mercredi 29 septembre 2010

Tête de bois


Le vendredi et le samedi 17 et 18 septembre 2010
47°35'22.86"N 3° 1'32.71"W
De Port Joinville à la Trinité sur mer

Le lendemain matin nous nous réveillons donc au port de Port-Joinville sur l’île d’Yeu...
Atterrir sur une île est quelque chose de particulier. Ça a un côté, comment dirais-je, aventureux... L’ambiance y est particulière. Cela n’est pas réellement explicable, c’est dans l’air, dans l’attitude des habitants. Dans notre tête aussi : On regarde une carte et on se dit qu’on est là, un peu à part du monde. J’aime bien.

En plus, c’est sympa l’île d’Yeu. Très sympa même. C’est plein de petites maisons assez basses aux tuiles romaines. On sent que nous ne sommes plus en Bretagne... Il y a comme un air de sud qui nous entoure et la température est douce. Je profite pleinement de ma petite ballade matinale et comme d’habitude je goute chaque instant du lever du soleil. Sur le bord de mer de charmantes petites maisons de villégiatures se cachent derrière des haies... On y devine des jardins luxuriants pleins de plantes volubiles. Des vérandas accueillantes...

La veille au soir, alors que nous dînions, nous avons reçu la visite d’amis de Pauline qui nous ont gracieusement invités à venir assister à un spectacle pas banale... Il s’agit d’une démonstration d’utilisation des moyens de survie mis à la disposition du marin hauturier version marine marchande. A savoir l’ouverture d’un canot de sauvetage, ainsi que l’utilisation de la « combinaison sèche ».
Rendez-vous est pris et nous voilà donc sur le bord d’un ponton sur les coups de huit heures du mat. Comme vous pouvez le voir sur les photos, la joyeuse bande à l’air de bien s’amuser et tout ce passe sans souci. Je me doute bien, et eux aussi sans doute, qu’en situation réelle les choses ne doivent pas se passer aussi bien.
Du coup, j’ai décidé que pour parfaire ma formation je suivrais moi-même avant de partir une de ces formations à la sécurité... (Stage ISAF les 3 et 4 novembre 2010 à Marseille.)

Le reste de la matinée, Pauline nous a proposé de nous initier au maniement du sextant. Pour tout vous dire j’étais comme un gamin alors qu’elle nous faisait manipuler l’étrange instrument... Depuis que je suis môme, s’il est un objet qui symbolise à la fois le marin, le découvreur, l’aventurier et quelque part aussi le magicien, c’est bien un sextant...
C’est mystérieux pour qui ne le connait pas. On se dit que c’est pas pour nous un engin pareil. Et pourtant...
Au bout de quelques minutes les mystères s’éclaircissent mais restent pourtant teintés de respect. Le type qui a inventé ce truc-là, je peux vous dire qu’il en avait dans la caboche ! Avec un sextant, c’est bien simple on peu tout faire ! Il faut juste un peu de patience, de rigueur... Et aussi un gout prononcé pour la géométrie.
Bref, on essaye de définir les trucs de base, la collimation, les droites de hauteur, les arcs capables... C’est facile en fait ! Il suffit juste d’oser franchir le seuil du respect qu’inspire l’outil et on découvre alors toutes ses possibilités et sa relative facilité d’utilisation.

La matinée étant assez avancée nous reportons à plus tard l’exercice ultime, à savoir le calcul de la méridienne. C'est-à-dire la mesure de la hauteur du soleil à son zénith (midi en temps universel) afin de déterminer la longitude et la latitude. Manque de bol, jusqu’à la fin du voyage nous eûmes tout un tas d’empêchements (temps couvert ou autre chose à faire) et finalement je n’ai jamais eu l’occasion de faire ce fameux calcul... Tant pis, j’apprendrais tout seul. Note pour plus tard : S’acheter un sextant.

Nous quittons Port-Joinville en début d’après-midi, sans vraiment de destination précise. Juste un axe nord-ouest en fonction de ce qu’Eole voudra bien nous accorder. Car en Bretagne rien ne change vraiment et le vent continue de nous souffler dans le nez.
Vous connaissez maintenant le truc, vent dans nez, allure de près. Gîte et tutti quanti. C’est du sportif dirons-nous, sauf qu’à la longue le sportif ça lasse...

Vers 17h00, décision est prise de continuer pendant la nuit vers la baie de Quiberon. Ok, pas de problème, le Gwen est prêt. De toute façon ça ne peut pas être pire que la dernière fois, hein ?
Sauf que contrairement aux fois précédente je m’octroie un quart plus cool. Deux en fait, mais mieux répartis sur la nuit : 21h00-00h00 et 04h30-07h30.
Bref, j’ai droit à la fois à un coucher de soleil et à un lever !
La nuit se passe bien, la lune est haute et éclaire la mer comme en plein jour (enfin presque !). le ciel sans nuage nous dévoile la voie lactée dans sa merveillitude... C’est le pied.

Vers 06h00 du mat, nous abordons alors une phase, comment dire, délicate en terme de navigation. Vous vous souvenez que je vous avais parlé d’un endroit où il ne ferait pas forcément bon de naviguer de nuit ? Entre Belle-Île, Houat et Hoedic ? Et bien nous y étions.
Des cailloux partout, des feux à la pelle... Nous tirons des bords courts entre des écueils invisibles et d’autres que l’on devine aux liserés blancs que laisse la houle en les frappant. C’est casse-gueule au possible, mais je m’éclate !

Petite nave tranquille par la suite dans la baie magnifique de Quiberon, et c’est vers 14h30 que nous arrivons enfin à la Trinité sur mer.

Là, j’en prends plein la gueule. Putain le peuple ! Des bateaux à perte de vue ! Une vraie usine pour plaisanciers du dimanche ! En plus, comme nous sommes le weekend et qu’il fait beau, ils sont tous de sortie ces cons !
Moi, je vous le dis tout net, déjà de mettre les pieds dans la patrie à Le Pen ne m’enchantait pas plus que ça... Mais devant la démesure du port, l’anonymat obligatoire auquel une telle organisation vous confine forcément, j’ai ressenti comme un malaise.
C’est trop grand, y’a trop de monde... J’aime pas.

