confortablement amarrée à son nouveau ponton… Le vent souffle du Nord, et elle n’en n’a franchement rien à battre.


Mes pas me mènent vers la plage encore ensommeillée. De rares promeneurs l’arpentent en multipliant les allers-retours… Inlassablement. A croire qu’un thérapeute quelconque prescrit des marches matinales pour soigner les jambes lourdes.


Au bout de la plage… rien que les rochers. Je grimpe, en équilibre sur mes trois jambes.


Le point de vue se découvre. Je peux embrasser la ville d’un seul regard.


Au loin, quelques arbres. Taches vertes sur fond brun.


De vieux cratères veillent sur la ville.


Sur le chemin du retour, une vision du bonheur.


Ça rentre bien ce matin et les jeunes prennent la vague.


Sous le regard de leurs belles…


Ils multiplient les exploits.

jeudi 4 août 2011

Ça n’arrive qu’à moi ! (Suite !)

28°12.394N 14°01.604W
Gran Tarajal

Capitainerie
Salut les p’tits loups ! J’ai une bonne nouvelle à vous annoncer ! Le Capitaine de la Boiteuse est indubitablement et irrémédiablement un crétin patenté.

Si-si ! Je vous l’affirme ! Jugez plutôt :

Hier, ou était-ce avant-hier je ne sais plus et on s’en fout, je décidais de déplacer la Boiteuse pour la mettre dans un recoin du port à l’abri des vents dominants. Rappelez-vous, dans l’épisode précédent je m’étais retrouvé errant au milieu du port, moteur en rade, et je n’avais dû mon salut qu’à une grosse amarre providentielle et à la chaleureuse intervention de mes compatriotes français. La raison de cette manœuvre riche en adrénaline, après analyse et retour sur expérience, avait été l’enroulement d’un corps étranger autour de mon arbre d’hélice… Deux fois d’affilée, ce qui pour le coup relève du pas de bol absolu.

Depuis cet épisode malheureux, la Boiteuse était resté au bout de son ponton… Après tout, elle se trouvait dans le bon sens par rapport au vent et je trouvais finalement que sa place n’était pas si mauvaise. J’étais, comment dire, un peu échaudé par l’expérience…

Je veux aller là !
Néanmoins, au bout d’une quinzaine de jours, et alors que j’apprenais que le port de Gran Tarajal allait accueillir début septembre, et ce pour une semaine, le plus grand concours de pêche de l’île, je me suis dit que si je ne voulais pas qu’on me demande de dégager il fallait que je profite de la première occasion pour me glisser à une place « intouchable ». C’est-à-dire au fond du port. Bien.
Donc hier, ou avant-hier, je vous ai dis que je ne savais plus et qu’on s’en foutait, je décide de bouger la Boiteuse. Cette fois-ci, je demande à Patrick de me filer un coup de main, au cas où. Le départ du ponton se fait, je l’avoue avec une honte non dissimulée, un peu à l’arrache puisque j’oublie de débrancher le cordon électrique. Heureusement le moteur répond bien et le vent est faible. Je maitrise mon bateau et parviens à le maintenir suffisamment immobile pour que Patrick débranche la prise et me la balance avant que nous n’ayons tout arraché. Ok.
La dernière amarre est sur le point d’être larguée lorsque soudain, clang, plus de moteur.
Argh ! Enfer et damnation ! Voilà que ça recommence !

Vite, le Patrick tire comme un fou sur l’amarre pour ramener la Boiteuse le long de son ponton, et mon bateau se retrouve rapidement à la même place, mais à l’envers !
Là, pour le coup, je me dis que je suis un bien piètre Capitaine, et que le diagnostique que j’avais posé sur l’incident précédent et l’état de mon moteur devait être bien foireux. J’imaginais déjà devoir faire finalement appel à un mécanicien. Je frémissais à l’évocation des dépenses que cela allait m’occasionner… Bref, j’étais mal.

Donc hier, là je suis sûr que c’était bien hier, je décide de me lancer dans la mécanique. J’ai deux moteurs à ausculter, celui de Miss B et celui de la Boiteuse.

Le moteur de Miss B.
A oui, petite parenthèse. J’ai décidé que finalement mon annexe s’appellerait Miss B. D’abord parce que le B ça peut vouloir dire plein de chose, comme Braconne ou Braconneuse, mais aussi Boiteuse. Car la loi m’impose de reporter sur mon annexe le nom du bateau auquel elle appartient. Alors on aurait pu l’appeler Mini-Boiteuse, ou encore Mini-B, mais j’ai trouvé plus sexy de l’appeler Miss B. Voilà, fin de la parenthèse.

Donc, disais-je, j’avais deux moteurs à ausculter, et j’ai commencé par celui de Miss B.
Je m’installe confortablement sur le ponton, je déploie une bâche pour ne rien perdre et ne rien salir, et je commence à farfouiller dans le petit moteur deux-temps. Je démonte le capot et cherche un peu à quoi peuvent bien correspondre les trucs et les bidules qui se cachent dessous. Je tripote un peu tout ce qui me tombe sous la main avec l’air de celui qui sait ce qu’il fait, puis je remonte le tout et j’essaie de démarrer le moteur. Après deux tirages de cordelette infructueux : Vroum-vroum ! Voilà le moteur de Miss B qui se met à pétarader !
Comme quoi parfois il suffit vraiment d’avoir l’air de savoir ce que l’on fait…

Bref, je suis content comme tout, et pour me familiariser avec la conduite de mon nouvel engin je décide de faire la tournée des copains. Vroum-vroum, voilà le Gwen tout fiérot qui parcours le port en tous sens s’arrêtant à chaque bateau où il connait quelqu’un… Un vrai gamin avec son nouveau jouet, quoi.