Cela-dit, pour la défense de la Trinité, il faut quand même que je vous avoue y avoir vécu un moment rare... J’explique.
En fin d’après midi nous avons effectué un petit bilan de mi-stage. Après avoir discuté entre nous de ce qui allait, de ce qui n’allait pas, si nos objectifs étaient tenus ou pas... Nous avons convenu que les seuls trucs qui pouvaient clocher étaient de l’ordre de la vie en communauté... Ben oui, pas facile de vivre à six dans cette boite de conserve si belle soit-elle à l’extérieur ! Nous remettons donc les pendules à l’heure et pour renforcer un peu notre cohésion je propose que nous allions tous au restaurant le soir même...
Nous cherchons donc une crêperie sympa (et moi mes bottes !) et nous nous retrouvons donc tous attablé devant nos galettes respectives... Je choisi la complète à l’andouille, avec œuf ET fromage, et pour finir je commande la spécialité du chef, la fameuse crêpe avec du caramel au beurre salé dessus...

Et là... Et là... Oh putain... Dès que j’ai eu mis la fourchette dans ma bouche je n’ai pas pu m’empêcher d’exprimer mon contentement : « Foutre-cul ! » me suis-je exclamé.
C’était divin. Réellement divin... C’est bien simple, ce soir là j’ai vu Dieu.
De ma vie entière je crois bien n’avoir jamais mangé quelque chose d’aussi bon. C’était... C’était... Oh bordel, que c’était bon !

En plus, devant mon ravissement le patron a eu la gentillesse de me donner la recette. Alors je vous la communique à mon tour.
- 300g de sucre.
- 300g de beurre (demi-sel of course).
-25cl de crème fraiche entière.

Vous faites fondre le sucre dans une casserole, vous incorporez le beurre une fois que la couleur vous plait et vous rajouter la crème fraiche... Point barre. A garder au chaud pour servir liquide.

Et puis pendant que j’y suis autant vous donner l’adresse si un jour vous allez par là, il s’agit de la Crêperie du Bourg, 16 rue des Frères Kermorvant 56470 La Trinité sur mer.
Voilà, ça, c’est fait.

Le dimanche 19 septembre
47°35'22.86"N 3° 1'32.71"W
La Trinité sur mer.

Le lendemain matin, aux aurores, je découvre avec étonnement que Pierre était debout avant moi... Insomnie me dit-il. Je prends mon café et pour passer le temps nous décidons de partir nous balader. Nous marchons, nous marchons, pour finalement aboutir au bout d’une presqu’île où est planté une magnifique petite maison en pierre. L’endroit est superbe et je m’éclate comme une bête en tentant de rendre le cliché parfait. Le soleil se lève. Les premiers pêcheurs à pied commencent à gratter la vase découverte par la marée basse... C’est tout simplement beau.

Le programme du jour, faire une petite liaison jusqu’au Croesti afin que Danielle puisse se faire enlever ses points de sutures et que nous puissions faire quelques courses... La baie est splendide et propice aux exercices en tous genres, alors autant y aller tranquillou, comme un dimanche.
Vers dix heures, à 09h50 exactement, et alors que je m’apprêtais à aller remplir nos bouteilles d’eau, ne voilà-t-y pas que je saute allègrement sur le ponton rendu bien glissant par la rosée matinale... Je glisse, tombe sur les fesses et bascule en arrière. Ma tête heurte alors la coque en bois de Sereine avec fracas. Aïe.
J’ai l’impression que ma tête vient d’exploser. Tout devient flou. J’ai envie de vomir. J’ai mal. Je me saisi le crâne et reste prostré. Je suis assis, je ne bouge plus. Tout n’est que douleur.
Au bout d’un temps que je ne saurais déterminer je retire ma main et constate qu’elle est pleine de sang. Ma nausée redouble.
Pascal se précipite et me force m’allonger. Il me tient la nuque droite, m’ordonne de ne plus bouger, de lui parler... Je ne sais plus trop où j’habite... Du coin de l’œil je vois Pierre appeler les secours. Je suis allonger sur le ponton, je tremble, j’ai froid. J’ai la gerbe.
On m’apporte un duvet pour me réchauffer. On me met un pansement compressif autour du crâne... Ça va mieux.
Les pompiers arrivent. Deux femmes et un homme. Ce dernier c’est trompé de ponton et il a oublié la civière le con ! Mais je ne vais pas en avoir besoin. Une jolie pompière me demande comment je m’appelle, c’est bon ça je sais... Mon adresse... Ca aussi... Il y a juste mon numéro de sécurité sociale dont j’ai un peu de mal à me souvenir... Putain, ça commence comment déjà... ?

Un type arrive avec une tête de pas-fini. Il tient une croix en bois dans ses mains et nous propose ses services, au cas où... Ne vous inquiétez pas qu’il dit, je suis là !
Mais putain, faites-le dégager ce con ! La situation vire au grotesque. Je retrouve le sourire et me propose de lui botter le cul moi-même si personne ne veut se dévouer.

Quelques minutes plus tard j’arrive à me lever. Prends ma canne et marche jusqu’au camion des pimpons. Pauline m’accompagne. Direction les urgences de l’hôpital de Vannes à 37 km de là...

Quatre heures plus tard je ressors des urgences avec un léger mal de tronche, cinq points de suture et une petite liste des symptômes à surveiller en cas de traumatisme crânien. Pauline l’affiche carrément dans le bateau et demande à tout le monde de garder un œil sur moi.

Du coup, je me retrouve sous surveillance pendant 48 heures avec interdiction de prendre la mer ! Mais bon, ce n’est pas trop grave pour le voyage en lui-même, puisque de toute façon il y a pétole et que l’on se serait fait chier alors...

Le soir, nous dînons d’un poulet aux champignons... Le poulet traine dans la glacière depuis quatre jours et dégage une odeur pas catholique... Le goût est lui aussi pas très catholique... Je me couche avec une envie de gerber qui m’inquiète un peu (et les autres aussi) : C’est le poulet ou c’est un symptôme d’hémorragie crânienne ?

Le lendemain matin je me réveille comme une fleur après avoir dormi neuf heures d’affilé. Tout va bien, le Gwen est solide et son crâne encore plus !



mardi 28 septembre 2010

L’épreuve

Les mercredi et jeudi 15 et 16 septembre 2010
46°43'38.78"N 2°20'41.58"W
Des sables d’Olonne à Port-Joinville

Le lendemain matin, l’anticyclone qui jusque là nous écrase de ses hectopascals menace de s’effondrer... Enfin, c’est ce que semble vouloir dire la météo. Un front froid s’approche, ce qui veut dire du vent (chouette !) et de la pluie (pas chouette !). Il vous en souvient sans doute (en tous cas j’espère), le mois dernier je me suis équipé de pied en cape pour affronter les rigueurs océaniques à l’exception notable des bottes...
Eut égard à la forme un peu bizarre de ma cheville droite, je m’étais dis qu’acheter des bottes via internet n’était pas prudent et que je profiterais d’être dans la patrie des marin pour compléter mon équipement. Aussi, profitant d’une matinée plutôt cool puisque consacrée à quelques exercices de manœuvres dans le port, je me suis mis en quête de ces fameuse Racer GTX avec une fermeture éclaire sur le côté...
Deux heures plus tard et cinq magasins après, je suis rentré bredouille sur le bateau. C’est bien simple, à chaque escale je les ai cherché ces bottes, et je ne les ai jamais trouvé ! Et je cherche encore pour tout vous dire !

Mais bon, je ferme là la parenthèse. Cela m’a permis de me balader un peu et de vérifier ce que j’avais déjà observé : Les Sables d’Olonne c’est très moche. Mais alors, moche de chez moche. Une architecture des années soixante-soixante-dix, sans cachet aucune. Le pire du pire comme j’ai l’habitude de le voir sur la Côte d’Azur.

Vers onze heures nous quittons le port en direction de la Rochelle, et je prends la barre pour le départ. Petite étape d’une quarantaine de milles sans grande particularité. Le petit temps nous permet d’envoyer le spi, et c’est sous cette allure que nous longeons l’Ile de Ré. Tranquille Emile.
En fin de journée, et alors que nous nous trouvons à quelques encablures du port de La rochelle, Pauline descend dans la « chambre de navigation » pour s’enquérir d’une place pour notre Sereine...
Quelques minutes plus tard la voilà qui remonte et nous annonce que c’est actuellement le Grand Pavois (Un énorme marché de l’occasion), et que le port est archiplein. Plus une place. Rien de rien, pas même un bout de quai où poser nos pénates !

Passé un moment de juste récrimination (ben oui, on aurait pu prévoir le truc quand-même ! Et puis un marché de l’occase ce n’était pas pour me déplaire à moi), nous posons alors clairement le problème. Deux options s’offrent à nous : Soit nous passons la nuit dans un mouillage plus ou moins agité, soit nous faisons carrément demi-tour et nous remontons vers le nord.
Après une courte réflexion, l’évidence s’impose. On est dans un stage de formation hauturière oui ou non ? Allez go ! On repart dans l’autre sens et on se prépare pour une deuxième navigation de nuit ! Hardi matelots !

Avant que de changer de cap, nous prolongeons notre route jusqu’au fond de la baie, histoire de faire un petit coucou au Fort Boyard... Et puis nous voilà reparti. La nuit tombe, les quarts s’organisent. Encore une fois je décide de me taper par pur masochisme la période la plus chiante. 01h30-4h30...

Je me couche vers 09h30. Je m’endors assez vite, mais je me réveille assez vite également. En effet, ce vent de Nord-Ouest qui nous avait accompagné toute la journée souffle toujours dans la même direction, ce qui fait que (vous le devinez bien) si nous l’avions dans le dos à l’aller, nous l’avons forcément dans le pif au retour... Logique.
Sereine est obligé de naviguer au près serré pour maintenir un cap correct. A la limite du décrochage et tout en essayant de garder un maximum de vitesse pour franchir la houle qui s’est levée dans la soirée. Bref, ça gîte pas mal. Les douze tonnes de la bête se révèlent être un handicape certain. Elle pioche comme on dit. C'est-à-dire qu’il suffit d’une vague un peu forte, mal orientée, d’une erreur de barre minuscule pour que le cotre se plante dans la vague, passant instantanément de 5 à 2 ou 3 nœuds... Bref Sereine n’aime pas le près, elle n’est pas taillée pour ça.
Et à l’intérieur, c’est l’enfer.

Une heure avant mon quart je ne dors déjà plus. Je rumine en tournant dans tous les sens. Maudissant ce foutu architecte même pas capable de construire un intérieur digne de ce nom... En fait, je passe ma dernière heure de repos à fulminer intérieurement, et c’est donc passablement énervé que je me lève pour prendre mon quart.

Je vous fais grâce des difficultés inhérentes à l’enfilement d’un ciré complet alors que le bateau accuse une gîte de 45°... En plus comme je vous l’ai dis, ce bateau est si mal foutu à l’intérieur que je perds l’équilibre je ne sais combien de fois et me cogne de partout. Je pense que vous imaginez assez bien le tableau.

Jean-Louis est là, à la navigation. Il m’annonce que le vent a forci (non, sans blague !) et légèrement tourné ce qui fait que nous sommes obligé de faire du près serré (je l’avais pas deviné !). Il me parle de ris qu’il faudrait peut-être prendre...
Je monte sur le pont et m’installe comme je peux pour fumer ma clope spéciale réveil de mauvaise humeur. Celle qu’il ne faut absolument pas foirer sous peine de me faire monter dans les tours. Pascal est à la barre et commence à me parler de rapport vitesse-cap... Le temps est couvert. Pas de lune, pas d’étoiles. Il fait noir. J’ai froid. Le vent vitesse me souffle dans les oreilles...
Pascal me parle et je ne comprends rien à ce qu’il me raconte. Je ne pense qu’à une chose, je ne vois qu’une chose, ce sont les flots noirs qui bouillonnent deux mètres plus bas. Je ne veux qu’une chose, c’est que ce foutu rafiot arrête de pencher autant, c’est tout. Je reste hermétique aux conseils qu’il me donne. Limite, le ton calme et légèrement enthousiaste qu’il utilise à tendance à m’énerver encore plus.