C'est comme ça tous les matins...
En fin d’après-midi, je me dis qu’après avoir bien rigolé il serait peut-être temps que je me lave un peu. Car oui, je ne pense pas vous l’avoir dit mais le port de Gran Tarajal possède un défaut majeur, il n’y a pas de sanitaires… Enfin si, il y en a, mais ils ne sont pas raccordés au système de distribution d’eau. Je sais, ça a l’air con dit comme ça, mais c’est ainsi. Bref, je décide de me doucher sur le ponton comme je le fais de temps en temps. Mais avant ça, quelque chose me dit qu’il serait peut-être approprié de piquer une tête dans le port avec mon masque histoire de jeter un œil sous la coque de la Boiteuse…

L’eau est à 24°C et j’y saute sans me faire prier. Je chausse mon masque (ça se chausse un masque ?) et je plonge… Et là, devinez ce que je vois ? Oui m’sieurs-dames, une de mes amarres soigneusement enroulée autour de mon arbre d’hélice !

Bon, là je pense que maintenant vous êtes d’accord avec moi, je suis indubitablement et irrémédiablement un crétin patenté. Ou bien, ce n’est pas à exclure non-plus, je suis un type qui n’a vraiment pas de bol. Car pour se retrouver, trois fois d’affilé avec la même avarie, il faut vraiment que j’ai marché dans une bouse d’éléphant comac !

La suite, vous la devinez. J’ai dégagé mon hélice, et je suis remonté sur le ponton pour prendre ma douche.
Pour ce qui est de déplacer la Boiteuse, et bien comme la matinée est déjà bien avancée, on verra plus tard… Cet après-midi ou alors demain matin. On n’est pas pressé après-tout, hein ?

lundi 1 août 2011

Des joies simples

28°12.394N 14°01.604W
Gran Tarajal

Quinze jours que je suis à Gran Tarajal, et je n’en reviens pas comment le temps passe vite…

Ce samedi matin lorsque je suis sorti pisser par-dessus la filière j’ai senti sur ma figure, et ce pour la première fois de ma vie, le fameux siroco. Il a soufflé toute la journée, ce vent chaud venu du désert africain, rendant l’atmosphère presque étouffant. C’est bizarre comme impression… C’est un peu comme si vous aviez en permanence un sèche-cheveux dans la gueule. Résultat, la température est montée en flèche et des petits 25°C habituels nous avons flirté allègrement avec les 35°C. Comme le dit une voisine anglaise, c’est une journée à adopter la « Garfield position ». Genre scotché sur la couchette, les bras et les jambes en croix !

Le dimanche, devant l’inefficacité de ma nasse, je me torturais les méninges pour savoir comment j’allais pouvoir traverser le port pour aller la déposer dans un endroit un peu plus propice… Et c’est là que m’est venue l’idée d’utiliser mon annexe ! Et par la même occasion cela me permettrait enfin d’essayer enfin mon moteur deux temps.
Faudra lui trouver un nom...
Le problème, c’est que les moteurs et moi, qu’ils soient à deux ou quatre temps, on n’est pas copain. Je n’y connais rien de rien et eux apparemment aiment à me le rappeler sans cesse.
Alors je suis allé sur internet pour rechercher la notice de mon moteur, un Mariner 3.3, afin que nous fassions mieux connaissance. J’ai trouvé ce que je voulais, et j’ai appris qu’il fallait le nourrir avec du « mélange ». C’est-à-dire un mixe d’essence et d’huile. C’est ça, rigolez bande de gougnafiers, mais moi je vous l’ai dis, je n’y connais rien de rien.
J’ai donc fait mon mélange (2%) et j’ai demandé à mon voisin Gérard de me filer un coup de main pour démarrer l’engin… Et celui-ci n’a rien voulu savoir comme de bien entendu. Je suis bon pour un démontage-remontage avec nettoyage de la bougie du carburateur… bref, j’ai de quoi m’occuper pour aujourd’hui. Ou demain. On verra.

Cela-dit, même si je n’ai pas de moteur hors-bord, j’ai des bras et des plutôt balaises (si, c’est vrai !). J’ai donc ramé jusqu’à l’autre extrémité du port pour y déposer ma nasse, juste à côté de celle de Patrick, un autre copain.
Le soir, nous jetons un œil et je constate avec amertume qu’il en attrapé deux et moi rien… Grrr !!! J’ai dû merder quelque-part, mais je ne sais pas où me suis-je dit.

Content le Gwen !
Et le lendemain matin, ce matin donc, surprise ! Deux viejas m’attendaient au fond de la nasse ! Dont une de plus de 500 g !
Résultat, avec le cabrilla d’hier et la pêche de ce matin, mon frigo est plein et j’ai de quoi bouffer du poisson pour deux jours !

Maintenant, quoi qu’il arrive, je sais que je peux être quasiment en autosuffisance alimentaire. Et ça, croyez-moi, c’est quelque chose qui est très important pour moi… Ça veut dire que je me rapproche du style de vie que je convoite. Ça veut dire que mon rêve devient un tout petit peu plus accessible…

La vie suit son court ici à Gran Tarajal. Tranquille, avec ces petites joies toutes simples. Aussi simples que de regarder les filles jouer sur la plage ou de trouver du poisson dans sa nasse.

Naïades des Canaries, une espèce difficile à attraper !