Je m’installe et prends la barre. Ca va pas. On gîte trop, c’est pas normal. J’essaye de suivre le cap que l’on m’a indiqué mais je n’y arrive pas. Cette salope de Sereine menace de partir au tas constamment et je dois lutter avec toute la force de mes bras pour la maitriser...
Pour moi, en cet instant, c’est clair qu’on a trop de puissance, trop de voiles. Il faut prendre un ris, deux même ! Je gueule ma demande. Dans le carré, les autres s’interrogent à voix basse. Je les vois qui discutent alors que moi je lutte comme un forcené...
Ils se décident enfin à réveiller Pauline.

En un éclair elle comprend ce qui se passe alors que moi je n’en n’ai pas encore conscience. Elle peut le lire sur mon visage : J’ai peur. Je suis pété de trouille. C’est tout.

Elle s’assied alors à côté de moi et s’emploie à me rassurer. Elle pose sa main à côté des miennes et me guide. Elle me parle gentiment, m’explique qu’il ne sert à rien de lutter avec Sereine, qu’il faut la laisser faire... Il faut l’accompagner, la laisser s’exprimer... Elle sait ce qu’elle fait la Sereine, lofe d’elle-même... Il faut juste la contrôler de temps en temps...
Peu à peu mes muscles se détendent, ma respiration se fait plus longue. Je me calme.
Pauline me propose de m’accompagner tout au long de l’heure qu’il me reste à barrer, mais ce n’est plus la peine... Tout va bien maintenant, je n’ai plus peur. Je barre Sereine sans même réfléchir à ce que je fais. Je me laisse guider par elle. Elle prend de la vitesse, et je sens son étrave fendre la houle... Comme un couteau dans du beurre. Je suis en harmonie avec elle... C’est magique. Merci Pauline.

A mi-quart, je laisse la barre à Danielle. Mais alors que je commence à faire un point sur la carte, voilà qu’un mal de mer des familles vient à me saisir tout entier.
J’ai des frissons, je sens mes intestins qui se liquéfient, je sue comme un porc, mon estomac se révulse... Bref, j’suis mal.

Permettez-moi d’ouvrir ici une parenthèse et de vous dire quelques mots sur le mal de mer... Cette saloperie touche tout le monde. Même le grand Tabarly en était parfois atteint. Et on peut dire que le mal de mer obéit à ce que l’on appelle la règle des cinq F.
Cinq facteurs peuvent le provoquer : Le Froid, la Faim, la Fatigue, la Fête et enfin la Frousse.
En ce qui me concerne, à part la Fête, on peut dire que j’avais carton plein !

Aussi, dans ces conditions rien ne sert d’insister. Je suis remonté sur le pont, me suis calé le plus confortablement possible, le regard rivé sur les lumières de la côte et j’ai attendu que ça passe. A quatre heures et demi, crevé aussi bien physiquement que psychologiquement je me suis écroulé sur ma bannette pour y dormir comme une souche.

Putain de nuit...

Le lendemain, pétole pure. La nuit agitée a laissé place à une mer d’huile sans un pet de vent. Nous avons navigué au moteur quasiment toute la journée pour arriver le soir à Port-Joinville sur l’Île d’Yeu...

dimanche 26 septembre 2010

Première nuit


Le lundi et mardi 13 et 14 septembre 2010
46°30'3.05"N  1°47'39.67"W
De Lorient-Kernével aux Sables d’Olonne 

As usual, j’arpente les pontons alors qu’il fait encore nuit. La rosée trempe tout, les bateaux luisent sous les réverbères. Il fait bon. La marina de Kernével est complètement excentrée, aussi mes pas ne m’emmènent pas bien loin. Je tournevire en attendant que les autres se lèvent... J’arrive à choper un lever de soleil splendide. La journée s’annonce belle et s’est tant mieux parce que nous avons de la route à faire. Deux jours et une nuit de nave, c’est ce qui nous attend pour rallier les Sables d’Olonne. Une centaine de milles, tranquille Emile.

Dans la journée nous passons la presqu’ile de Quiberon, et nous nous glissons entre Belle Île et les îles d’Houat et Hoedic. Un coin dangereux plein de cailloux qui affleurent plus ou moins selon la hauteur des eaux. Sur le coup je me dis que je n’aimerais pas y naviguer de nuit... Et je ne me doutais pas qu’au retour ce serait effectivement le cas !

Le vent est faible mais souffle dans la bonne direction, ce qui nous permet de lancer le spi de 120 m². Sereine aime bien ça et on le sent quand on est à la barre. Elle file ses six nœuds en frétillant comme une jouvencelle. Sa carène est faite pour le portant (le vent dans le dos) et elle ne s’exprime vraiment que sous cette allure.

La journée se passe tranquillement et vers 19h45 je lance la cuisine. Au menu de ce soir mon fameux poulet au curry qui fera, je le sais, des merveilles. Idéal pour se donner des forces avant que d’entamer une nuit entière de navigation.

Pauline organise les quarts. Elle me demande si j’ai une préférence mais je lui réponds de me laisser ce qui restera une fois que tout le monde aura choisi... Ne croyez pas qu’il s’agit là d’une preuve (s’il en fallait !) de ma gentillesse naturelle. Non, c’est que dans ma petite tête d’aventurier, je me dis que lorsque je serais à bord de la Boiteuse je n’aurais pas vraiment le choix... Aussi, autant m’habituer assez vite à endurer ce qu’il y a de plus chiant.
Ce sera donc de minuit à trois heures du mat, puis de sept heures trente à dix à dix heures trente. Trois heures de quart à chaque fois partagées équitablement entre la barre et la navigation.

J’arrive à dormir un petit peu avant que de prendre mon premier quart. La nuit est belle, magnifique même. Les étoiles brillent sans crainte d’être concurrencées par la lumière parasite des villes... Le large quoi ! L’heure et demi de barre passe comme dans un rêve et je suis surpris de la voir passer aussi vite.
Pour ma première nuit, j’étrenne ma tenue hauturière toute neuve. J’ai bien chaud et j’ai l’impression d’être dans du cocon. Je suis tellement bien que j’ai un peu de mal à lâcher la barre... (Rend le bâton Gwen !)
La nave aussi est cool puisqu’elle consiste seulement à surveiller si un autre bateau ne vient pas (par vice forcément) à croiser malencontreusement notre route. Quelques cargos croisent au loin, sans doute sortant de Saint Nazaire... Une petite lumière sur notre tribord nous intrigue un peu car elle suit presque le même cap que nous et quasiment à la même vitesse. Avec Pascal nous devons fouiller notre mémoire pour identifier ce feu un peu bizarre... Une lumière jaune clignotante sur un feu rouge... mais qu’est-ce que ça peut bien être bordel !
Mon coéquipier me dit alors : « mais c’est un sous-marin ! ».
Mais oui, c’est bien ça. Un sous-marin en surface qui fait du trois nœuds. Bizarre. Il nous suivra jusqu’à ce que l’arrivée du jour ne nous le fasse perdre de vue...

A la fin de la nuit, alors que je roupille du sommeil du juste, la pétole nous cloue sur place et nous oblige à allumer le moteur. Je ne l’entends même pas tellement j’écrase. Et pourtant il est là, à de cinquante centimètre de moi !

Mon deuxième quart se passe royalement. Limite, je m’emmerde... Aussi pour passer le temps je m’amuse à lover les écoutes en forme de galettes (obsédé moi ?)... J’improvise un pilote automatique façon MacGyver avec deux boutes qui trainent. J’avais lu quelque part que c’est ainsi qu’il fallait procéder, et effectivement cela fonctionne. Pas trop longtemps mais suffisamment pour aller se faire un café par exemple, ou encore aller à l’avant pour hisser une voile ou régler un bidule.

J’enquille dans la foulée avec un petit dodo express, et alors que je sommeillais sur ma bannette j’entends soudain une voix sur le pont :
« Des dauphins ! »
 Putain ! Vite ! Je suis en calbute, et le temps de m’habiller puis de revêtir ma brassière (Ndt : mon gilet de sauvetage), j’entends mes compagnons qui s’extasient : « Oh, qu’ils sont gros ! ». Grrr !!! Putain de brassière à la mord moi le... Ça s’accroche comment déjà ce bordel ?!
Merde, il est où mon appareil photo ? Ah, le voilà ! Je grimpe sur le pont comme un dératé, l’appareil en main. Ils sont où ?
Et c’est là que je les vois... Une petite famille de grand dauphin (Tursiops truncatus) à ce qu’il me semble avec ce qui doit être la mère. Enorme, presque trois mètres de long ! Les petits, des bestioles de plus d’un mètre cinquante quand même, batifolent sur notre tribord et font des cabrioles... c’est magnifique ! Tellement beau que pendant un moment j’en oublie de prendre des photos !
Lorsque je reprends mes esprits il est déjà trop tard. La petite famille reprend sa route à l’opposé de la notre. J’ai juste le temps de prendre trois clichés avec le zoom... Merde, merde merde !!!
Je me promets que dorénavant mon appareil restera dans la descente, près à servir. Et que la prochaine fois j’enclencherai tout de suite la vidéo plutôt que de chercher à cadrer coûte que coûte. Hélas, ce fut la seule fois que nous en vîmes... Pas de bol.

En fin de journée nous atteignons les Sables d’Olonne. En pénétrant dans le chenal je reconnais les lieux pour les avoir vu de nombreuses fois à la télé... C’est d’ici que partent et arrivent les concurrents du Vendée Globe. Je me remémore ces valeureux marins qui sont passés par là... Des feux brulants aux mains et salués par des milliers de personnes agglutinés sur les quais... Pour l’heure personne ne fait vraiment attention à nous, aussi je m’empresse de faire de grands gestes pour solliciter leur attention. Quelques-uns me répondent, hilares.
Moi c’est bien simple, je suis heureux.

Embarquement


Cinq heure et demi... J’ouvre un œil. Il y a un truc qui cloche.
Mon cerveau embrumé essaye de trouver exactement ce qui n’est pas à sa place... Ma bannette est trop grande, il n’y a pas de bruit... Soudain je réalise que je ne suis plus à bord de Sereine mais bel et bien au fond de mon lit.
Je suis rentré, et bordel que ça fait du bien. Bizarre mais du bien quand même. Je me lève et essaye de reprendre mes petites habitudes matinales... Je peine à faire fonctionner cette bon dieu de cafetière. Je me mélange les pinceaux, fout du café plein la paillasse de la cuisine... Tant pis, je nettoierais plus tard...
Pour l’heure il est temps pour moi de me mettre au travail et de commencer à vous raconter ces quinze derniers jours.
Allez, au boulot...

Le samedi 11 septembre 2010
Le ponton lourd du port de Concarneau
47°52'11.36"N 3°54'48.45"W

Le taxi longe le quai du port de Concarneau. C’est beau Concarneau, vraiment très beau. J’écarquille les yeux et j’observe avec intérêt toutes ces choses nouvelles pour moi. Enfin, quand je dis nouvelles, ce n’est pas tout à fait exact puisqu’il paraît que je suis déjà venu ici pendant mon enfance... Je devais avoir six ou sept ans. Mais comme je n’en n’ai aucun souvenir, tout ce que mon regard accroche me semble nouveau et quasi exotique.
La forme des maisons, les toitures en ardoises, la ville close, le port... Ah, le port ! Tout de suite je me rends compte que la mer est basse. Je ne sais pas si elle est en train de descendre ou de monter, mais des rochers affleurent, des barques se vautrent dans la vase... Des écheveaux d’algues s’étalent sur le fond, on dirait des chevelures de sirènes. L’odeur est forte, presque agressive pour mes narines de néophyte océanique.
Je suis heureux de commencer par cette vision car c’est pour ça que je suis venu : Me confronter avec le cycle des marées et tenter d’en comprendre le fonctionnement.

Au bout d’un quai flottant je crois deviner... Oui, c’est elle. Je vois de loin le bateau qui sera ma maison qui bouge pendant les quinze jours à venir. Je vois Sereine et sa coque bleue.

Le taxi me dépose devant le centre des Glénans, il est onze du mat et je suis en avance. Le temps de me présenter, de déposer mes affaires, et je vais faire quelques pas le long du quai en quête d’un rade pour déjeuner. Allez, soyons fou, je décide de me taper ma première galette de blé noir. Elle ne casse pas des briques, mais elle sera la première d’une longue série...

Vers quinze heures, l’équipage est au complet. Dans le désordre et sans prééminence aucune il y a Jean-Louis, la soixantaine et déjà pas mal de navigations derrière lui. Danielle, citoyenne belge (et oui encore une !) qui navigue elle aussi depuis de nombreuses années. Pascal, Franc-Comtois et moniteur au Glénans... Pierre, moniteur en voile légère aux Glénans lui aussi et Lorientais. Et enfin notre monitrice, Pauline, jeune femme de vingt-quatre ans, dotée d’un sourire à vous éblouir les mirettes.
Six personnes en tout avec ma pomme, qui pour l’heure se sent un peu, comment dire, un poil en décalage face à autant d’expériences. Mais bon, je suis là pour apprendre, et autant de vécus divers et variés ne peuvent que m’être profitable.

Nous prenons la direction du ponton pour charger nos affaires à bord, mais avant que de grimper sur le pont nous marquons tous un temps d’arrêt pour l’admirer. C’est vrai qu’elle est belle la bougresse. J’adore particulièrement son étrave... On dirait celle d’un canoë d’indien ! Elle est massive, bien posée sur l’eau. On sent qu’elle est capable d’en prendre plein la gueule et de s’en sortir sans une égratignure. Coque en acajou, pont en iroko, mat en épicéa, poulie en je-ne-sais-pas-quoi... Une vraie mamie des flots comme on n’en fait plus. Sur le pont, j’essaye de deviner à quoi peuvent bien servir tous ces cordages que je n’arrive même pas à identifier... Le pied de mat ressemble à un imbroglio de drisses en tous genres. Une vraie pelote qu’un chat se serait amusé à ranger selon son bon plaisir ! De-ci-delà quelques pièces dont j’ignore complètement l’usage... Cela n’a vraiment rien à voir avec les voiliers sur lesquels j’ai l’habitude de naviguer.

Nous transportons nos sacs à l’intérieur, et là... je suis complètement déstabilisé par l’agencement intérieur. Comment vous dire... On dirait que le type qui a aménagé ce bateau est (ou était) le produit incestueux entre un chiropracteur sous extasies et une fabricante de cercueils lilliputienne. « Spacieux et confortable » qu’ils disent dans la brochure ! Pour des nains, à la rigueur je veux bien, mais certainement pas pour un adulte modérément développé comme moi !
J’avise les lits, pardon les bannettes, et je décide illico qu’il est hors de question que je dorme dans des boites pareilles. La longueur ça va, mais avec à peine dix centimètre de chaque côté du corps, impossible de plier les genoux ! Moi qui est pour habitude de tourner-virer pendant mon sommeil, je suis pris d’une crise de panique rien qu’en m’imaginant me glisser à l’intérieur de ces trucs. J’énonce tout haut ma répulsion, et je réquisitionne d’office une des deux couchettes arrière. Personne ne proteste, tant mieux. Celle-ci est à peine plus grande et se situe au pied de la descente, en plein dans le passage, mais au moins avec elle je ne risque pas de hurler dans mon sommeil.
Pas d’évier, une glacière assez grande pour un pique-nique pour deux, pas de prises 220 V pour recharger le portable... Tout est rustique en diable, à l’ancienne quoi !

Dans la série désillusion, j’apprends assez vite que nous n’irons pas aux Iles Scilly. C’est de ma faute, enfin je crois... Lorsque je me suis enquis de ce voyage, j’avais tellement envie de lire que Sereine m’emmènerait par delà les flots jusqu’aux iles lointaines, que dans ma fougue j’y ai effectivement lu ce que je voulais y lire... Alors qu’en fait j’aurais du comprendre que le terrain de jeu de la belle pouvait effectivement aller jusqu’aux iles Scilly, mais également dans l’autre sens jusqu’à la Rochelle ! Et c’est là que nous allons.

Remarquez, cela n’est pas vraiment pour me déplaire puisque le fait de descendre plus au sud me fera certainement rencontrer des températures un poil plus clémentes que celles qui m’ont accueillies lorsque je suis arrivé ! Dix degrés de moins qu’à mon départ de Nice, la transition a été un peu violente à mon goût, et le port de la polaire devient vite obligatoire. Pendant l’après midi, un ban de brouillard accompagné de crachin vient même perturber le briefing avant que de disparaitre assez vite... C’est ça la Bretagne, la météo est « variable ».

Le reste de l’après-midi fut consacré à l’avitaillement et à l’inventaire. Nous dinons assez tôt et ne tardons pas à nous coucher... La journée à été rude et demain nous devons prendre la route. Euh... La mer plutôt. Bref, on se casse.

Le dimanche 12 septembre 2010
47°43'13.30"N 3°22'1.88"W
De Concarneau à Lorient-Kernével
Levé 05H20... Café, clope. Je prends mes marques et mes petites habitudes matinales. En attendant que les autres se lèvent je m’offre une petite balade dans Concarneau endormie à la recherche d’une boulangerie. Je m’en rendrais assez vite compte mais le breton se couche tôt et se lève tard. A huit heures du soir les rues sont désertes, après neuf heures et demi les restaus refusent de vous servir et virent leurs derniers clients sur les coups de dix heures et demi, onze heures grand max... Et pas un chien n’ose aboyer avant sept heures du mat ! Et les boulangeries de Concarneau n’ouvrent pas avant sept heures et quart !

Bref, pendant un moment je ne croise personne et me promène dans les rues sombres. Seul le bruit de ma canne résonne sur les pavés. C’est calme, tranquille... Certains diraient mortel, mais moi j’apprécie. Alors que je rejoins le bord chargé de mes offrandes, j’assiste à mon premier levé de soleil Breton. C’est magnifique. Les lumières de cette région sont... fantastiques. Je comprends mieux maintenant pourquoi tant de peintre s’en sont inspiré. D’ailleurs si je ne m’abuse Pont-Aven n’est pas si loin.

Le temps de petit-déjeuner, nous larguons les amarres sur les coups de dix heures contents de prendre enfin la mer. Pointe avant, pointe arrière, garde descendante... chacun à son poste. Moteur en avant lente... Je suis à l’arrière et je largue ma pointe lorsque j’entends gueuler à l’avant. STOP !
Je n’ai rien vu, et pas tout compris non-plus, mais Danielle s’est ouvert la main droite en tentant d’aider une des aussières à glisser dans le chaumard (Ndt : Le trou par lequel passe la grosse corde qui relie le bateau au quai). Le coup classique, la main se coince et les douze tonnes d’inertie de Sereine font le reste...
Ça pisse le sang, et Danielle est bien pâle et pas mal secouée. Elle s’allonge à demi sur le pont le temps que nous ramenions le bateau à quai. Aussitôt fait, Pauline la conduit aux Urgences. Tout le monde à bord est inquiet et se demande si ce n’est pas trop grave... Et surtout quelles conséquences aura cette blessure sur la suite de la croisière de Danielle. Le sillon palmaire semble avoir été fendu sur une bonne longueur... et en dessous il y a quelques tendons assez utiles.
Quelques heures plus tard elles reviennent et nous rassurent. C’est moche, mais pas si grave. Le sillon palmaire fendu a été recousu avec sept points de sutures (notez bien, sept !), les tendons sont intacts et le majeur écrasé n’est pas cassé. Danielle crâne un peu et si dit prête à partir malgré tout... Pourtant, je devine que ça doit lui faire un mal de chien.
Moi qui suis un peu connaisseur de la chose, je peux vous dire que cette femme sait encaisser. Pendant les quinze jours de mer elle a fait sa part comme tout le monde sans émettre le moindre gémissement.
Je ne le lui ai pas dit mais j’en profite ici : Bravo Danielle. Tu m’as impressionné sur ce coup-là. Les autres aussi d’ailleurs.

13H45, on repart pour de bon cette fois. Direction le sud. Nous longeons les côtes et franchement, je peux vous le dire, ça a de la gueule la Bretagne ! C’est pas bétonné comme par chez moi. Les maisons en bord de mer sont charmantes et on devine qu’il y fait chaud... Portant à l’extérieur la température reste clémente. Enfin, c’est relatif puisque la polaire est indispensable ! En fin de journée j’y rajouterai même un blouson (argh !).

Un Noroit léger nous pousse tranquillement le long des rias et des abers. Nous nous glissons entre l’ile de Groix et la côte avant que d’apercevoir la citadelle de Port-Louis. Lorient est là, en face. Nous remontons le chenal sous le soleil couchant pour nous amarré au port de Kernével. C’est superbe.

Une première journée de navigation bien mal commencée mais qui se termine de belle manière. Avec au menu devinez quoi ? Des galettes bien sûr !

vendredi 10 septembre 2010

Veille de départ


43°42'7.74"N 7°14'13.69"E
Nice, chez moi.

Deux choses que je voulais aborder avec vous avant que de m’embarquer…

La première, moins futile qu’il n’y peut paraitre au premier coup d’œil, est que pour l’heure je suis en train de taper ces mots avec un tout nouveau PC portable. Un petit EeePC de chez HP dont j’ai fait l’acquisition hier. Ca n’a l’air de rien dit comme ça, mais il s’agit là d’une étape supplémentaire dans l’avancement de mon projet…

En effet, si j’ai le projet de pouvoir vous raconter par le menu les aventures du Gwen, il me faut pour cela disposer de la possibilité d’écrire et d’envoyer mes textes avec une certaine autonomie… Et pour cela l’achat d’un Pc portable était donc quelque chose d’inévitable.
Et dans ma petite tête d’enfant pressé, je voulais absolument pouvoir disposer de cette technologie pour vous raconter mon voyage aux Iles Scilly.

Alors j’ai tout ce qu’il faut. Le wifi qui va bien, deux gigas de mémoires et quatre à cinq heures de batterie devant moi pour vous pondre mes petits mots. Je vais devoir me faire à ce clavier réduit et à cette souri tactile de merde, et je vais essayer de poster mon article à partir d’une borne lorsque j’irais me balader en centre-ville tout à l’heure… Ce sera donc un test grandeur nature, et si celui-ci est probant, cela me permettra de ne plus vous laisser dans l’ignorance trop longtemps, comme j’ai pu le faire lors de mon voyage à Barcelone.

Donc, nouvelle technologie et mobilité accrue sont les atouts qui m’accompagneront dans ma virée sur l’océan… Et c’est là que je transitionne habilement vers le second sujet que je voulais aborder aujourd’hui, à savoir l’espèce de putain d’angoisse qui m’étreint le cœur à moins de vingt quatre heures de mon départ…

Enfin, angoisse n’est peut-être pas le mot juste… Stress, excitation, le tout mélangé à une petite peur des famille, voilà plutôt la description des sentiments qui sont les miens aujourd’hui.
Bon d’accord, l’excitation c’est un peu normal… Car même si je ne vais « qu’en » Bretagne, j’ai réalisé en fait que ce voyage sera pour moi beaucoup plus dépaysant que lorsque je me suis rendu en Espagne.
Pensez-donc, moi j’ai quitté la Loire Atlantique alors que je n’avais que sept ans, et je n‘y ai jamais remis les pieds… Autant dire que pour moi, la Bretagne c’est carrément un pays étranger, voire même encore plus étrange que peuvent l’être les contrées latines qui m’entourent.
Donc, ça va être un choc à la fois culturel, mais aussi climatique.
Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais putain y caille là-haut ! J’ai regardé la météo ce matin avec les images des grandes marées, c’est carrément l’enfer. Des températures à faire tomber un kiki et des vagues qu’on dirait des murs en bétons ! D’imaginer ce que je vais me prendre dans la gueule me procure à la fois une trouille bleue, mais également une espèce de plaisir pervers… Quelque chose d’ambigüe, un peu comme lorsque je suis monté pour la première fois sur le Space Montain… Bref, c’est assez plaisant comme sentiment.

Voilà, je vais m’arrêter là pour aujourd’hui. Je ne sais quand je pourrais de nouveau me connecter, ni dans quelles conditions, mais je vous promets de faire au mieux…

La seule chose qui est sûre, c’est que j’aurais plein de choses à vous raconter !

mercredi 8 septembre 2010

Contretemps (résolus !)

(Écrit le Mardi 7 septembre 2010)
Bon, grande journée de mobilisation aujourd’hui sauf pour moi... Enfin si, je vais me mobiliser mais pas dans le sens de la collectivité puisque je vais me prendre par la main et me rendre au cyber café le plus proche, histoire de vous faire parvenir quelques nouvelles de mon exil informatique... En effet ma connexion internet est HS depuis vendredi soir, problème de serveur DNS d’après ce que j’ai compris, donc je suis pour l’instant aveugle et presque muet.

Encore un de ces aspects pétillants qui parsème la vie du Gwen, un de ces rebondissements qui font que ma vie pour compliquée qu’elle soit n’en reste pas moins amusante et finalement acceptable.

Il vous en souvient sans doute, aux dernières nouvelles je me suis retrouvé tel le sans papier moyen à cause de l’indélicatesse d’un détrousseur de bas étage...

Dès le lundi suivant, comme prévu, je me suis précipité à la mairie pour faire une demande « en urgence » de renouvellement de Carte d’Identité... Arrivé là-bas, je tombe sur une fonctionnaire accorte qui m’annonce tout de go que les demandes « en urgence », cela n’existe pas. Et elle ajoute que les seules demande « en urgence » qui puissent exister concernent les passeports et ce uniquement en cas de décès. D’un tiers s’entend... Parce le décès du titulaire résoudrait singulièrement le problème n’est-ce pas ?
Donc, pour une CNI c’est trois semaines minimum, point barre.

Sur le coup j’ai dû un peu changé de couleur puisque la dame m’a gentiment proposé de m’assoir... Dans ma tête tout ce bousculait. J’imaginais devoir dépenser quelques centaines d’euros supplémentaires pour prendre un billet de train et me taper quelques dix-huit heures de voyages... Car les billets d’avion pas chers ont cela de particulier qu’ils sont non-échangeables et non-remboursables. Bref, le cauchemar. Tout ce fric foutu en l’air, moi ça me mine.

Bref, après quelques minutes à essayer de trouver une solution, nous nous sommes rendu compte qu’il était peut-être plus efficace de faire carrément une demande de passeport. Mon dossier étant prêt depuis quelques semaines, il ne me restait plus qu’à le déposer et espérer qu’il soit traité dans les huit jours. Sauf que pour entériner un dépôt de dossier de passeport... Il faut pouvoir prouver son identité ! Et avec quoi je vous le demande ? Une Carte d’Identité !

Grrrr !!! On n’en sortait pas. Heureusement devant mon désarroi et la situation kafkaïenne et urgente dans laquelle je me trouvais, la dame que j’ai déjà décris comme accorte a fermé les yeux sur mon absence de titre et s’est contenté de la photocopie que j’avais.

Et hier, une semaine jour pour jour après le dépôt de mon dossier, un joli sms m’indiquait que mon passeport tout neuf m’attendais à la mairie ! Une semaine vous vous rendez compte ? Si c’est pas de l’efficacité ça !

Bref, je suis rassuré car je ne me voyais vraiment pas me taper le voyage en train...

Comme vous pouvez le constater chers lecteurs, je continue à cumuler les emmerdes et les contretemps en tous genres. Mais bon, puisqu’apparemment les choses se décantent toujours d’elles-mêmes (jusqu’à présent en tous cas) je prends désormais les choses avec philosophie. On va dire que la merde glisse sur mon corps d’albâtre et tombe à mes pieds... Et une fois qu’elle est là gisante en flaque, je l’enjambe avec élégance.

Sinon mardi dernier je me suis rendu à Cannes pour visiter mon premier bateau... Qui, le temps que je prenne une décision c’est trouvé vendu ! Là encore, rien de catastrophique non-plus puisqu’il ne correspondait pas vraiment à ce que je recherchais. Mais bon, je ne suis qu’au début de ma recherche et j’imagine que d’autres surprises du genre se présenteront à moins avant que je n’acquière mon logis-qui-bouge-tout-seul.
Il y a notamment un Westerly qui n’attend que ma visite dans les environs de Nantes... Mais là je ne sais pas trop comment je vais m’y prendre pour aller y jeter un œil. Je vais voir s’il m’est possible de décaler un de mes billets d’avion... Mais ça risque d’être compliqué car ce sont des billets low costs.

Dans la série des nouvelles, j’ai reçu par la poste mon permis mer. Sinon, quoi d’autre ? Euh... Non, je crois qu’on a fait le tour... Pas de bus aujourd’hui, donc ça va être compliqué pour moi de me rendre à la manif. Je vais juste me transporter jusqu’à l’annexe de la mairie pour aller chercher mon passeport, m’arrêter au cyber café pour vous envoyer tout ça... et peut-être passer à la banque pour voir où en est mas nouvelle carte bleue... Je n’ai pas de nouvelles jusqu’à ce jour, et ça commence à m’inquièter.

Je ne sais pas si internet sera revenu d’ici à mon départ (samedi matin aux aurores), mais pendant mon voyage j’essaierais d’être un peu plus assidu que je ne l’ai été lors de ma balade à Barcelone... Je dis bien que j’essaierais !

Au pire de toute façon, et bien vous attendrez mon retour pour que je vous raconte tout ça !

Allez, à la prochaine !